Chapitre 13

77 6 0
                                    



Stationné devant la maison de son père, un dimanche après-midi, j'attends que Jess arrive. Qu'est-ce que je fous là, putain ? Ce n'est pas très déontologique comme comportement. On repassera pour les convenances... surtout après ce qui s'est passé entre lui et moi. Je le lui dois bien ! Je ne peux pas juste traiter son dossier comme les autres. Foutue conscience de merde !

J'attends comme un prédateur devant une petite bicoque bien entretenue. Le gazon parfaitement taillé et les volets fraîchement repeints.

Inspire. Expire. Le courage va venir. Je panique, putain. Pourtant je ne bouge pas et je fixe le parking, j'espère qu'il ne viendra pas, j'espère qu'il viendra... je sais plus ce que je dois faire.

Je démarre ma voiture, juste au moment où la sienne s'engage sur l'allée goudronnée de la petite maison. Merde. Je dois bouger maintenant, je ne peux pas rester là à fixer le vide à travers mon pare-brise. Il sort de sa voiture, et il fixe en ma direction, il m'a vu, je vais devoir reprendre vie... Je ne peux pas juste me sauver, j'aurais l'air de quoi ?

BOUGE CONNARD ! SORS DE LÀ !

Je ne peux plus reculer. Je n'ai plus eu d'autre choix... Je sors finalement de cette putain de voiture. Je marche droit vers lui avec mon dossier sous le bras, professionnel. Rien de plus faux à ce moment précis ! Jamais je ne me déplace. Ils viennent à mon bureau pour négocier ou ils sont redirigés directement vers les huissiers. Quand j'arrive à sa hauteur, il a des sacs et ses clés à la main et se dirige vers sa porte d'entrée.

— Ézéchyel.

Il prononce mon nom comme ça, sans sourire, sans dédain, il est juste neutre. Ça me retourne l'estomac quand ses yeux se posent sur l'énorme document que je tiens dans mes bras. Il sait pourquoi je suis là.

Je le suis quand il m'invite à entrer après avoir débarré sa porte.

— Tu peux t'asseoir, je reviens.

Il me montre les chaises dans la salle à manger, une invitation très peu chaleureuse à asseoir mon cul et la fermer. Qu'est-ce que je pourrais lui dire de toute façon ? Je le regarde ranger ses courses et plier ses sacs en toile. Je suis mal à l'aise, mais je ne peux pas le quitter des yeux, il bouge avec tant de grâce et de confiance. On dirait que ma présence ne représente rien du tout.

— Café ?

— Oui, s'il vous plaît.

Pourquoi j'ai dit oui ? On n'est pas là pour tailler le bout de gras ! Bordel, je déconne sévère ! Où est passé ton professionnalisme Ez ?

— Alors pourquoi t'es là ?

En posant la tasse sur le napperon devant moi, il me fixe directement dans les yeux. Il me met au défi de faire ce pour quoi je suis là. Il a de si beaux yeux. Bordel. Et cette bouche. Je vou...

— Ézéchyel ?

Putain, c'est à moi de parler. Allez, on se bouge.

— Oui, désolé, normalement je ne fais pas ça. Mais comme on se connait, c'est quand même la moindre des choses. Alors, bon, le dossier de ton père est tombé sur mon bureau cette semaine. Je l'ai lu en long en large et en travers. Le prêt de la maison est en retard. Les cartes de crédit sont restées impayées tellement longtemps qu'elles ont toutes été clôturées et il y a deux prêts en souffrance depuis près de six mois.

Il reste silencieux, son regard braqué sur moi, son aire de défi ne le quitte pas. Je sais qu'il savait que quelqu'un viendrait. Je me demande si ça le dérange que ce soit moi...

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant