Chapitre 3 - La forêt interdite

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Les foulées des chevaux s'enclenchèrent et mon regard se tourna vers l'avant. J'empruntai les plus grandes rues, faciles d'accès pour les trois chevaux que j'emmenai avec moi, mais ne sachant absolument pas où aller. J'évitais les quartiers qui me semblèrent être les plus risqués tout en priant pour que Marc et Emma viennent à ma rencontre. Les ruelles animées regorgeaient de boutiques en tous genres d'où les passants entraient et sortaient en nombre. Je commençai à perdre espoir après une vingtaine de minutes à déambuler dans les rues bondées. Les chevaux qui m'accompagnaient étaient sans aucun doute les plus beaux des environs et dénotaient avec les habituels traits ou demi-traits que l'on croisait à chaque coin de rue. Les envieux qui lançaient des regards intéressés sur les bêtes se firent de plus en plus nombreux. Fort heureusement, aucun ne m'attaqua.

Je finis par me dire que Marc et Emma étaient partis de la ville, qu'ils étaient partis sans un mot. En quel cas je me retrouvais perdue dans une région qui m'était totalement inconnue, sans défenses et possiblement recherchée par les soldats royaux. Ma monture arrêtée, quelques secondes ne furent pas de trop pour m'aider à réfléchir. L'hôtel, que j'avais pris soin de ne pas approcher de peur de possibles espions dont m'avait parlé Marc, n'était pas à préférer. Cependant il me parut important d'aller vérifier si les deux rebelles n'y étaient pas.

Je m'apprêtai à revenir sur mes pas quand, tout à coup, une odeur familière vint titiller mon odorat. Ces odeurs, c'étaient celles des deux mages ! Enfin ! Intimement soulagée, je m'avançai vers la source de l'odeur, coupant le passage aux piétons qui allaient contre moi. Depuis le dos de ma monture, je surplombai les têtes de la foule. C'était près de la porte d'une taverne que mes amis attendaient. Je me rapprochai et mis pied à terre à quelques pas d'eux. Les deux têtes encapuchonnées se levèrent d'un même mouvement, sans pour autant prendre le risque de dévoiler tout leurs visages. Mais avant qu'il ne puisse dire un mot, je les coupai d'un signe de main. En regardant Marc, je pointais du doigt mon poignet gauche, comme pour montrer une montre. Celui-ci comprit immédiatement et, sans attendre, les piétons s'immobilisèrent d'un coup. Je soupirai de soulagement tout en me rapprochant de la selle de mon cheval. Entre les quartiers de cuir se trouvait caché un petit cylindre noir sous le pli du grand quartier. Je le pris entre mes doigts, en prenant soin de le montrer aux mages intrigués avant de l'écraser sous leurs yeux.

-Un mouchard, dis-je enfin, l'objet écrasé entre mes doigts.

Les deux laissèrent paraître leurs stupéfactions :

-Comment...Comment as-tu su ?

-Il avait une odeur trop différente des cuirs et émettait un léger crissement, je me suis méfiée, repondis-je en haussant les épaules.

Mes sens surdéveloppés s'avéraient encore plus utiles que je le pensais. J'étais chaque jour un peu plus contente de les voir gagner en précision. Cette fois-ci, ils m'avaient permis de ne pas dévoiler l'identité de mes « compagnons aveugles » au général. Je ne développai pas plus le sujet, estimant plus important de leur expliquer le mensonge que j'avais inventé en détail.

-On va donc devoir commencer par longer la lisière de la forêt avant de nous y enfoncer. Sinon il se rendrait immédiatement compte de la supercherie.

C'était le hic que comportait mon idée. Enfin, j'ajoutai les découvertes que j'avais faites à propos de son pouvoir, en apparence simple, mais qu'il était parvenu à amplifier considérablement. Le ravissement des deux mages fut aisément perceptible: nous avions désormais une longueur d'avance sur l'ennemi, et cet atout pouvait s'avérer de premier ordre. Sans aucun doute, mes premiers pas en tant qu'espionne improvisée me firent gagner plus de points auprès de mes compagnons.

9Egara - L'éveil du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant