── Chapitre 20 : Orla.

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   4 novembre 1919, 09h49.

   Gare de Birmingham, Birmingham.

   Ce n'est pas dans cette ville qu'Orla aura trouvé son frère. 

   Mais peut-être que ce sera la bonne pour mettre le doigt sur un avocat compétent pour aider Jessie dans son divorce. 

   Il y a quelques jours, elle avait commencé ses recherches en appelant le numéro que cet Ephraïm Shelby lui avait donné - Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, lui avait-il dit. Elle s'était mise dans le couloir, avait attendu que la standardiste la mette en relation...

   ... et avait fini par tomber sur quelqu'un qui n'était visiblement pas Ephraïm Shelby, sauf si ce bon Lieutenant-Colonel s'est entre temps transformé en une dame qui lui a littéralement hurlé dans l'écouteur avant même qu'Orla n'ait le temps de le présenter.

- Excusez-moi, je crois que je vais rappeler plus tard, a-t-elle fini par marmonner entre des « Tu m'avais dit que tu rentrerais à sept heures, John » et des « Notre fille n'a même pas un an, et tu vas déjà voir ailleurs? ».

   Peu importe qui ce John est, Orla ne lui donne pas une très grande espérance de vie. 

   Mais revenons à notre recherche d'avocat. Une porte qui se ferme en ouvre toujours une en même temps : si jamais quelqu'un venait un jour à demander à Orla quel est sa phrase préférée, dans la vie, elle s'imagine répondre celle-ci (tout en ajoutant une petite histoire du type « ou en tout cas, c'est ce que mon père disait toujours », même si son père n'a jamais prononcé ces mots de sa vie).

   Puisque le Lieutenant-Colonel ne pouvait pas l'aider pour l'instant, elle a appelé une autre personne de la part de laquelle elle avait espoir de pouvoir trouver une piste : le bon vieux Major Campbell.

   En toute honnêteté, Orla s'imaginait très bien pouvoir vivre le reste de sa vie sans avoir à interagir avec ce vieil homme une fois de plus, parce que même s'il a toujours été très gentil et serviable, il lui paraît, rétrospectivement, peut-être un peu trop gentil et serviable.

   Les gens ne donnent rien sans rien. Une autre phrase à retenir (qui, cette-fois ci, a véritablement émané de l'esprit du père Cagney).

   Mais, par défaut, c'est bien le numéro de la centrale militaire où travaille le Major qu'elle a fini par dire à la standardiste.

   Cette-fois ci, pas d'insultes à l'autre bout du fil - victoire! Uniquement un Major Campbell, un peu trop ravi d'avoir un appel de sa part. 

   En quelques mots, Orla lui a présenté la situation ; lui a expliqué la façon dont une amie à elle était dans le pétrin car elle n'avait plus de quoi se payer les frais d'un avocat pour son divorce. Evidemment, au moment où le Major a entendu le mot « divorce », il a sonné tout de suite moins enchanté, et Orla a dû le convaincre que oui, la rédemption était encore possible pour Jessie, oui, vous avez raison, Major Campbell, c'est une terrible tragédie que de mettre fin à un mariage, mais c'est vraiment la seule solution, car son mari est très peu chrétien, et cetera, et cetera.

   Une discussion interminable, qui commença par les malheurs du divorce avant d'évoluer vers le Lieutenant-Colonel Shelby (Oui, il a été très aimable, monsieur le Major, je vous en remercie), puis du week-end aux courses que Campbell s'apprêtait à passer (Non, je n'ai jamais été voir des courses hippiques, mais je suis sûre que c'est aussi ravissant que ce que vous décrivez, monsieur le Major). 

   Vingt-cinq minutes plus tard, Orla a réussi à obtenir le mieux qu'elle a pu : un rendez-vous avec le Major, où il invitera également un ancien ami à lui, devenu avocat.

Ephraïm Shelby » Peaky BlindersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant