Chapitre 28

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Je déteste le mois de septembre, c'est acté depuis longtemps, mais c'est pire que jamais.

Déjà, prendre l'avion n'est pas un plaisir en soi, le stress que je ressens à l'approche de l'aéroport Pierre-Elliot-Trudeau est à son comble. Je savais pertinemment que je me sentirais fébrile, mais je ne pensais pas à ce point. Jess a la main dans la mienne et embrasse mes phalanges. Je me concentre là-dessus pour ne pas vriller. Il me calme à sa façon. C'est grâce à ça si je ne pète pas un câble et que je ne me retrouve pas en petite boule sur mon banc. J'aurais craqué s'il n'avait pas été avec moi. Je le sens !

Je nous ai loué une chambre dans un hôtel plus que correct à quelques coins de rue de l'hôpital où mon père est hospitalisé. Nous avons à peine visité la chambre avant de poser nos valises. Nous sommes déjà en route pour les soins palliatifs du CHUM. Je suis incapable de rester en place alors que je sais que seulement quelques minutes de marche me séparent de mon père.

— Tu es sûr que tu veux que je vienne avec toi ?

Il plaisante n'est-ce pas ? Il ne veut pas venir ? C'est là qu'il me lâche ?

— Respire Zek. Je ne t'abandonne pas à ton sort. J'ai simplement besoin d'être convaincu que tu sais ce que tu veux. Rien de plus.

Un. Inspire. Deux. Expire. Trois. Inspire. Quatre. Expire. Je ne paniquerais pas.

— J'ai besoin de toi. Tout le temps. Je ne veux pas faire face à ça tout seul.

Je l'ai dit presque sans que ma voix soit enrouée, c'est presque une réussite.

— Bien, alors on y va.

Il ouvre devant moi une des deux portes qui nous séparent de l'aile dédiée au soin de fin de vie. Mon père y était traité pour soulager la douleur. Les soins de confort en sommes. C'est bien utile et bien plus gérable pour les patients. Alors que je suis debout dans l'entrebâillement de la porte de sa chambre, je suis d'avis que ce service est utile, mon père parait presque bien.

Jess me pique doucement dans les cotes pour me faire sortir de ma léthargie. Je n'avais même pas conscience de ne plus bouger. Perdu dans mes pensées, j'étais complément déconnecter.

— Bonjour.

Dans un même élan, mes parents se tournent vers nous.

— Ézéchyel ! Tu es enfin là !

Ils me font mentir. Je pensais vraiment que ma mère allait me faire sentir minable dès mon arrivée. Mais non, elle se dirige vers nous les bras ouverts. Je suis crispé, elle doit le ressentir puisqu'elle s'éloigne un peu en gardant ses mains sur mes avant-bras.

— Je suis heureuse que tu aies pu venir aussi vite.

En s'intéressant à Jess, elle tend la main vers lui.

— Bonjour jeune homme, je suis madame Sinclair, voici mon mari, monsieur Sinclair. Bienvenue.

Jess serre sa main, en souriant de façon polie, il ne comprend pas la moitié de ce qu'elle raconte, puisqu'elle parle trop rapidement en français. Je lui ai appris, même si ça reste compliquer pour lui.

— Moins vite ! il est américain, il ne peut pas suivre si tu parles trop rapidement.

Confuse, elle fait un signe de la main pour balayer ma remarque, j'imagine qu'elle fera plus attention la prochaine fois. Ça tiendrait du miracle, à l'heure actuelle, je peux l'espérer.

— Ne te fais pas d'illusions, Ézéchyel. Je suis contente que tu sois là, mais je n'accepte toujours pas la manière dont tu vis. C'est immoral et indigne. Mais de toute évidence, c'est le prix à payer pour avoir mon fils près moi durant ces temps troublés. Je vais tolérer sa présence pour que tu puisses passer du temps avec ton père, mais ne crois pas que je suis d'accord.

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant