Chapitre 19

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Quarante-huit heures, c'est tout ce que ça a pris pour que j'en aie marre d'être chez sam. J'étais loin d'être d'accord au début, maintenant c'est juste pire ! Son espace merdique en carton, au plancher grinçant. C'est un euphémisme si je dis que j'en ai assez d'être au loft. J'en viens à me demander quand je vais les étrangler ! Sérieux, comment ils font pour ne pas se séparer à vivre dans un endroit où l'on entend tout ? Des bruits de salle de bain jusqu'au vrombissement des jouets de Kary. Trop de bruit, tout bourdonne dans ma tête, même une ruche est plus silencieuse, j'en suis relativement certain !

Comme les deux derniers matins, Sam m'aide à faire le chemin jusqu'à la salle de bain, ou il me laisse seul pour faire mes besoins. Il en profite pour aller faire couler la carafe de café. Je n'en avais jamais si peu bu de toute ma vie. C'est quoi ça ? Seulement un café ! Je veux ma propre carafe merde ! J'en ai marre. En plus d'être handicapé, je suis en manque !

Durant mon insomnie, j'ai tout entendu, leur conversation sur l'oreiller, le sexe, les ronflements. Une idée est devenue claire, je dois me casser d'ici avant de les haïr.

Leur routine est prévisible, je vais en profiter ! Kary est attendue à son cabinet dentaire. Huit heures trente pétantes, elle sort de l'appart après avoir embrassé Sam. Lui continue de traîner puisqu'il ne fait jamais l'ouverture de sa salle. C'est l'avantage d'être son propre boss. Mais je sais qu'il va décoller vers dix heures. Il reviendra à midi pile pour me faire pisser et me nourrir. Je suis un foutu clébard. Le mâchouillage de meuble en moins.

— À tantôt trou de cul, je reviens vers midi. Tiens une bouteille au cas où tu ne pourrais pas te retenir, et je t'ai laissé de la bouffe sur la table, juste là. Tu vois ? Désolé de ne pas pouvoir rester, Tod est en formation et Joey n'est pas vraiment à l'aise avec les gamins.

Ça fait vingt fois qu'il me répète la même excuse. C'est moi qui fais des conneries et c'est lui qui se sent mal d'avoir d'autres obligations ! Il est ridicule ! Je sais qu'il resterait s'il pouvait, mais franchement, j'ai hâte qu'il parte ! Du silence ! Je tuerais pour du silence !

— Je sais, allez, casse-toi !

Il m'embrasse sur le front après m'avoir rapproché de lui par la nuque. Comme les autres matins, je me retrouve seul sur son canapé d'angle, la télécommande dans une main et le téléphone dans l'autre.

***

Comme tous les jours depuis mon deal forcé avec Garry, je fixe la lettre à la recherche du courage qu'il me faudrait pour l'ouvrir. Kary a trouvé intelligent de la mettre dans mon sac avant de venir me chercher à l'hôpital. Mes pensées tournent et reviennent sans fin. Lire ou ne pas lire. Est-ce que je le mérite ? Avoir accès aux dernières pensées de Dom, est-ce que j'y ai vraiment droit ? Même si lui pensait clairement que oui, je ne me sens pas à la hauteur.

Il aurait dû les garder pour les gens qui l'aimaient comme il le fallait, son père, ses sœurs et surtout Jess. Lui il mérite chaque dernier mot, chaque dernière pensée, quitte à se foutre en l'air, au moins s'en servir pour calmer le feu brûlant de la détresse chez ses proches. Ouais, Jess aurait mérité de se faire expliquer, de se faire dire qu'il était aimé. C'est quelqu'un de bien. Attentionné et rempli à rebord de bons sentiments. Un ange.

Mais non ça aussi je le lui ai pris... Encore. Les collègues ont raison, je suis un putain de chacal. J'ai jeté son frère du haut de la falaise qu'il tentait désespérément d'éviter. Je lui ai volé l'espoir de son signe à la con. J'ai beau me chercher des excuses, je n'en trouve aucune. J'aurais dû m'éloigner, avant qu'il ne soit trop tard...

Il mérite tout ce que le monde a de bon à offrir. Il est tellement...

— Tu devrais l'appeler.

— Hein quoi ?

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant