29 janvier 1920, 11h47.
Boutique de mariage « The Dove », Londres.
- Je suis vraiment désolée, Orla, mais Ada a raison. (Debout devant elle, Polly Gray la dévisage de la tête aux pieds.) La robe que tu avais la dernière fois, ce n'était pas la bonne. Celle-ci, c'est celle dans laquelle tu es faite pour te marier.
Orla sent les commissures de ses lèvres s'élever. Elle ne s'est toujours pas totalement remise de la déception d'avoir vu sa première cérémonie de mariage annulée, mais peut-être que...
- Tu penses vraiment? demande-t-elle en se tournant vers le grand miroir à sa droite. Parce que je l'aimais beaucoup, mon ancienne robe, et celle-là n'a plus grand-chose à voir avec la précédente.
- C'est justement pour cela que celle-ci, c'est la bonne, insiste Polly. (Elle se met derrière elle pour ajuster la robe au niveau de ses épaules.) La dentelle de l'autre était très mignonne, mais tu es mieux sans.
- L'autre robe te portait, intervient une Ada assise sur un fauteuil à quelques mètres de là. Celle-ci, c'est toi qui la portes.
- Je n'ai pas vu l'ancienne robe, mais je suis d'accord avec mesdames, glisse la jeune vendeuse blonde qui s'occupe d'elle aujourd'hui. (Elle s'approche d'Orla et prend la relève de Polly au niveau des manches.) Il faut bien sûr imaginer que le rendu final sera beaucoup plus stabile quand les épingles auront été remplacées par de véritables coutures, un peu comme cela...
Dans l'heure qui suit, Chrissy - la vendeuse - s'arme d'une centaine d'épingles supplémentaires afin d'ajuster la robe qu'Orla porte dans le moindre détail. La longueur des manches, celle de la jupe, la largeur de la taille... Tout est calibré au millimètre près ; exactement comme Orla le souhaite (et comme Polly et Ada le conseillent).
Jusqu'à ce qu'au final, en se regardant de nouveau dans le miroir, Orla constate qu'elles avaient raison : cette robe est mieux que la précédente.
Pas au point que cela aurait valu la peine de voir la première cérémonie de mariage annulée, évidemment. Mais s'il faut une nouvelle robe, alors autant prendre celle-ci.
- Ouste, la chasse Polly au moment où Chrissy revient de l'arrière-boutique avec une jolie enveloppe rose dans la main. Tu n'as pas à savoir combien ta propre robe de mariage coûte - cela porte malchance. (Polly ouvre l'enveloppe et jette un coup d'œil à l'intérieur.) Mon Dieu, Chrissy, je veux acheter une seule robe, pas toute la boutique !
Ada et Orla échangent un regard mortifié, mais Chrissy n'a pas l'air d'en être à son premier rodéo, comme dirait Finn. D'autant plus que l'instant d'après, Polly a déjà griffonné un montant inconnu sur un chèque qu'elle tend à la vendeuse.
- Ephraïm vous remboursera, assure Orla à sa future belle-tante tandis qu'elles sont en train de sortir de la boutique. Je lui dirai de...
- En voilà une qui est déjà parfaitement à l'aise dans la vie maritale ! s'amuse Polly. « Mon mari payera ceci, mon mari payera cela... ».
Après le cocon douillet que constituait la boutique de mariage, le froid glacial semble d'autant plus violent à Orla, qui s'empresse de fermer un à un tous les boutons de son manteau jusqu'en haut. Même dans les quartiers chics de Londres, les riches ne sont pas encore assez puissants pour contrôler la météo.
- Tant mieux pour elle, estime Ada. Il faut bien que quelqu'un force Ephraïm à faire sortir de l'argent de son compte en banque... (Les trois femmes se mettent en marche ; le long d'un trottoir aux très jolis lampadaires peints en blanc.) Est-ce que tu connais le montant de sa fortune, Orla, par hasard? Je n'ose pas lui demander - mes frères et l'argent, c'est toute une histoire -, mais si tu as une petite idée...
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Ephraïm Shelby » Peaky Blinders
FanficBirmingham, 1919. Après de longues années de guerre, Ephraïm Shelby rentre dans sa ville natale, Birmingham. Pour des raisons obscures et pleines de suspense que je vous invite à découvrir, il ne s'attendait pas à des retrouvailles avec sa famille...