Chapitre 5

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Si quelqu'un m'avait dit que je poserais mon cul sur cette chaise, je n'y aurais pas cru. J'aurais ri à la gueule de cet imbécile. Moi, dans le bureau d'un trou de cul de psy ! Hilarant ! Mais quelles putains de perte de temps ! Mais qu'est-ce que j'y peux ? À ce moment précis, rien. Une fois de plus, je suis assujetti aux désirs de quelqu'un d'autre. Faire plaisir à monsieur le juge si je ne veux pas me retrouver en prison et mettre à la poubelle toutes mes années d'études et possiblement risquer de retourner au Canada. Ça serait la mort d'y retourner ! Quoi qu'il en soit, mon avocate m'a transmis les coordonnées de ce psy. Docilement, j'ai pris un rendez-vous. J'espère que ça ira vite, je n'ai pas que ça à foutre !

— Bonjour Ézéchyel. Je suis le docteur Campbell.

Je déteste les médecins ! Psy ou urgentiste, n'importe lequel. Même combat ! En plus, ce gros tas de merde se permet de m'appeler par mon prénom, sympa. Son p'tit nom était écrit sur la porte, je l'ai retenu. On va s'amuser.

Il part en circonvolution. M'explique le bien-fondé de toute sa mission. Les règlements de l'établissement. Il en parle avec tellement de passion que je me demande sérieusement ce que ça cache. Un pervers qui jouit de la misère du monde ? Un tortionnaire qui fait du mal ? J'ai du mal à statuer. On ne peut pas être aussi impliqué dans quelque chose sans rien en obtenir. C'est impossible !

Il fait l'éloge de mon acte de bravoure. Je ne sais pas où il va. Ça me perturbe.

Il me prend pour qui ce mec ? Il me flatte dans le sens du poil, je ne vois que ça. C'est dérangeant. Je suis là pour purger ma peine et lui me félicite d'avoir cogné ? Ça couve quelque chose de louche !

— Garry, je comprends ce que vous essayez de faire. Je vais vous rappeler que je ne suis pas ici par choix. Vous m'êtes imposé et je compte bien ne pas m'éterniser.

Il sourit. Pourquoi est-ce qu'il sourit ?

— Je comprends tout à fait. Je ne compte pas vous garder ici plus longtemps que nécessaire. Vous êtes pragmatique, vous pourrez aisément comprendre que j'ai un contrat à honorer si je tiens à ce que la cour de justice me paie et continue de m'envoyer des clients. Nous devrions pouvoir trouver un arrangement, n'est-ce pas ? J'ai un questionnaire que je désire remplir avec vous. Une fois fini, vous serez libre ! Deal ?

Blaireau. Bien sûr, le gentil petit agneau prit entre le mur et le grand méchant loup. Il me ferait presque pleurer. Si je ne savais que tout ce qu'il tente de faire, c'est de me faire accepter, je ne sais quoi par la flatterie, je me serais peut-être laissé prendre. J'ai déjà eu affaire à un connard dans son genre. Le salaud de manipulateur... j'étais enfant...

Aujourd'hui, je ne suis plus un enfant ! Plus jamais je ne me laisserais prendre !

Je cligne des paupières pour me reprendre. Il m'a fait naviguer dans les souvenirs sans le vouloir... Je le hais encore plus. J'ai tiré un trait sur mon passé, il doit rester là où il est. Dans les oubliettes.

— La manipulation ne mènera à rien avec moi. Je n'en ai rien à foutre de ce que vous pensez de moi. J'aimerais que vous fassiez preuve d'un minimum de respect envers moi et au lieu de tourner autour du pot, dites-moi exactement ce que vous attendez de moi. J'aimerais en finir rapidement.

Il a l'air surpris de mon franc-parler. Bafouille quelque peu en fouillant dans ses papiers éparpillés sur son bureau en bordel. Je ne sais pas ce qu'il me réserve, mais au moins, sa victoire ne sera pas gagnée par de la flatterie insipide et mensongère !

— Oui, bon, je vois que votre avocate n'a pas menti à votre sujet. C'est bien. Je sais à quoi m'en tenir alors.

— Très bien. Mais Garry ?

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant