Chapitre 4 : Le jour tant attendu

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Le pourquoi du comment me parut soudainement évident. La porte que je croyais ne pas exister était en fait particulièrement bien camouflée: le gémissement du métal provenait de la montagne elle-même! C'est avec des yeux ronds que je vis un pan de 4 ou 5 mètres de haut et de la même largeur de ce que pensais être la montagne, s'élever telle une porte automatique pour disparaître dans la roche. Elle laissa la place à un long tunnel éclairé par des dizaines de torches accrochées en ligne sur chaque parois du tunnel. Un vent pur avec une agréable odeur saline s'engouffra dans le passage pour venir s'échapper par l'ouverture, faisant vibrer les flammes des flambeaux. La lumière du soleil entamant sa descente dans le ciel dévoila un groupe de quatre personnes: deux à cheval, deux à pieds. Après quelques secondes de silence, les yeux plissés, je reconnus enfin la tête angélique de Marc et la silhouette élancée d'Emma, à côté des deux cavaliers. Après un instant de latence où chacun sembla sonder les silhouettes opposées, Marc et Emma s'élancèrent à ma rencontre, visiblement choqués.

-Toujours pas morte! leur dis-je en souriant lorsqu'ils arrivèrent à ma hauteur.

Emma arbora elle aussi un sourire radieu qu'il était rare de voir aussi large:

"Quel plaisir de le constater!"

Marc, qui lui aussi ne cacha pas sa joie, reçut bien vite une douche froide lorsqu'il faillit se faire attaquer par mon cheval quelque peu "spécial". Il me lança un regard lourd de sens en déclarant:

"Tu vas devoir me raconter des choses toi!"

Emma était repartie vers les deux cavaliers. Je l'entendis dire qu'elle se portait garante de moi et qu'ils pouvaient aller prévenir le Maître de la nouvelle. Les deux hommes acquiescèrent et ne se firent pas prier pour rebrousser chemin, leur chevaux peu rassurés par ma monture.

Je ne les avais pas vu depuis quelques heures seulement, mais revoir leur visage fut d'un immense réconfort. Je m'en voulais d'avoir douté d'eux. Pourtant, quelques instants plus tôt, l'angoisse avait été plus forte que moi et je n'avais pu l'empêcher de ronger mes pensées.

Marc me fit un signe de la tête pour m'inviter à les suivre, m'extirpant de mes pensées au passage. Après m'être assurée que je pouvais rester "en selle" auprès d'eux, je finis par m'engager dans le tunnel. La lumière du soleil fit alors place à des lueurs blafardes offertes par des torches placées tous les mètres des deux côtés du chemin. Celui-ci était encore plus long que ce que j'avais imaginé: il nous fallut marcher un quart d'heure d'un bon pas avant que la sortie, qui se résumait à un grand trou baigné dans la lumière, semble plus grosse qu'une noix. Les sabots griffus de mon cheval grattèrent le sol à un rythme cadencé mais je sentai sous mes mollets la furieuse envie de mon cheval de partir au grand galop.

Au fond de moi grandit l'excitation: plus que quelques minutes avant que je parvienne enfin à l'endroit dont j'avais tant rêvé durant mon voyage. Mon cœur se mit à battre la chamade à l'idée de pouvoir recommencer ma vie ici, d'être réellement utile et de servir une cause qui le méritait. A mesure que ma monture avança, des dizaines de sons et d'odeurs me parvinrent. Minimes en premier lieu, ils s'emplifièrent chaque seconde. J'entendis des voix sans comprendre encore ce qu'elles disaient, le claquement des sabots de chevaux sur un sol dur et même des lames qui s'entrechoquèrent. L'olfactif ne fut pas en reste: cette odeur salée que j'avais sentie à l'ouverture de la porte continuait de s'insinuer en moi, accompagnée maintenant de celles d'innombrables hommes et femmes, d'animaux ainsi que de la pierre. Beaucoup de pierres.

Enfin, les derniers mètres furent engloutis par nos pas et je fus alors éblouie par le flot de lumière qui m'enveloppa lorsque l'on sortit du tunnel. Par réflexe, je mis ma main devant mes yeux et baissai la tête pour me protéger de la puissante lumière du soleil.

9Egara - L'éveil du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant