Chapitre 40 - L'ascension Partie 1

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Recroquevillée par la peur, je n'ose pas poser le regard sur le sorcier en train de se vider de son sang. Après lui avoir tranché la main, mon protecteur n'a pas perdu de temps avant de mettre fin à ses jours. Je me sens fautive et idiote. Naïade m'avait prévenu, Neil m'avait prévenu. Alors bon sang, qu'est-ce qui met passé par la tête ? La magie des oiseaux-lyres est vraiment vicieuse et maléfique. Je pensais que ces sorciers ne prenaient que l'apparence de nos proches et non leur personnalité afin de nous duper.
Tandis que l'adrénaline et la peur quittent mon corps peu à peu, je sens mon estomac se retourner dans mon ventre. L'odeur âcre du sang me pique le nez. Je m'éloigne alors de quelques pas en titubant, ce qui n'échappe pas au regard de Neil.

— Liz, est-ce que tu vas bien ? Demande-t-il en s'approchant de moi.

— Je me suis toujours demandée pourquoi le sang avait cette odeur métallique, soufflé-je dans un état second.

— Liz... Tu es en état de choc, tu as vu trop de morts en si peu de temps. Je comprends que tout cela soit traumatisant pour toi, mais nous devons vite rejoindre le sentier avant que d'autres oiseaux-lyres nous rejoignent.

Je lève les yeux vers Neil sans pouvoir faire le moindre mouvement. L'oiseau-lyre, aurait-il réussi à me drainer mes pouvoirs ? Les images de sa main en décomposition m'empoignant avec force me reviennent en tête. Sa chair grisâtre lorsque Neil lui a tranché la main... Comment peut-il saigner alors que le sorcier était déjà en état de décomposition ? Je balaye la scène de crime du regard, chose que je regrette instantanément. La vue du corps sans vie sur le sol combiné à cette odeur poisseuse de métal, suffit pour me faire monter la bille le long de ma gorge. Je me penche en avant et vomis mes tripes contre un arbre. Le jeune homme s'empresse de me tenir les cheveux en me frictionnant le dos. J'aimerais me réveiller de ce cauchemar et redevenir cette adolescente normale qui n'avait qu'un deuil et des problèmes d'argent à gérer. J'aimerais me retrouver au chaud dans mon lit, blottie contre ma couverture et non dans cette forêt lugubre et effrayante avec un cadavre à quelques mètres de moi.

— Ils étaient deux, articulé-je la gorge en feu par l'acidité de mes reflux gastriques.

— Qu'est-ce que tu dis ? S'inquiète Neil.

Entre la sensation de honte et de dégoût envers ma personne, je n'ose pas affronter son regard et détourne les yeux.

— Ils étaient deux dans la forêt, répète-je la voix rauque.

Soudain, un bruit de branches qui craquent retentit à quelques mètres de nous. Ni une ni deux, Neil m'attrape subitement dans ses bras et me soulève pour courir à toute vitesse en direction du sentier. Le vent gifle mon visage alors que je suis compressée contre le torse de mon protecteur. Je me demande où il trouve toute cette énergie après avoir été empoisonné. Tandis que nous slalomant entre les arbres, la fin de la forêt apparaît. Nous allons enfin quitter ce bois maudit !

— Je pense que tu peux me reposer par terre, proposé-je les joues rouges.

— L'odeur métallique du sang vient du fer de l'hémoglobine, dit-il simplement tout en me serrant un peu plus dans ses bras.

Je l'observe sans comprendre. Nos regards se croisent alors. Ma respiration se coupe subitement, tout le contraire de mon cœur qui bat à tout rompre dans ma poitrine. Je détourne les yeux afin de reprendre mon souffle. Je me sens honteuse et bête de ne pas l'avoir écouté. Et je dois avouer que le fait qu'il ne me le fasse pas remarquer me rend encore plus coupable. Neil n'est pas ce genre de personne à dire « je te l'avais dit ». Malgré ce que je lui ai craché au visage tout à l'heure, il ne m'en tient pas rigueur ou du moins ne le montre pas. Ce qui est sûr, c'est que maintenant, je ne remettrai plus en question ce qu'il me dira !

LyraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant