28 - « aquaphobia »

213 18 0
                                    

5 octobre 1973lendemain de la mort d'Alcyone Black

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

5 octobre 1973
lendemain de la mort d'Alcyone Black

Tremblante à la fois de froid et de rage, je jetais la première pierre qui me tombait sous la main dans le Lac Noir.

« Je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux pas. »

Les mains plaquées contre mes tempes, je pleurais en tombant à genoux.

« Rends moi ma soeur. Prends ma vie en échange s'il le faut mais rends moi ma soeur... RENDS MOI MA SOEUR ! RENDS MOI ALCYONE ! Tu n'avais pas le droit de la noyer. Tu n'avais pas le droit ... »

La petite fille de treize ans que j'étais alors hurla sa douleur, sa peine et son désespoir dans un cri qui aurait brisé le cœur de plus d'un insensible.
Les vaguelettes formées par l'eau se rapprochaient de mes pieds.
Emplie de dégoût, je reculais brusquement pour empêcher l'eau de m'atteindre.

Rien que l'idée de me baigner me répugnait.


*******


4 octobre 1974
un an après après la mort d'Alcyoné Black

« Hier ... j'ai vu Sirius et ses amis se baigner ici. Ils riaient et faisaient des blagues, comme d'habitude. Comme si tout allait bien. Comme s'il n'était rien arrivé de tragique ici. »

Debout sur le rivage du lac, j'observais le clapotis de l'eau alors que mes larmes tombaient sur le sable à mes pieds.

« J'aimerais bien être comme Sirius. Pouvoir tout oublier et passer à autre chose. Ou même comme Regulus qui noie son chagrin dans la pression qu'il s'inflige tout seul. Mais je ne suis pas comme eux. Loin de là. »

Encore une fois, j'eu un mouvement de recul lorsque l'eau s'approcha un peu trop de ma peau.
C'était la même rengaine depuis déjà un an. Je n'arrivais pas à ne serait-ce que m'approcher de cette immonde substance.

Cette eau trouble, remplie de vase et d'algues qui m'inspirait une terreur glaçante. Je tournais les talons pour m'éloigner au plus vite du lac avant de rentrer au château.

Le soir même, je revint sur la rive.
Je haïssais cet endroit... pourtant, il m'attirait, exerçant une obsession morbide et particulièrement malsaine.
J'inspirais un grand coup avant de lever mon pied en direction de l'eau.

Vous savez, j'avais fait des recherches sur ce qui m'arrivait, il y a un phénomène appelé l'aquaphobie. Il s'agit d'une peur chronique de l'eau. Le plus souvent, on la subit à la suite d'un traumatisme comme s'être noyé ou avoir vu quelqu'un se noyer. Cette peur de l'eau concerne surtout le fait de se retrouver avec la tête sous l'eau. On a l'impression qu'on va se noyer. Elle n'affecte en général pas le fait de prendre un bain ou d'utiliser quotidiennement l'eau. Il s'agit plutôt d'avoir peur de ne pas s'en sortir par exemple lorsque l'on a pas pied.
Je ne coche pas toutes les cases. Mais j'ai un problème ça c'est certain. Et ce n'est certainement pas mes parents ou mes proches qui m'aideront à le guérir.

Alors, j'inspirais une bonne fois pour toute avant de plonger mon pied dans l'eau glacée.



*******


4 octobre 1975
deux ans après la mort d'Alcyone Black

Retirant rapidement mon uniforme, je lançais un charme à mes sous vêtement pour me retrouver vêtue d'un maillot avec au dessus, une combinaison short de surf. Mine de rien, il faisait très froid dans cette eau.

Me lançant depuis le ponton, je sautais en enfermant toutes mes craintes dans un recoin de mon esprit.

« Têtenbulle ! »

Respirant un grand coup, je fermais les yeux en m'encourageant mentalement à me dépasser. J'en étais capable, je pouvais le faire, je pouvais y arriver.
Seule au fond de cette eau sale et écoeurante, je m'obligeais à nager vers le bas, en m'enfonçant toujours plus profondément dans le Lac.
Au loin j'aperçus les immenses tentacules du calamar géant qui s'éloignait dans une autre direction.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cet animal était réellement adorable. À chaque fois que je me retrouvais paralysée par le froid ou la peur, il me ramenait à la surface en m'attrapant avec l'une de ses tentacules. Il restait toujours à proximité au cas où les strangulots ou les êtres de l'eau s'approcheraient un peu trop. Ces derniers se montraient rarement agressifs mais je suppose que c'était une mesure préventive.

Au bout de ce qui m'avait semblé une éternité, je m'autorisais à remonter à la surface après avoir fait signe au calamar que je partais.



*******


4 octobre 1976
trois ans après la mort d'Alcyone Black

J'étais déjà venue l'après-midi même, pourtant, je reparti en direction du Lac le soir de cet anniversaire macabre. Comme chaque soir depuis trois ans, je plongeais dans le Lac en me vidant complètement l'esprit.

J'effaçais tout mes problèmes, compartimentais toutes mes émotions avant d'invoquer de façon informulée le sortilège de Têtenbulle, que depuis le temp, je maîtrisais à la perfection.

Je jouais une petite demie heure avec le calamar avant qu'il ne parte faire la sieste (cette bestiole est comme un gros bébé avec un peu plus de tentacules, je vous jure).

Je m'éloignais à mon tour pour apercevoir un bouquet de roses servir de ballon de jeu aux strangulots. Discrets, les êtres de l'eau se fondaient parmi les algues tandis que l'un d'eux arbitrait le match.

Sachant pertinemment que les êtres aquatiques n'aimaient pas vraiment qu'on les observes comme des spécimens à étudier, je m'éloigna en nageant.

Alcyone.
Je veux que tu saches que je t'aime.
Que tes frères et ta soeur t'aiment. Que peu importe où tu te trouves, on t'aimera toujours. J'espère que t'es prête à nous accueillir quand notre tour viendra - pas avant un long moment j'espère - parce qu'on va foutre un bordel monstre. Comme d'habitude non ?
On est les Black et on est pas prêts de se ranger, s'assagir c'est pour les gens responsables.

Je remontais à la surface. Cette fois aucune larme ne coulait sur mes joues. Parce que j'en avais fini d'avoir peur.


NDA : du coup si vous ne l'aviez pas compris, le soir du 4 octobre 1976 c'est la journée qui se déroule dans le chapitre 12 : «  1,2,3... 4 ? » dans lequel Cassie raconte ce qui est arrivé à sa soeur.

Les Triplets BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant