Lyra

Chapitre 33 - Luna

— Je suis désolée de te le dire Claryssa, mais si ton ami est mort, c'est parce que tu viens de lui planter un couteau dans la gorge, m'emporté-je tout en faisant les cent pas dans le petit salon.

Comment réparer tout ça ? Je ne pourrais pas, je ne sais pas, remonter le temps à l'aide mes pouvoirs ?
Mmh, mauvaise idée, vu ma facilité à saboter mes propres sorts, je suis sûre que je remonterais jusqu'au temps des dinosaures. La druidesse semble enfin sortir de sa transe, elle se lève puis sèche ses larmes.

— Je n'ai pas tué Edgard, déclare-t-elle en s'asseyant en face de la malle contenant la pierre de lune.

Je lance un regard vers le pauvre homme mort. Si ce couteau, encore planté dans la carotide de ce petit homme livide, n'est pas la preuve du crime de Claryssa, alors je ne comprends vraiment plus rien à ce monde !

— Laisse-moi en douter, hésité-je les yeux rivés sur l'homme gisant au sol.

— Si tu veux parler de ce type, ce n'est pas Edgard. Je l'ai compris dès le début, mais je devais en être sûr avant de le tuer.

— Ce n'était pas Edgard ? Répété-je sonnée.

Claryssa hoche la tête en pointant du doigt le bol de lait. Peter, le ventre bien rempli, somnole à côté de ce dernier. Je dois bien avouer qu'il me fait drôlement penser à Gus dans Cendrillon. Je reporte ensuite mon regard sur le lait, mais ne comprends toujours pas où veut en venir la druidesse.

— Edgard était un grand sorcier ainsi que mon ami le plus proche... Il aurait vu la vraie apparence de Neo et Peter à travers la magie qui les a transformés. Le bol de lait, prouve que cet imitateur n'y a vu que du feu et a prit ton protecteur pour un réel chat. Je l'ai également compris quand je lui ai parlé de sa cousine que j'ai sauvée.

— Il a répondu qu'il s'en souvenait pourtant, rétorqué-je.

— Oui, mais le vrai Edgard n'a pas de cousine, soupire la femme blonde en palpant le bloc de glace. Et pour finir, un sorcier aussi puissant n'aurait jamais oublié le sort qu'il a jeté pour protéger une pierre de cette valeur.

— Donc, depuis le début, tu jouais le jeu pour qu'il nous montre l'emplacement de la pierre, déduis-je impressionnée. Mais qui est-ce alors ?

— Je ne sais pas si tu te souviens des oiseaux-lyres ? Les seuls sorciers qui peuvent changer de formes.

— Oui, tu nous en as parlés hier soir. Mais ce ne sont pas des nocturnes reclus ? Que fait celui-là si proche des terres de Léon ?

— Je ne sais pas, je n'ai pas eu l'occasion de lui demander. Je devais le tuer avant qu'il ne nous fasse du mal. Sans ton protecteur, je préfère ne pas prendre de risque, explique-t-elle en fermant les yeux.

— Je comprends, mais qu'est-ce que tu fais au juste ?

— Je vais délivrer la pierre de lune pour nous rendre nos amis. Plus que quelques petite secondes, j'y suis presque.

Ses cheveux blonds commencent à flotter autour de sa tête. J'ouvre de grands yeux, mais ne dis pas un mot de peur de la déconcentrer. Soudain, un crépitement se fait entendre, je me rapproche de la femme et remarque qu'au contact de ses paumes, la glace fond lentement. Donc, j'avais raison ! Certes, il faut utiliser de la magie, mais le fonctionnement reste le même : faire fondre le bloc qui emprisonne la pierre.

Une fois délivrée, la pierre de lune apparaît au grand jour. Une étrange sensation émane d'elle, je me sens presque attirée. Ce que ne manque pas de remarquer Claryssa, elle me sourit puis me la tend.

— Je le sens aussi, la pierre t'appelle, souffle-t-elle. Je pense qu'elle te revient de droit étant l'Élue et puis c'est toi qui les as transformés, à toi de réparer ce que tu as fait.