9Egara - L'éveil du dragon

Chapitre 2- Des hôtes très accueillants

Nous fûmes réveillés le lendemain par la pluie. D'abord légère, elle s'intensifia ensuite pour devenir torrentielle. Il fallut que l'on replie tout le campement en un temps record. Cependant toutes nos affaires étaient totalement trempées lorsque l'on put enfin monter en selle. Un petit galop fut nécessaire pour atteindre rapidement le village le plus proche tant la pluie était violente. La carte, rendue presque illisible par l'eau, semblait indiquer un village à l'ouest. Or, la seule route qui y menait était rendue impraticable par une coulée de boue venant d'une colline en amont. Bloqués sur un chemin de terre en plein déluge, il était impératif que l'on trouve un endroit où s'abriter. On rebroussa chemin, craignant une autre coulée de boue. La pluie nous empêcha de bien nous repérer et le vent qui était monté nous fouetta le visage. Plusieurs heures passèrent sans que l'on trouve refuge. Frigorifiée, je cherchai tout autour de moi une issue de secours mais mes sens furent perturbés et seul le bruit assourdissant du vent résonna dans ma tête. Tout à coup, j'eus une étrange sensation, comme un pressentiment qui me fit tourner le regard vers ma gauche. Malgré le voile d'eau qui amputait la qualité de ma vue, je parvins à discerner de l'horizon deux silhouettes. La première était celle d'un chien géant, la deuxième ressemblait à...

-Un homme ! Criai-je à mes compagnons, soulagée. Il pourra peut-être nous montrer un endroit où nous abriter !

Marc et Emma, ravis eux aussi de la découverte, ne se firent pas prier pour lancer leurs chevaux dans la direction que j'avais indiquée. Marc prit le risque de se faire reconnaître : la fuite serait facile dans une telle tempête. Enfin... la traque serait plus compliquée. Chaque foulée nous mouillait un peu plus, je finis par me demander si l'on pouvait être plus trempés qu'on l'était déjà. J'eu ma réponse quand on passa dans une immense flaque au galop qui acheva d'imbiber d'eau la moindre parcelle de peau qui aurait pu être sèche. Notre arrivée se fit remarquer par le chien géant qui se révéla encore plus gros de près. D'un pelage gris cendre, la bête prévint son maître de notre présence en aboyant de toutes ses forces, les crocs découverts. On ralentit alors l'allure pour finir par nous arrêter à quelques mètres de l'homme.

« Bonjour voyageurs, vous êtes perdus ? » demanda-t-il, un manteau étendu au-dessus de sa tête pour tenter de préserver un peu de sec.

-On cherche un endroit où s'abriter, la tempête nous a surpris. Vous savez où on pourrait nous rendre ? répondit Emma.

Il fallut beaucoup élever la voix pour se faire entendre, on aurait dit un dialogue entre deux sourds. L'homme, un fermier de la région, affirma qu'il pouvait nous héberger le temps que la météo se calme.

« Mon bétail s'est échappé, je dois d'abord le retrouver ! Partez devant, dites à ma femme que je vous envoie, je reviendrai quand j'aurai trouvé mes bêtes. »

Cependant, en entendant l'orage gronder et voyant la lumière baisser jusqu'à ce que l'on puisse penser qu'il était minuit passé, Marc refusa de laisser l'homme s'aventurer seul.

« C'est trop dangereux, vous pourriez vous blesser. » hurla-t-il pour se faire entendre.

L'homme, généreux mais incroyablement têtu, refusa de s'en aller.

Marc finit alors par proposer qu'une fois la tempête finie, on l'aiderait tous les trois à retrouver son bétail, pour le remercier de son aide. L'homme hésita mais se décida enfin lorsqu'il vit son chien géant frigorifié, le pelage collé à la peau. Il nous fit signe qu'il acceptait et grimpa sur le dos de son compagnon. Il se plaça en tête de file et nous mena rapidement à l'endroit promis. Le trajet ne fut pas long, les chevaux galopant à toute allure, comme s'ils comprenaient qu'ils seraient bientôt protégés. La vue d'une modeste maison entourée de pâturages nous soulagea tous et la perspective d'une nuit à la merci de la tempête s'éloigna enfin, pour notre plus grande joie.