I NEED YOU.

Chapitre 18

PARTIE 3

"En trois mots je peux résumer ce que j'ai appris de la vie : elle se poursuit."

-Robert Frost

Elie

Nous attendons dans le grand hall du Daily Journal. Je ronge mes ongles et tape du pied au rythme d'une chanson qui est passée tout à l'heure à la radio de l'école. L'entrée est immense, une moquette gris anthracite recouvre le sol et des lustres gigantesques illuminent l'entrée. Un comptoir en métal accueille les clients. Une jeune femme brune en tailleur bleu s'approche de nous, elle est grande, encore agrandie par ses talons.

-Monsieur O'Donell ?

Ben se lève et la suit vers le comptoir, je leur emboîte le pas. La jeune femme, qui s'appelle si j'en crois le badge sur sa poitrine, Jane, tape quelque chose sur son ordinateur.

-Vous pouvez aller à l'étage deux, c'est là que vous trouverez le bureau du Directeur.

Nous la remercions puis partons appeler un ascenseur.

-Ben, et si le Directeur est un grand ami de ma mère et qu'en me voyant, il refuse de nous aider ?

Il se tourne vers moi et me regarde perplexe. Nous pénétrons dans la petite cabine de l'ascenseur.

-Nous sommes au Daily Journal, tu te souviens si ta mère est aussi proche de Monsieur Davis qu'elle l'est de mon père ?

Je réfléchis aux souvenirs que j'ai des soirées qu'organisait ma mère quand j'étais plus jeune.

-J'ai des doutes.

Il me sourit pour me donner confiance. La porte de l'ascenseur s'ouvre et nous nous dirigeons vers la porte du bureau.

-Laisse-moi te rappeler que le rôle d'un journaliste est de dire la vérité.

Je souris à mon tour, pas très convaincue. Je frappe trois coups à la porte puis attends qu'on vienne nous ouvrir.

-Mademoiselle, Monsieur O'Donell. Bienvenue au Daily Journal.

Je ne souris pas, ni ne lui serre la main. Lui aussi paraît surpris. Je crois que le Daily Journal a changé de directeur.

-Raphaël !

-Elinor !

Nous nous étreignons. Il nous invite à entrer et à nous asseoir.

-Je ne savais pas que tu étais maintenant à la tête de cette boîte.

Il nous sert un verre de café.

-Mon père est mort il y a deux ans et...

-Oh je l'ignorais, je suis désolée ! Ça a dû être un choc.

-Oui, surtout quand j'ai appris que c'est ma mère qui avait engagé quelqu'un pour lui rentrer dedans en voiture.

Je fronce les sourcils et le regarde perplexe. Il s'installe devant nous et s'appuie sur son siège. Le joli rictus que j'adorais quand j'étais encore innocente et jeune, apparaît sur son visage.

-Je rigole bien sûr, il est mort d'une crise cardiaque. J'ai donc hérité de la fabuleuse fortune de mon père, et j'ai décidé d'investir dans ce journal.

Dommage, il a raté sa vocation d'humoriste.

-Ça doit être du boulot.

-Oh que oui, mais je compte bien faire mes preuves avec un vrai premier article palpitant. (Il s'appuie sur la table et croise les mains). Dites-moi tout, je sais que Serena est dans le coup mais j'ignorais que c'était toi la victime de ces expériences.