Chapitre 18

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La balade en voiture a été longue et chiante, Sam est fâché et il ne parle pas. Il garde les yeux sur la route, même si j'essaie de trifouiller la radio, alors qu'il déteste que quiconque touche à sa précieuse caisse. J'essaie de le sortir de son mutisme, c'est tellement pesant ! Il n'est pas normal. Il est censé crier ou m'insulter. Qu'il m'ignore me fait mal.

Je comprends qu'il a passé la nuit à me surveiller et qu'il a dormi par moment dans cette affreuse chaise. Mais bordel, est-ce que jouer les taxis muets est vraiment la solution pour me torturer ? Déjà, j'ai mal partout, en plus il ne me donne pas le choix sur notre destination. Il a décidé que j'allais à mon rendez-vous chez le psy, sans même m'être consulté.

On peut dire que la journée commence bien mal...

Kary a téléphoné juste avant qu'on parte de l'hôpital, et quand j'ai voulu lui parler, Sam m'a fait un signe de tête négatif et s'est éloigné pour ne pas que j'entende leur conversation. Elle doit être en colère, je la comprends malgré ce qu'ils croient tous. Je sais que j'ai agi comme un con nombriliste. Je ne voulais pas que personne ne me voie péter un câble. Et par-dessus tout, mon but c'était de l'éloigner pour ne pas la blesser !

Je fais tout de travers... comme toujours. Est-ce que je vais finir par comprendre ou juste mourir pour leur foutre la paix ? Sam me maudirait s'il savait que je pensais à me tirer ma révérence ! Surtout avec ce qu'il m'a dit. « Qu'est-ce que je vais faire moi sans toi ? » Je ne sais pas ce qu'il ferait, mais de toute évidence aucun de nous ne veut le découvrir. Je dois me reprendre en main. Peut-être que j'ai besoin d'aide finalement. Je pars en couille et je fais souffrir la famille que j'ai choisie. Je n'ai pas envie d'être ce gars-là...

***

Je suis assis dans l'attente de mon super psy. C'est une nouvelle salle que je découvre. Une salle de crise ? Peut-être. En tout cas, on est loin des clichés des films avec les bibliothèques pleines à rebord et des cadres affichant tous les diplômes du thérapeute. On peut aussi dire au revoir la méridienne et l'ambiance tamisées. À l'exception de deux fauteuils beiges en cuir vissé au sol, il n'y a rien. Pas une table, aucune lampe, la décoration ne se bornent à un mur de tapisserie bleu marine à relief géométrique. C'est aéré et propre, mais cruellement vide.

— Bonjour Ézéchyel.

Comme à son habitude il ne me regarde pas avant de s'asseoir dans son fauteuil, une chose est différente aujourd'hui, il n'a pas son bloc-notes et son crayon, seulement son téléphone. Qu'est-ce qui se passe ?

— Alors, je vais être totalement franc avec vous, j'ai parlé à vos amis avant de venir à votre rencontre.

Je sens ma colère commencer à se propager. Je suis un livre ouvert, il ne peut pas manquer que je bouille à l'intérieur. Putain de merde ! Voilà qu'ils se concertent avant de m'achever. C'est quoi cette saloperie de coup monter ?

— Doucement, je voulais tâter le pouls avant de vous parler, c'est tout. Ils n'ont rien dit de vraiment nouveau, je me doutais déjà de certaines choses. Votre ami et sa conjointe sont très inquiets. Je ne vous apprends rien, n'est-ce pas ?

Si je pouvais bouger, je lui fracasserais la tête sur la fenêtre... Peut-être qu'un peu d'air lui ferait du bien !

— Vous avez appelé votre mère, puisque j'ai mis votre honneur et votre intégrité en cause. Par contre, j'ai mal jugé de la situation. Je dois m'en excuser. J'ai réellement pensé que vous exagériez... de toute évidence, je me trompais ! Ceci étant dit. La jeune femme qui était avec vous m'a parlé un peu, comme vous étiez sur le haut-parleur, elle a entendu malgré elle... Fort heureusement qu'elle comprend le français, elle m'a déjà fait un résumé de votre discussion, ça nous évitera de remuer le couteau dans la plaie.

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant