I NEED YOU.

Chapitre 27

Elie

Je fulmine. Comment ose-t-il me priver de tout ce que j'ai réussi à construire après ce qui m'était arrivé au C.R.I ? Je dégage tout infirmier qui tente de me retenir au service des urgences. Merde à la fin. Je remonte l'escalier principal et atterris devant le service que je cherchais. Le service psychiatrique. Qu'est-ce que je déteste cet endroit mais c'est le seul moyen pour prendre l'air. Je passe devant l'accueil où il n'y a personne. Toujours bien organisé ici. J'ouvre la porte de secours et trafique l'alarme pour ne pas me faire choper. Bizarrement, une pierre bloque déjà l'ouverture.

Quelqu'un d'autre a peut-être eu besoin de s'aérer ? Je monte les marches quatre à quatre, je me sens déjà mieux rien qu'à la bourrasque de vent qui me fait tanguer. Je m'assois sur le rebord et profite de la vue pas si désagréable que ça.

-Il va y avoir enfin quelque chose de morbide ici, fait une voix dans mon dos.

Je sursaute. La voilà l'explication de la porte entrouverte. Je regarde par-dessus mon épaule. Un homme, grand, avec le même blouson que moi et des cheveux bouclés, fume une cigarette contre le mur.

-Je ne suis pas là pour sauter, idiot.

Il se rapproche en tapotant sur sa cigarette pour faire tomber les cendres.

-Qu'est-ce que tu fais ici, alors ?

Je me lève et essuie mes mains sur mon pantalon. Je reste en équilibre sur le muret qui est censé servir de garde-corps.

-Je vais peut-être me tuer si tu continues à parler.

Il me regarde amusé. Il se rapproche de plus en plus et m'attrape le bras pour que j'arrête de le défier. Je préfère ne pas me battre ici sur ce rebord de toit à au moins dix mètres de hauteur. C'est une mort pourrie de tomber d'un toit.

-Où est-ce que tu as eu ça ? demandé-je en pointant du menton sa cigarette.

Je descends du rebord, il ne me lâche toujours pas. Je remarque qu'il est vraiment plus grand que moi. A peu près la taille de Tyler. Il sourit toujours amusé.

-J'ai une idée, je te donne ce que tu veux et tu réponds à mes questions.

Je hausse les épaules et m'assois contre le muret cette fois-ci. Il me tend un briquet et une cigarette. Je ne fume presque jamais mais là j'ai besoin de m'occuper l'esprit.

-Je commence, dit-il en s'asseyant à côté de moi, tu fais quoi sur ce toit si tu ne veux pas mourir ?

Je rigole légèrement, je tire sur ma cigarette avant de lui répondre.

-J'étouffais à l'intérieur de cette prison.

Il ne me lâche pas du regard, je le regarde du coin de l'œil et remarque qu'il sourit.

-Depuis combien de temps tu es ici ?

-Deux heures je crois.

-Pourquoi ? m'interroge-t-il.

Je me retourne en fronçant les sourcils.

-Eh, laisse-moi en poser quelques-unes !

Il rigole et lève les mains en signe de capitulation.

-Je t'écoute.

-Toi, pourquoi tu te retrouves à fumer sur un toit d'hôpital ?

-Je fuis une sorte d'infirmière robot qui veut m'emmener voir une psy.

Je m'étouffe avec ma salive.

-Tu es aussi un de ces fous qu'on envoie ici ?

Il hoche la tête, l'air dégoûté.