9Egara - L'éveil du dragon

Chapitre 3 - Le général d'Avestil

Le soleil frôlait l'horizon de ses rayons matinaux. Nous descendîmes aux écuries de l'hôtel afin de trouver des montures fraîches pour le trajet dans la forêt, les nôtres ayant fait trop de chemin pour supporter celui qui nous attendait. Il suffit de dire « forêt interdite » pour que l'on nous propose les meilleurs chevaux de l'écurie. Emma les examina alors et un simple coup d'œil lui suffit pour secouer la tête en signe de refus. Marc suivit son avis et refusa de prendre les animaux, en trop mauvaise forme physique. On décida donc d'aller en ville pour trouver des chevaux qui tiendraient le coup, le bastion rebelle étant trop surveillé pour nous aider. Nos quelques sacs en main, on quitta l'hôtel pour nous enfoncer dans les rues de la ville. On fit plusieurs écuries mais bien souvent on nous montrait de braves bêtes faites pour le travail dans les champs ou la peau sur les os . Les deux mages commencèrent à s'impatienter au bout de la quatrième écurie.

« C'est pas possible de ne pas réussir à trouver un bon cheval en bordure de forêt quand même ! » fulmina Emma sous le regard amusé mais tout aussi surpris que Marc.

Je finis par devoir demander à un passant où on pourrait trouver de bonnes montures. Celui-ci réfléchit quelques secondes avant de me répondre, embêté :

« Essayez de marchander avec un membre de l'armée du général. Ils ont pris tous les bons chevaux il y a quelques semaines. Si vous pouvez mettre le prix, il y a moyen de s'arranger. »

Je sentis les deux mages s'échanger un regard sous leurs capuches derrière moi. Je compris leur surprise et demandai :

« Le général ? Il est en vi... »

Je ne pus finir ma phrase car des cris indignés s'élevèrent depuis la foule. Les têtes de cavaliers dépassèrent de l'ensemble de la masse, accompagnés d'étendards... du royaume.

« Quand on parle du loup ! » soupira Emma.

La foule se scinda en deux pour laisser passer les cavaliers de l'armée royale. A sa tête se trouvait l'homme que nous avions croisé sur la route de la ville lorsque Marc avait arrêté le temps. Il portait le même uniforme et les mêmes insignes : c'était bien là le général. Son visage fier et arrogant affichait un air confiant, entouré de ses hommes tout aussi souriants. Sa musculature très développée gonflait ses vêtements et démotivait quiconque de peu entraîné à se mesurer à lui. Mes deux amis se mirent en garde : sans chevaux, impossible pour nous de nous enfuir, il fallait absolument qu'ils gardent leurs identités secrètes. Leur têtes cachées sous les capuches, je leur servai de guide pour tenter de nous éloigner discrètement de l'amas. Pas facile car les gardes alpaguaient tous ceux qui se trouvaient dans un périmètre proche. En les observant de plus près, je vis que les plus bavards étaient bien souvent les plus hauts gradés. Les fantassins, eux, suivaient sagement le cortège dans un mutisme complet, le regard sombre, les épaules courbées. Passer inaperçue dans une foule agitée en étant suivie de deux silhouettes qui ne veulent pas montrer leurs visages est bien plus compliqué que ce qu'il parait. Je tentai désespérément de nous mener plus loin tout en affichant le même air enjoué que le reste de la foule face aux soldats royaux. Tâche encore plus difficile quand on exècre les dits soldats. Marc et Emma à ma suite, je me faufilai agilement et le plus discrètement possible hors de l'agitation. Ma tactique sembla fonctionner sur plusieurs mètres qui me semblèrent interminables. Cependant son efficacité disparut totalement lorsqu'un cavalier m'appela dans mon dos. Je continuai de marcher, feignant de n'avoir pas entendu. Mais l'homme finit par hausser sa voix grave et précisa « La jeune femme blonde, de dos ». Le tohu-bohu s'estompa sans pour autant disparaître. Des regards se posèrent sur moi et j'eus la certitude qu'il n'y avait aucune autre jeune femme blonde de dos dans les parages, à mon plus grand regret. Bon sang, la ville était-elle peuplée de bruns aujourd'hui?! Je me retournai, une boule au ventre, le visage faussement rayonnant pour répondre à la voix grave. Marc en profita pour me murmurer :