Chapitre 4 - Un simple mage

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Il devait être deux ou trois heures du matin et Morphée ne m'avait toujours pas accepté dans ses bras. Le matelas était moelleux, confortable... peut être trop tout compte fait. Jamais de ma vie je ne m'étais allongée sur un tel matelas, mis à part lors de ma sieste de la veille. Cette fois-ci, malgré mon état d'épuisement, je ne parvins pas à m'assoupir et les éléments qui se déchainaient au dehors depuis près de trois heures ne furent pas d'une grande aide. Les éclairs de l'orage qui grondait illuminèrent par intermittence l'ensemble de ma chambre et ce malgré les rideaux fermés. J'étais donc là, allongée sur ce matelas de rêve, incapable de de dormir, à quelques heures du réveil. Je ne fis que penser à ce que m'avait dit Marc. Qu'allais-je apprendre dans quelques jours? Que se passerait-il demain?

"Finalement, peut-être que je suis tombée dans un immense traquenard et que je me suis entièrement fourvoyée... Tout cela est bien trop beau pour que ce soit vrai, je ne crois pas que la seule contrepartie soit de me rendre utile au sein du bastion. Mais alors quoi...?"

Le grondement du tonnerre se fit de plus en plus entendre, l'orage continua de s'intensifier. Je tentais d'en faire attraction et de faire le vide dans mon esprit. Au bout de plusieurs minutes, je parvins enfin à retrouver un semblant de calme. Tout à coup j'entendis un éclair si clairement que l'on eût cru qu'il était dans le bâtiment même. La surprise fut telle que je me relevai instinctivement. Redressée sur mon lit, je tentai d'écouter ce qu'il se passait: à près tout, peut-être qu'une fenêtre s'était ouverte. Mais mes sens, alertes, me firent comprendre que la sensation de froid que je ressentis soudain n'était pas due à une simple fenêtre, plutôt... une porte! Un présentiment me fit me lever vivement de mon lit pour sortir de ma chambre. Je me souvins que je ne portai même pas de chaussures alors même que j'étais sur la passerelle. Mais pas le temps d'y retourner, mon instinct avait eu raison: vent et pluie s'engouffraient par la faille qu'avait créée la porte en s'entrouvrant. Même en étant en haut des escaliers, mes cheveux furent soufflés en arrière. Mais le plus surprenant dans tout cela, c'était la silhouette qui apparut dans la pénombre lorsqu'un éclair illumina le temps d'une seconde l'ensemble de la grande salle. A elle seule, elle était parvenue à ouvrir les deux battants de la gigantesque porte alors même que la tempête se déchaînait!

Je dévalai les marches à toute allure lorsque je vis la silhouette chanceler sous la force des éléments. Je fus aux pieds de la porte en quelques foulées rapides pour prêter un peu d'aide à cette étrange personne. Le vent me fouetta le visage et siffla dans mes oreilles, accompagné d'une pluie glaciale à qui quelques secondes suffirent pour me congeler toute entière. Les lunes au dehors, secondées par les éclairs, offrirent une lumière bleutée faiblarde qui ne me permit que de deviner les contours de la personne que j'aidai. Celle ci avait la tête enfoncée dans la capuche d'un long manteau noir tombant jusqu'à ses pieds. Sans adresser ni un mot, ni un regard, comme si elle n'avait pas remarquée ma présence, la silhouette entreprit de refermer la porte. Je l'imitai en posant mes mains sur le bois, les bras tendus, les pieds ancrés dans le sol pour pousser de toutes mes forces. Sous l'action de nos bras la porte se referma et lentement le passage que s'étaient frayés les éléments s'effaça dans un long grincement plaintif. L'éclat de la lune sur le sol mincit pour ne devenir qu'un fin faisceau de lumière qui disparut lorsque l'on parvint enfin à clore la salle. Les grondements devinrent sourds, stoppés par les murs du bâtiment, ce qui laissa du répit à mes oreilles. Essoufflée par l'effort inattendu, il fallut plusieurs secondes pour que je remarque que la silhouette n'était plus à côté de moi. Je me redressai pour tenter de la retrouver: elle n'était qu'à quelques mètres derrière et se dirigea d'un pas las et fatigué vers la première chaise disponible autour de la table. Des gouttes d'eau dégoulinèrent de ses vêtements, formant un chemin aqueux sur les pierres au sol. Mes jambes me menèrent d'elles même à cette personne, assise, les épaules voûtées, les bras croisés sur les genoux, le visage toujours dissimulé. Le froid que je ressentis à cause de la pluie me rappela ce que venait d'affronter cette silhouette. Sans vraiment réfléchir, je me postai devant elle:

9Egara - L'éveil du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant