Chapitre 7

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« Je suis dans une salle de classe vert pomme, l'odeur de craie m'agresse les voies respiratoires. Saloperie de chaise inconfortable, le créateur de cette torture est un sadique. Obliger un enfant de rester assis des heures sur du plastique dur et bosselé c'est tout simplement un crime.

Des visages vont et viennent, je les connais, mais je ne sais pas qui ils sont. Je suis perdu. Pourquoi je suis là ?

Je suis propulsé dans une cuisine au goût douteux. Mur beige, tapissé de fleur rose, criard. Ah non ! C'est pas vrai. Qu'est-ce que je fais ici ?

— Tu as besoin de te trouver un job. Tu es toujours enfermé ici et tu dois apprendre la vie.

Elle a trouvé une annonce dans le communiqué de l'église, quelqu'un demandait un professeur particulier !

— Tu le fais déjà gratuitement à l'école, c'est dans tes cordes alors !

— Je le fais uniquement pour bien me faire voir, pas par plaisir ni par altruisme !

— Où tu as vu que c'était matière à discussions ? La dame paie bien, alors tu vas te bouger le cul ! Point Barre !

— Si tu as tant besoin d'argent tu as qu'à y aller toi !

Elle se lève de la chaise en bois et se dirige vers moi en tapant du pied. On dirait un taureau en colère. Face à moi, elle passe sa main derrière ma tête et tire mes cheveux. Elle force pour faire ployer ma colonne vertébrale dans le mauvais sens. Son visage est beaucoup trop près du mien. Son haleine de bière s'infiltre dans mes narines. J'ai la nausée.

— Écoute-moi bien, espèce de merde ! Tu vas bouger ton gros cul flasque et aider ton prochain c'est clair ? Le petit a besoin d'un tuteur et tu te targues d'être le meilleur. Prouve-le.

Elle m'a lâché, je peux reprendre une position normale. Et elle se dirige vers son sac à main toujours en claquant ses pieds bien trop fort sur ce pauvre plancher qui n'a rien demandé. Elle ne sait pas communiquer autrement qu'en hurlant.

— Allez, ils nous attendent ! Monte dans l'auto.

J'ai suivi. Qu'est-ce qui m'a pris ? Je ne sais pas. Au niveau de la voiture, j'arrête. Je ne vais pas me plier à sa volonté ! Je ne suis pas sa chose, bordel ! Elle m'agrippe le bras et me balance contre le pick-up. Mon dos hurle de douleur et ses ongles griffent ma peau.

— Tu me défies encore ? Tu montes et tu obéis ! Tu veux une logique à ma décision ? C'est bon pour ton dossier et pour le portefeuille. Et en plus,

je ne te donne pas le choix. Tu n'es pas un adulte ! C'est moi qui décide ce que tu vas faire de ta peau tant et aussi longtemps que tu vivras sous mon toit !

Je vais devoir avertir l'école que je vais être dans l'obligation de me retirer de l'aide au devoir. Je ne peux pas être partout ! Mon estomac est serré, je déteste ne pas avoir le choix. Je ne suis maître de rien.

Une salle à manger blanche avec un beau mobilier en bois noir et des coussins turquoise. C'est propre et ça sent bon. Je me sens bien ici.

Je connais cette femme, elle a un jeune avec elle. J'étais sûr qu'elle n'avait aucun enfant. Toutes les fois où j'ai croisé cette dame à l'église, elle était seule... Elle n'a jamais été mariée, il me semble...

Ah oui, c'est vrai, ce n'est pas son fils, c'est son neveu. Il a été placé chez elle parce que ses parents étaient des salauds. Il ne sait pas la chance qu'il a. Sa tante est une femme bien. Douce, gentille, souriante. J'espère qu'elle est comme ça dans le privé aussi !

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant