Chapitre 17

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Il est plus de dix-neuf heures quand je rentre chez moi. La journée a été folle et ce n'est pas fini.

Les deux dernières séances avec Garry ont été douces. Son entrée en matière a été quelque peu tranchante. Il a enfin fini par arrêter de tourner au tour du pot. Il m'a demandé si j'avais fait mon devoir et j'ai été franc. Alors nous avons parlé d'autre chose. Rien de bien passionnant, mais rien de bien concluant, non plus. Un peu de paix n'a jamais fait de mal ! Non ?

Il m'a très bien fait comprendre que je ne devais plus remettre ce que j'avais à faire. Il avait un compte rendu à faire pour m'éviter des retombées judiciaires. Je dois faire ce qu'il me demande !

Non ! Mais quelle merde ! Je ne peux pas faire ça ! Je n'en ai strictement pas envie ! Qu'est-ce que ça peut bien foutre ce qu'ils pensent ou pas ? Ça fait déjà bien trop longtemps pour que ça vaille la peine ! Je suis passé à autre chose et eux aussi. Probablement.

Je sais très bien que si je ne le fais pas personne ne le saura, comment il pourrait savoir que je lui mens ? Je ne suis pas sur écoute, il ne pourra pas deviner ! Je vais me trouver une histoire qui se tient et il n'y verra que du feu.

Je déteste mentir, normalement, j'évite certains sujets pour être sûr de ne pas avoir raconté n'importe quoi. Mais là, il va me demander de but en blanc, et je ne pourrais pas réarranger la vérité pour enjoliver la connerie. C'est une pure merde ! C'est le combat entre mon orgueil et mon moral. Tabarnak !

— Hey, Ézéchyel, mon chou.

Fuck ! Elle m'a fait peur ! Je ne l'ai pas entendue entrer, elle !

— Salut ! Miss Kary, qu'est-ce que tu fous là ?

— Ah ben ! C'est sympa, on se sent aimer ici !

Je fais tout de travers encore. Je me lève et je lui embrasse la joue comme à chaque fois. Je préfère largement les câlins au baiser, elle adore ça, même si je dois me forcer, elle le mérite. La rendre heureuse fait partie de mes petits plaisirs !

— Tu sais que tu es toujours la bienvenue, mais reste que je ne me souviens pas qu'on ait quelque chose de prévu tous les deux.

— C'est une surprise. Si l'on peut appeler ça comme ça. Sam m'a en quelque sorte missionné pour te tenir compagnie ce soir.

Maman Sam veut que je fasse mes devoirs et bien sûr il envoie la seule personne que je n'enverrais pas chier pour me tordre le bras ! Malin. Mais chiant !

— Tu sais que je n'ai pas besoin d'aide pour...

— Non pas de l'aide, tu as besoin qu'on te pousse. Mais regarde, j'ai apporté les coquilles antibruit que vous m'avez achetées quand nous sommes allés à la F1. Je vais pouvoir te tenir la main sans entendre ta conversation ! C'est bien, hein !

Elle est adorablement idiote ! Comme si je craignais qu'elle entende. Bien sûr, elle va en apprendre, mais au point où j'en suis une personne de plus n'y changera rien. Du moins, j'espère...

— Je n'ai aucune envie de leur téléphoner. Je suis un adulte et personne ne peut me contraindre à faire quoi que ce soit.

— Lapinou, je sais que tu n'es pas obligé ! Je veux seulement être là pour toi, je sais que ça va te faire du bien. Te libérer d'un poids peut-être... Tu n'es même pas obligé de l'écouter te répondre, tu sais. Tu peux dire ce que tu as à dire et raccrocher. Ensuite, pizza, bière et « Orgueil et préjugé » !

— AH FUCK NON ! N'importe quoi, mais pas ça ! Même Titanic me ferait moins chier ! Voir Jack mourir c'est bien ! Attend non, « Autant en emporte le vent » c'est mieux ! Quand la fille en rouge se casse la gueule dans l'escalier, c'est super drôle.

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant