Chapitre 12 - Les nocturnes

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Le visage de Beka se déforme alors prenant des allures effrayantes tout droit sorti d'un film d'horreur. Sa peau se tend et s'étire pour finalement se déchirer et former un nouveau visage. Ce n'est pas Beka, mais un nocturne ! La peur est si inattendue qu'elle me cloue au sol. Les yeux exorbités par la terreur, j'observe le nocturne reprendre sa forme originelle. Et sous son sourire glacial les racines des arbres aux alentours émergent du sol pour venir me piéger sur place. Comme des moustiques attirés par l'odeur du sang les ronces m'éraflent la peau en resserrant progressivement leur emprise autour de mes poignets ainsi que mes chevilles. Mon cœur bat à deux cents à l'heure, j'essaye de reprendre mon souffle, mais la peur me comprime tellement la poitrine que s'en ai douloureux. Je n'aurai jamais dû sortir sans avertir Neil, je ne sais pas s'il pourra me sauver cette fois. De mon côté, je ne peux rien faire... Ma magie n'est pas encore revenue. Le nocturne s'approche de moi en me regardant comme si je suis la chose la plus écœurante qu'il voit. Je suis surprise par sa jeunesse, il doit avoir mon âge ou un peu plus. Depuis le début, les nocturnes ne sont que des vieux hommes dépassant la quarantaine faciles.

— Où est Beka, demandé-je la mâchoire serrée par la colère.

— Et qu'est-ce que j'en sais, j'ai simplement pris son apparence pour t'approcher. Je me moque complètement de cette pauvre humaine.

Je n'ai pas le temps d'être soulagée pour mon amie que le nocturne avance vers moi pour planter son regard azur dans le mien. Ses cheveux rouge sang lui tombent sur les yeux, je l'observe à mon tour en fronçant les sourcils. Il a l'air d'être un jeune homme normal... Mais je ne dois pas me fier à ça, Eliott faisait lui aussi parti de la confrérie du sagittaire.

— Alors c'est toi, Lyra, souffle-t-il en promenant son regard le long de mon corps. T'es complètement banale en fait, et tout ce monde qui fait tes éloges s'ils savaient !

Ses propos m'horripilent, je me pince les lèvres me retenant de répliquer. Je ne dois pas aggraver mon cas, je suis quand même piégée et sans pouvoir. Le nocturne, lui, arbore un étincelant sourire qui fait apparaître ses canines pointues. Dans le style surnaturel, on ne peut pas faire mieux. On dirait un beau petit démon.

— Je ne vais pas faire comme mes prédécesseurs et vais directement t'emmener avec moi, comme ça ton protecteur n'aura pas le temps de nous déranger, ça te convient Lyra ?

— Non, tu vas m'emmener nulle part, m'écrié-je en essayant de me défaire de mes liens, mais ma magie sonne absente.

— Oh... Excuse-moi, le jeune homme prend une voix narquoise en s'approchant de moi. Dans ma phrase, on dirait que je te demande ton avis alors que je n'en ai strictement rien à faire.

Je le regarde, paniquée, comprenant que cette fois les nocturnes ont gagné. Je suis une proie trop facile, celui que j'ai tué hier me l'avait pourtant dit. Sans Neil... Sans ma magie, je ne suis qu'une simple humaine facile à attraper. J'avais été bête, j'aurais dû écouter mon protecteur ainsi que mon père. J'aurais dû faire sagement ma valise et attendre patiemment de rencontrer le cercle du soleil. Si les nocturnes me sacrifient, Neil mourrait. Notre pacte de sang le tuerait sur-le-champs. Je serre les poings en invoquant mes pouvoirs, mais je ne ressens rien, comme s'ils avaient disparu. Ce n'est vraiment pas le moment !

Le nocturne se passe une main dans sa tignasse rouge avant de me lâcher du regard, d'un geste rapide, il plante ses ongles jusqu'au sang dans ses paumes. Il serre les dents sous la douleur, puis après avoir fait perler quelques gouttes de sang de long de ses phalanges, il invoque ses pouvoirs. En tapant deux fois dans ses mains, une violente bourrasque vient me fouetter le visage. Le voyant attendre le regard en direction de l'allée, je regarde à mon tour et ne vois rien, je me questionne sur sa tentative de magie. Qu'attend-il ?

LyraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant