Chapitre 4 - Découverte du bastion

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Lorsque je sortis, je vis le visage d'Emma se ranima d'un coup. Elle se précipita vers moi pour me poser d'innombrables questions, la ressemblance avec la jeune Aria en fut surprenante. Il fallut que j'attende quelques minutes pour qu'elle reprenne son souffle et parle plus posément avant de pouvoir lui répondre:

"Le Maître accepte de me garder pour une sorte d'essai au quartier général. Si pendant les prochaines semaines je fais mes preuves dans un domaine, je serai autorisée à rester un peu plus longtemps. Sinon je serai envoyée comme aide de camp dans un autre bastion."

Le sourcil gauche de la jeune femme se souleva, en accord avec le reste de sa figure qui se muait en une grimace sceptique.

"Il est pénible quand il s'y met... Je le trouve un peu dur de te laisser seulement quelques semaines", dit-elle en soupirant.

Je ne me sentai pas légitime de la suivre dans son raisonnement, m'estimant déjà bien assez chanceuse et honorée de ce que m'avait offert le Maître. Je venais d'intégrer les rebelles, j'allais être entrainée, et en prime je pourrai garder la chambre car aucune autre n'était disponible dans les autres bâtiments!

"Enfin bon, au moins il ne t'a pas envoyé à l'autre bout du continent! Peut-être qu'il a eu vent de ton arrivée quelque peu originale et que ça l'a impressionné."

Je haussai les épaules puis elle me tira par le bras pour m'emmener vers l'escalier de pierres: elle souhaitait me montrer le bastion et me présenter aux autres mages. Je la suivi, excitée et stressée à la fois. On passa une petite porte de bois à droite des escaliers qui donna accès au reste du camp, porte qui, selon mon amie, ne devait être utilisée que par les mages y vivant et les médecins de l'hôpital. Elle était démesurément petite par rapport à ce qu'elle cachait: cinq immenses bâtiments de pierres taillés s'élevant sur 3 étages, chacun hauts de presque cinq mètres. Au milieu, une large esplanade herbeuse baignée dans la lumière du soleil couchant aérait le paysage. L'étendue était soigneusement entretenue et coupée en son milieu par deux axes perpendiculaires de circulation qui permettait d'éviter de longs détours. J'appris que cette étendue servait le plus souvent de terrain d'entraînement aux techniques de combat ou au besoin, d'assemblée où se retrouvent tous les mages lors d'annonces importantes. Une estrade était installée du côté du bâtiment principal, celui duquel nous sortions, permettant à une silhouette de surplomber l'ensemble de l'endroit.

Alors que le soleil embrassait l'horizon derrière le bâtiment le plus éloigné, teintant l'océan d'une touche rosée, de nombreuses silhouettes s'affairaient dans tout le Q.G. L'heure du dîner approchant, les cours s'étaient interrompus, laissant l'esplanade quasiment vide. Les mages qui n'étaient pas de garde, soit la grande majorité, disposaient de temps libre pour se reposer et se changer les idées. Certains se regroupaient sur l'herbe pour discuter, d'autres simplement pour lire. Je suivis Emma qui s'engagea sur un chemin de terre battue, ce qui attira à nouveau le regard de ceux que l'on croisa. Tous affichèrent une certaine surprise, mais jamais aucun ne fit de réflexion. La plupart me regardèrent brièvement puis passèrent leur chemin après avoir salué avec respect la mage que j'accompagnai.

De nombreuses odeurs me chatouillèrent les narines, j'essayai de les imprimer dans ma mémoire, comme pour mieux m'imprégner du lieu. Le parfum iodé de l'océan devint vite agréable, je mourrai d'envie de m'en approcher et même de m'y baigner. Mais avant cela, Emma me montra les bâtiments, tout en m'expliquant quels types de mages y vivaient. Elle prit le temps de me présenter à certaines personnes que l'on croisait, sans pour autant donner trop d'informations sur ma situation. Je reçus des salutations chaleureuse et bienveillantes, ainsi que quelques questions curieuses sur mes capacités, qu'Emma s'empressa d'écarter en changeant habilement de sujet. On visita l'ensemble du camp dans le sens inverse des aiguilles d'une montre: les deux premières principales constructions, codées A pour la première, B pour la seconde, suivies des cultures diverses. On ne s'attarda pas à se promener parmi les dizaines d'hectares de terres agricoles, une observation rapide suffit: des terres organisées et quadrillées et au centre, comme point de repère, un grand saule pleureur, surnommé "l'endeuillé". Bien souvent, m'apprit-on, s'y regroupaient des mages ayant perdu un camarade au combat, afin de se réfugier le temps de quelques minutes sous le feuillage tombant de l'arbre. Personne n'y était dérangé, à moins d'une extrême urgence, par respect. C'était l'un des rares endroits où l'on pouvait s'enfoncer dans une bulle et nous laisser nous submerger par nos émotions. Les cultures s'étendaient sur des centaines de mètres et s'arrêtaient lorsqu'elles étaient confrontées à la chaîne de montagne ou bien la falaise, du côté de l'océan.

9Egara - L'éveil du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant