Chapitre 7: La vérité

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Cela faisait maintenant trois semaines que mon entraînement auprès de Max avait débuté. Ces vingt et un jours avaient été riches aussi bien en apprentissage qu'en douleur. La forte impression que j'avais eu de mon professeur dès mon premier jour n'avait fait que s'amplifier encore et encore, inlassablement. Cependant, mon ressentiment envers son sale caractère en avait fait tout autant. J'avais tout d'abord attribué sa froideur constante au fait qu'il ne me connaissait pas, mais au bout de trois semaines, jamais je n'avais vu Max ne serait-ce qu'esquisser un sourire. Il avait conservé la même attitude de congélateur depuis le début, comportement qui allait de paire avec sa carrure de réfrigérateur. Etant quelqu'un de fondamentalement joyeux, côtoyer tout au long de la journée une personne aussi dénuée de joie n'était pas toujours agréable. Ce à quoi répondait une partie de mon esprit à moi même "Sophie, tu es chez des militaires, évidemment que l'enseignement n'est pas une partie de plaisir. Ne t'attends pas à ce qu'il te raconte sa journée en se faisant les ongles". Par ailleurs, je ne pouvais que saluer les progrès immenses que j'avais fait grâce à lui en moins d'un mois. Tout d'abord, sur le plan anatomique: mes muscles s'étaient progressivement gonflés, aidés des mixtures que j'ingérais sur les ordres de la soigneuse qui s'occupait de moi. Ils étaient encore loin d'être dans un état optimal, mais nous étions aux antipodes de leur ancienne piètre condition. En outre, mon souffle s'était régulé et j'étais devenue bien plus endurante. Mon cœur, enfin, se dotait au fur et à mesure des entraînements d'une grande vigueur. La magicienne soigneuse qui assurait mon suivi de façon hebdomadaire n'en revenait pas. Selon elle, même avec un excellent entraînement et une alimentation parfaite, il était impossible d'atteindre un tel résultat dans un laps de temps aussi court. J'étais moi-même surprise par un tel changement, que j'étais loin de regretter, mais pour autant j'adorais me mettre au défi pour voir jusqu'où je pouvais aller.

D'autre part, les changements sur le plan psychologique étaient à relever, bien qu'encore au stade de prémices: ma confiance en moi s'était construite à petits pas. J'étais moins timide et hésitante face aux grands mages que je rencontrais et prenais chaque rencontre pour une nouvelle expérience. Le meilleur exemple fut celui de ma rencontre (ou plutôt devrais-je dire ma première confrontation) avec Majora, l'autre général proche du Maître. Cela ne remontait qu'à une semaine seulement. La jeune femme revenait d'une longue mission dans l'extrème est du pays, au coeur des terres minérales qui s'était déroulée sur quatre mois. Le matin de son retour, Aria nous avait informés de son arrivée durant le petit déjeuner. Dès lors, j'eus un avant goût de ce que serait le personnage.

"Ha", fut la réaction de Marc. Le Marc enjoué qui aimait la terre entière, venait de réagir par une onomatopée peu engageante.

"C'est comme un chat: elle nous tolère, cohabite avec nous, mais on sent de sa part un certain sentiment de supériorité." avait commenté Emma avec désintérêt alors qu'elle finissait un fruit.

"Elle est surtout proche de Max et Heliot. D'après eux, elle a beaucoup de caractère mais est gentille." avait ajouté Valerian en haussant les épaules.

"Elle fait bien son travail, c'est tout ce qu'on lui demande, jeunes gens" avait conclu Dalia, le sourcil levé vers les mages en signe de remontrance.

"Fais toi ton propre avis sur la personne, et essaye de ne pas t'en faire une ennemie, par pur esprit pratique." conseilla Reeze en me lançant un clin d'œil, comme signe d'encouragement sans doute.

Un conseil avisé lorsque l'on voit quelle position elle occupait au sein de l'organisation rebelle, mais qui ne fut pas vraiment respecté. Notre première rencontre se déroula alors que Max me faisait faire des longueurs en mer. Tandis que je nageais depuis deux heures, le mage m'observait depuis la plage en dessous de la falaise. Alors que j'essayais de parvenir au bout des derniers mètres qui me séparaient de la terre ferme, les vagues devenant dangereusement grosses, une nouvelle odeur me parvint, malgré sa faiblesse. Je n'y fis pas attention d'abord, trop occupée à ne pas me noyer après qu'une vague m'ait engloutie quelques secondes. Mes jambes fatiguées par la séance plutôt intense eurent du mal à me porter jusqu'à la langue de sable. Une vague m'aida en me projetant directement sur la plage, ce qui me fit ressembler plus à une balea échouée qu'à une humaine. Après avoir failli me retrouver face contre sable, je me relevai pour rejoindre mon professeur quand je l'aperçu en compagnie d'une grande femme élancée aux longs cheveux argentés. Ils discutaient tous les deux et, surprise, j'aperçu sur le visage de Max une expression autre que la neutralité infinie. Était-ce bien un sourire que je vis s'initier au coin de ses lèvres?!

9Egara - L'éveil du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant