Chapitre 2

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Dans la voiture de flic, je croyais fermement à une erreur. Je pensais simplement finir en cellule de dégrisement. Je croyais mal. La voiture s'est garée dans le garage, ils m'ont dirigé dans les entrailles du poste de police. J'ai pris conscience que c'était tout sauf une erreur. Je suis traité comme un criminel. En passant de pièce en pièce, les consignes étaient claires et nettes. L'agent de l'identification judiciaire m'a presque pété les doigts après m'avoir dit « Donne tes mains ». C'est sans parler de l'aveuglement que l'appareil photo m'a provoqué à peine la phrase « Fais face à l'appareil photo » soit montée à mon cerveau. J'ai été trimballé jusqu'à une pièce minuscule et bien trop fraiche avec l'ordre d'enlever mes vêtements et de les mettre dans le sac qu'ils avaient mis à ma disposition. Je me suis promené à poil jusqu'à la salle de douche. L'agent était un peu plus délicat, presque gentil si je le compare à ses collègues, il m'a simplement dit « va prendre une douche rapide. J'ai posé des vêtements propres juste là ». Je ne croyais pas en avoir besoin à ce point, ce fut tellement apprécier. Le retour à la réalité a d'autant plus été désagréable. Le mec qui m'attendait en dehors de la pièce, je l'aurais étranglé. Il ne m'a pas laissé de temps entre le moment où il m'a tiré les poignets et son ordre « Tends les mains ». Il m'a presque jeté dans la pièce en m'ordonnant « assieds-toi » juste avant de m'attacher les mains au-dessus de la table de métal vissée au plancher. Je me suis cru de retour dans ma famille. C'était complètement horrible ! L'infantilisation, ça m'horripile. Je bouillais intérieurement. Pas moyen que je me laisse aller, pas ici, pas maintenant. Suivre les règles rapporte de la sympathie et certains avantages. Ce n'est pas à négliger !

Deux policiers ont tenté de me tirer les vers du nez pendant plusieurs minutes. Jouant sur le fait que je n'ai pas explicitement demandé un avocat. À un moment au courant de tout ce cirque, ils se parlaient l'un à l'autre comme si je n'étais pas là. Ils s'échangeaient des informations et des photos des comparses que j'ai envoyés à l'hosto. J'ai eu accès à certaines données qui normalement auraient dû passer par mon avocat, mais j'avais tellement la tête dans le cul que tout ce que j'ai réussi à faire c'est les regarder sans rien dire. J'avais très bien compris leur manège. Ils essayaient de me faire peur. Mordre à leur hameçon aurait une erreur de débutant, malheureusement pour eux, je suis allé à bonne école.

À un certain moment, l'agent Stein, le géant noir, est entré dans la pièce et m'a demandé une nouvelle fois si quelqu'un allait me représenter. J'ai eu l'air con une seconde parce que oui j'ai les moyens de payer un avocat, mais je n'en connais pas. Je n'en ai jamais eu besoin auparavant ! Il a fait sortir les deux flics avant de me fournir un annuaire rempli de noms. Et qu'est-ce qu'il y en a ! Bordel ! Comment je fais pour choisir ? Grand joueur que je suis, j'ai fermé les yeux et appuyé mon doigt sur un nom. Le hasard, y'a rien de mieux pour jouer quitte ou double. Soit, je gagne tout. Soit, je fais un aller simple dans une prison fédérale pour agression aggravée ayant des causes des lésions permanentes. Ou plus. Tout dépend de ce qui va arriver avec les trois gus, que j'ai soi-disant dégommés.

Dégommé, ce n'est pas loin de la vérité si je prends en compte les photos qu'ils m'ont montrées pour essayer de me faire avouer un quelconque crime. Ça a fait remonter de vagues souvenirs, mais sans plus. Je me souviens d'os qui craque sous mes poings, du sang qui gicle sur mon visage. Quelques sensations par-ci par-là. Je n'ai pas loupé ses crétins ! S'il meurt, plus rien ne pourra me sauver.

Je pourrais faire semblant d'être repentant, négocier, je ne sais pas quoi, et m'en sortir. Mais je n'ai pas envie de mentir. Ils méritaient leur sort. Pauvre petit papillon apeuré, je devais faire quelque chose. Si ça implique d'aller en prison, qu'il en soit ainsi. Jamais je ne demanderais pardon pour ce que j'ai fait. Je sais que j'ai vraiment dépassé les bornes. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé pour que je ne m'arrête pas de cogner. Habituellement, ça ne va jamais aussi loin. Une côte pétée tout au plus. Mais pas maintenant. Là, je suis dans la merde jusqu'au cou. J'ai lu la liste de leur blessure plusieurs fois. Je ne sais pas quelle lésion appartient à qui, tout ce mélange. Côte, bras et jambe fracturée. Mâchoire disloquée, commotion cérébrale et dents disparues. J'ai cru lire qu'il y en avait un dans le coma. C'est la merde ! Tout ce que je peux faire c'est attendre et espérer qu'aucun de ses enfoirés ne meurt. Gâcher ma vie à cause d'eux me ferait vraiment chier, mais je le ferais la tête haute.

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant