Chapitre 6 - Le chasseur et la proie

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C'est sur le sol de la salle d'entraînement que j'eus la joie de découvrir en quoi consistait la partie "combat" de ce programme.

"On se relève. Quelles ont été tes erreurs?" me demanda Max alors que j'étais encore semblable à un tapis.

"T'affronter?" fut la première réponse qui vint à mon esprit, mais le regard froid de mon professeur me dissuada de demander.

"Je dirais que j'étais trop focalisée sur tes mains. J'ai du mal à suivre tous tes mouvements et tu en profites pour me faire tomber dès que je suis trop focalisée sur une partie de toi... c'est à dire à peu près tout le temps"

Je me relevai avec un petit grognement dû à l'un des bleus que j'avais déjà sur la jambe. Je n'avais jamais reçu aucun cours de combat et le premier n'était pas le plus plaisant. Sa technique totalement maîtrisée alliée à ma force de crevette donnait un cocktail dévastateur.

Max me fit signe de revenir à la charge. Il se tint devant moi, avec un semblant de garde: je la compris volontairement imparfaite, mais elle suffit déjà largement à m'arrêter. Ses mains, levées proche de sa tête en quinconce, étaient au centre de mon attention. Je ne parvenais pas à m'en défaire et les rares moments où je regardais ses jambes, armes qui me faisaient perdre régulièrement mon équilibre, ses mains m'entravaient immédiatement. Malgré sa carrure, il était doté d'une grande agilité. Par moments, je me demandai si ce n'était pas un serpent que j'affrontai: rapide, agile et souple, il se mouvait avec une grande assurance et un calcul précis de ses moindres gestes, tant et si bien qu'il n'était pas rare que mes yeux ne sachent plus où il était.

Malgré les incalculables chutes desquelles je dus me relever, les enseignements étaient riches. A chaque fois que je me retrouvais immobilisée, Max prenait quelques secondes pour me laisser le temps d'enregistrer les prises qu'il venait d'utiliser. Le temps de deux à trois secondes je pouvais mémoriser la place de sa main droite, de sa jambe etc... Après ce cours temps, je finissais irrémédiablement au sol.

"Essaye encore! On ne baisse pas les bras!" me dis-je en boucle au sol.

Il me regardait toujours avec un visage dénué d'expression, et après deux heures d'entraînement, je ne voyais aucune goutte de sueur perler sur son front ni la moindre trace de fatigue. Pire encore, son odeur était restée la même, malgré une légère trace laissée par Sheitan due à la promenade matinale, il ne portait pas le désagréable parfum commun aux sportifs recouverts de transpiration. Tandis que je me relevais, Max se remit en place:

"Rappelle-toi: agir vite, de façon efficace et par tous les moyens." me répétai-je en observant attentivement mon adversaire afin de trouver une parade.

Par respect (et peut-être aussi par peur des représailles), je me défendis de viser les parties génitales. Mes yeux se déplacèrent sur tout son corps pour me demander ce qui pourrait lui faire perdre l'équilibre, ou bien juste le déconcentrer quelques dixièmes de secondes. Ça représenterait déjà une victoire. Il fallait aussi prendre en compte le fait que je commençais sérieusement à fatiguer: mes muscles tremblaient, mes genoux avaient du mal à ne pas flancher.

"Mais oui! J'ai trouvé!" pensai-je en mon fort intérieur.

Tout à coup, une idée me sauta à l'esprit. Après une grande inspiration, je me mis en garde (celle que j'avais copiée sur mon professeur) et fis quelques pas dans sa direction. Nos regards se croisèrent, je vis bien que le sien était vif, bien plus que le mien. Au fond de moi, la hargne de gagner enfla, mon égo étant entièrement remonté à la surface, me faisant oublier mon état physique. Il ne voulait pas laisser passer une telle défaite. Le temps passé à analyser la situation m'avait permis de faire baisser mon rythme cardiaque et de reprendre le contrôle de mes pensées. Sans doute, la psychologie avait beaucoup joué dans mes échecs consécutifs. C'est donc avec un sourire que je décidai de me mesurer une nouvelle fois à Max. Légèrement de profil, je mis mes forces dans mes hanches en levant mon poing droit. Le mage leva légèrement sa garde, il anticipa même déjà la riposte. Quelle fut sa surprise lorsque mon poing ne se dirigea pas vers sa tête ou même son buste! Enfin c'est ce que j'espérai, car je ne pus pas voir son visage: j'avais utilisé l'inertie de ma feinte vers le bas pour me faire passer dans le dos en faisant une roulade sur la gauche. Il fallut faire vite: chaque seconde compta. Arrivée dans son dos, je me relançai vers l'arrière en prenant appui sur mes bras, le dos face au sol, afin de lancer un coup de pied dans le genou de mon professeur. La poussée de mes bras me permit de me retrouver immédiatement sur mes jambes. Mes yeux se tournèrent immédiatement vers ma cible pour voir le résultat de ma manœuvre.

9Egara - L'éveil du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant