23 octobre 1919, 23h47.
Quelque part dans un logement de l'infamé quartier de l'East End, Londres.
Orla et Jessie sont arrivées pile au même moment en bas de leur immeuble, alors que le Soleil s'était couché il y a des heures déjà.
Jessie était étonnée de voir Orla si tôt - cette dernière n'était supposée rentrer que demain.
Orla était étonnée de voir Jessie si tard - habituellement, cette dernière ne rentre jamais après 21 heures.
- Finalement, j'en avais fini plus tôt que prévu dans mes recherches et j'ai pris un train plus tôt, explique l'une.
- Et moi, je suis restée au bureau plus longtemps, parce qu'une rédactrice était malade et qu'il a fallu écrire ses rubriques à sa place, éclaire l'autre.
Une fois dans leur petit appartement, Orla s'occupe de fermer tous les rideaux tandis que Jessie met une bouilloire à chauffer sur le vieux poêle.
- Alors, comment était Birmingham? demande Jessie quand elles sont assises autour de leur minuscule table ronde, chacune une tasse de thé brûlante à la main.
Orla lui raconte ses péripéties - dans leur intégralité, cette-fois ci, sans omettre le bref épisode de kidnapping qui fait presque s'étouffer sa colocataire avec sa boisson.
- Je pensais que tu plaisantais! (Elle lui lance un regard accusateur.) Rassure-moi, tu es allée voir la police, au moins?
- Je... Et bien, c'est marrant que tu en parles, parce que je n'y ai pas vraiment pensé, sur le coup.
- Tu t'es faite kidnapper et tu n'as pas pensée à aller voir la police?
- Et qu'est-ce que j'aurais dit? « Bonjour, j'ai été enlevée pendant une vingtaine de minutes dans le cagibi d'un bar, mais finalement quand j'ai demandé à être libérée, on m'a laissée sortir sans problème »?
Elle a essayé de prononcer le tout sur le ton de la plaisanterie, mais le cœur n'y est évidemment pas. Orla n'avait en effet pas pensé à demander de la justice à la police, pour la simple et bonne raison qu'elle a appris, au fil des mois, que ses papiers d'identité irlandais lui portaient très facilement préjudice.
Sa nationalité, cumulée avec sa condition de femme et de prolétaire, comme en parle tout le temps Jessie : pas exactement le meilleur mélange.
- Mais au final, grâce à ce monsieur Thomas Shelby le kidnappeur, j'ai pu retrouver son frère, le Lieutenant-Colonel que je cherchais, essaye-t-elle de positiver.
- Et il t'a aidé, lui, au moins? demande une Jessie peu convaincue en croisant une jambe sur l'autre.
- Oui. Il n'avait aucune piste sur Kieran, mais il a fait ce qu'il a pu. Beaucoup plus que ce qu'il devait, en réalité : il m'a même accompagné à Warwick, ensuite.
- Tu as traversé le pays avec un parfait inconnu?
La pauvre Jessie n'est visiblement pas au bout de ses peines.
- C'était un trajet de 35 minutes, qu'il avait prévu de faire de toute façon.
- Hm. (Jessie prend une gorgée de son thé.) Et par curiosité, il est comment, ce Lieutenant-Colonel? A part gentil.
Il est marrant, avec son tic qui consiste à vouloir remonter des lunettes sur son nez qu'il oublie visiblement qu'il n'a pas. Cela donne envie de lui donner des lunettes juste pour qu'il puisse ne pas faire ce geste en vain pour une fois.

VOUS LISEZ
Ephraïm Shelby » Peaky Blinders
FanfictionBirmingham, 1919. Après de longues années de guerre, Ephraïm Shelby rentre dans sa ville natale, Birmingham. Pour des raisons obscures et pleines de suspense que je vous invite à découvrir, il ne s'attendait pas à des retrouvailles avec sa famille...