Chapitre 16

65 7 0
                                    



Mon patron était sur les dents ce matin quand je lui ai apporté, non pas des dossiers clos, mais une série d'ententes dans des dossiers chiants qui traînaient depuis longtemps. Il m'aurait arraché les yeux si je n'avais pas été attendu chez le psy dans l'heure qui suivait.

Dire que ça ne lui a pas fait plaisir est un doux euphémisme.

Il s'attendait à deux voire trois chèques. Mais finalement, je lui ai offert un prêt hypothécaire plus haut que la valeur nette de la maison, une consolidation de dette raisonnable et un taux d'intérêt bien plus bas que la normale. Sincèrement, je ne sais pas ce qui m'a pris de régler ces dossiers de cette façon, mais c'est chose faite, je ne peux pas revenir en arrière. Si mon boss n'avait pas autant de respect pour mon boulot, il m'aurait foutu à la porte ! Je le sais, les yeux exorbités et la veine palpitante dans son front n'étaient pas du tout subtils !

Donc sans surprise, je suis moi aussi de mauvais poil. Comble de la connerie, Super Garry est en retard de vingt saloperies de minute ! JE N'AI PAS QUE ÇA À FOUTRE !

— Bonjour Ézéchyel. Ravi de voir que vous allez mieux.

Tiens, le voilà comme une fleur et sans excuse en plus.

— Formule de politesse à la con ! On ne peut pas passer directement au vif du sujet, au lieu de jouer les hypocrites congénitaux. Ça m'arrangerait.

— Oh, mais bien sûr. Alors, dites-moi, qu'est-ce qui s'est passé pour que vous vous étaliez dans mon bureau comme vous l'avez fait la semaine dernière ?

— Je n'avais pas assez bouffé, j'ai fait une petite syncope vagale. Question suivante.

— Très bien, si vous voulez la jouer comme ça. Finissez votre histoire dans ce cas.

— J'avais fini. Les intéressés et moi avons réglé tout ce que ça a fait remonter. Affaire classée.

Comme si j'allais m'étaler plus que je ne l'ai déjà fait ! Après tout, le sujet est clos et tout va bien.

— hm, je vois. Passons à autre chose alors. Alors je lance la conversation ou vous le faites ?

Il attend quoi au juste ? Que je lui prémâche le travail ? Je suis en colère, rien de bon ne pourra sortir de moi aujourd'hui. Je ne rêve que de me retrouver dans le lit et les bras de Jess. Rien de plus.

— Votre coming-out est un sujet qui m'intéresse. Est-ce que c'est trop sensible ?

Le sujet va être vite clos...

— Ça va, je n'en ai pas fait. Je me suis barré avant.

— Intéressant ! Dites-m'en plus. Quand avez-vous su que vous étiez gay ?

Fais chier ! Il ne s'arrêtera donc jamais !

— Je l'ai toujours su. C'était une évidence. Les filles avec qui je partageais mes cours ou qui allaient à l'église me tournaient autour. Plusieurs me disaient que j'étais beau et gentil, une en particulier a essayé de m'embrasser et j'ai eu le sentiment que c'était mal. Que si elle me touchait j'allais prendre feu et mourir ! Je voulais être n'importe où sauf avec elle. C'est con, je sais ! J'étais petit, peut-être 8 ou 9 ans, je ne connaissais rien, même pas le mot qui décrivait ce que j'étais. Mais en vieillissant, j'ai su reconnaître les signes d'une attirance et d'un désintérêt. J'ai appris le bon terme et j'ai compris que je l'avais toujours su.

— Bien. Avez-vous déjà pensé en parler à vos parents avant de quitter leur domicile ?

— Sérieusement ? Non, jamais.

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant