Chapitre 23

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Je lève les yeux vers Garry, je ne vois plus rien. Tout est embrouillé.

— Vous allez bien ?

— Non.

J'ai localisé son téléphone, il était à quelques rues d'ici. Je sais à quel hôpital ils l'ont amené, je dois m'y rendre, tout de suite. Je me lève tant bien que mal de cette chaise.

— Je dois me rendre à l'hôpital. Jess a besoin de moi.

— J'attrape mes clés et je vous y conduis.

C'est le bordel dans ma tête, je n'arrive plus à réfléchir. Je suis pratiquement hors de mon corps quand je pose mes fesses sur le siège avant de la voiture de mon psy.

***

Le brouhaha ambiant m'amène là où je souhaite aller. Au cœur des infirmières qui courent partout et des médecins qui hurlent des ordres. Direction la réception des urgences. Je dois trouver quelqu'un qui me renseignera ! Ça devient vital !

— Je suis à la recherche d'un homme qui a été transporté ici. Jess Welch.

— Vous êtes de la famille ?

— Je suis son copain.

— Êtes-vous inscrit dans son dossier ?

— Je... je suis son conjoint.

— Si vous n'êtes pas inscrit comme tel je ne peux rien vous dire. J'ai autre chose à faire, s'il vous plaît, aller vous asseoir ou contacter sa famille.

Elle est accueillante comme une porte de prison, cette femme. Je comprends qu'elle est débordée, mais moi je suis sur le point de faire une crise de nerfs et de défoncer toutes les portes pour le trouver ! Je dois appeler ses sœurs. Elles seules sont en mesure de contacter les services et d'obtenir des renseignements sur son état.

Garry reste en retrait, je ne l'en remercierais jamais assez !

Je me dirige instinctivement vers un attroupement d'uniformes pour capter des bribes de conversations. Pompier, ambulanciers et policiers, ils parlent tous de la même chose, l'accident de voiture. Une dizaine de voitures sont impliquées. Un énorme camion de chargement qui roulait en zone interdite, a perdu l'usage de ses freins, est allé s'encastrer dans les voitures qui arrivaient en sens inverse. Une trentaine de personnes ont été admises aux urgences. Plusieurs pour des blessures mineures, quelque trauma simple, mais six en état grave, plus deux décès.

— Tu n'imagines même pas ! C'était la première fois que j'utilisais les pinces de désincarcération. C'est impressionnant, ça réussit à tordre le métal.

Les bruits de pas et la machinerie que j'ai entendue, c'était ça...

Je vis la plus grande angoisse de toute mon existence ! Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie et je suis en train de vivre plus d'angoisse que lorsque ma mère me torturait. Je vis plus de douleur que lorsque ma grand-mère est morte.

Et s'il mourait ? Pas lui ! Pas comme ça, pas dans un stupide accident. J'ai besoin de lui. J'ai besoin de nous.

***

La vie est une chienne par moment !

— Ce n'est pas bon. Je ne vous le cacherais pas. Son pronostic vital est engagé. Sa jambe gauche est brisée à plusieurs endroits, son bassin semble avoir subi de graves lésions et son épaule droite était disloquée, nous avons réussi à tout replacer adéquatement, cependant, outre ses blessures physiques, son cerveau semble avoir été affecté et nous ne savons pas à quel niveau. Il était déjà dans un état comateux à son arrivée, l'IRM est en cours de procédure, ensuite nous pourrons savoir exactement où on met les pieds. Ceci dit, nous l'avons placé sous perfusions de propofol pour le laisser dans un coma artificiel afin de nous assurer que son cerveau se repose le plus possible. Nous ne voulions pas qu'il se réveille et qu'il souffre inutilement. C'est une mesure préventive, uniquement.

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant