Chapitre 8: EMMA

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Il est un peu plus de vingt et une heure quand je redescends, je ne m'attendais pas à voir Mattia.

- Bonsoir, me dit-il, comment ça s'est passé avec les enfants ?

- Bonsoir monsieur Costa, oui, je l'appelle par son nom de famille, ça reste mon patron après tout, bah écoutez je pense que tout c'est très bien passé. Andrea est un garçon adorable et Giulia est une adolescente discrète mais tout aussi adorable. Vous les avez vraiment bien élevés. Vous pouvez être fière.

- Je vous remercie, oui effectivement j'en suis très fière. Je vous laisse retourner chez vous. Je vous veux demain, à sept heures trente avec toutes vos affaires ici.

- Très bien je serai là. Merci encore de me laisser une chance. Je me retourne une fois devant la porte d'entrée. Oh, j'oubliais, Andrea vous a fait un dessin, il est sur la table de la salle à manger. Bonne soirée monsieur Costa, à demain.

Il me souhaite aussi une bonne soirée et je rentre dans ma voiture pour rejoindre mon petit studio. Dernière nuit ici. J'ai l'impression de sortir enfin de ce cauchemar qui me colle au cul depuis que je suis née. Je vois enfin le bout du tunnel, et ça, grâce à Mattia. Enfin, plutôt grâce au poste qu'il m'a offert.

Je repense à tout ce que Giulia m'a dit. Je la comprends dans un sens. Moi non plus je n'avais pas d'amis. Ils me trouvaient tous bizarre car je n'avais pas d'habits à la "mode", j'étais maigre, bah oui, je mangeais pas à ma faim. Cette petite ne mérite pas tout ce qui lui arrive au collège. Si ça persiste j'en parlerais a Mattia. Où bien je me déplacerais directement.

J'aurais aimé qu'on fasse ça pour moi, qu'on m'aide, avoir une personne sur qui compter. Mais les seuls personnes qui "étaient" la pour moi, ce sont mes parents. Enfin ils étaient surtout là pour me battre et m'engueuler. Toujours dans mes pensées, je me rends compte que je suis arrivée chez moi, qui bientôt, ne le sera plus.

Une fois chez moi, je me dirige vers mon petit placard pour prendre ma valise, mettre tous mes vêtements dedans. Je garde juste des sous-vêtements, une robe et un gilet pour demain. Je me dirige ensuite dans la salle de bain pour mettre tous mes produits de beauté dans la valise, sauf ce que je garde pour faire une douche. Je mettrai le reste en valise demain.

Je prends ensuite mon ordinateur et je rédige un mail à mon propriétaire pour le prévenir que je quitte le logement demain. On peut dire que ce logement ne va pas me manquer. Une télé, un clic clac qui me sert de canapé et de lit, une petite table basse, qui me sert de table à manger quand vient l'heure de manger. Une cuisine ouverte, enfin une mini cuisine avec un mini four, un petit frigo, deux meubles et un évier. Ma petite salle de bain comporte une petite douche dans un coin, un petit meuble avec un lavabo et un miroir au-dessus et des toilettes dans un autre coin. Cet appartement ne va pas me manquer, mais je suis quand même bien contente de l'avoir trouvé quand je suis arrivée en Italie il y a quatre ans.

Une fois que tout est dans la valise, je me mets en pyjama, mets mon réveil et mon téléphone à charger et je tombe dans le pays des cauchemars. Encore...

- Non papa, je te jure que je n'ai pas mangé les derniers cookies.

Et c'est vrai, ce n'est pas moi. Parfois maman mange les restes de biscuit, ou le restes de fruits, ou de repas et dit à papa que c'est moi qui l'ai mangé. Maman adore quand papa me frappe. J'ai jamais compris pourquoi. Et lui, adore quand maman me frappe.
Je n'ai pas le droit de manger. Je mange que quand je suis autorisé, tous les deux jours généralement mais j'ai le droit à de l'eau tous les jours. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que quand je leur fais à manger, j'en profite pour grignoter par ci, par là.

- Arrête de mentir petite salope ! Ta mère m'a dit que TU les avais mangé.
Ça ne sert à rien de répondre, alors je prends ses coups en silence, je pleure en silence et je prie pour soit m'évanouir, soit qu'il s'arrête.

Et je me réveille en sursaut. Comme d'habitude. Je me rappelle de ce jour-là. Un peu comme tous d'ailleurs. J'ai eu le droit à des coups de pieds sur mon corps, partout et des coups de ceinture. Parce que ma mère avait mangé les cookies et avait dit à mon père que c'était moi.

J'ai pris des coups tous les jours de ma vie. Sauf quand ils me jugeaient trop faible. Alors ils m'attachaient, soit dans ma chambre ou dans la cave trois, quatre jours pour que je reprenne des "forces" et ça recommençait.

Je regarde l'heure, il est cinq heures du matin. Nuit terminée, je me lève, prend mes vêtements que j'ai laissé pour aujourd'hui et je vais à la douche. Pendant mon brossage de dent, je regarde ma cicatrice sur mon sourcil gauche. J'avais bien eu mal aussi ce jour-là. Je me dirige ensuite dans ma douche, me lave et je regarde toutes mes cicatrices. J'en ai vraiment partout sur le corps. C'est moche. Vraiment.

Une fois lavée, je sors, me sèche et m'habille d'une robe longue avec un gilet fin. Il fait chaud en Italie, alors je me contente de robe longue avec un gilet quand il n'y a pas de manche. J'ai pas envie qu'on voit mes cicatrices.

Ma robe est bleu marine, simple mais très belle. Mon gilet est lui, noir. Mon maquillage reste léger, mascara, rouge à lèvres. Ni plus ni moins. Pour mes cheveux, je les attache en queu de cheval. Ça fera l'affaire. Ensuite je range tout le reste de mes vêtements dans ma valise et la referme. Je mets mon chargeur dans mon sac à main. Il est six heures trente. J'envoie un message à Maria qu'elle ne prépare pas le petit déjeuner, je vais ramener des viennoiseries.

[ - Coucou Maria, j'espère que tout va bien ? Je serai là plus tôt que prévu avec des viennoiseries, prépare rien pour le petit déjeuner, je m'occupe de tout. A tout de suite Nonna.]

Elle m'a autorisé à l'appeler Nonna. Je pense que je suis devenue importante pour toute la famille Costa en même pas vingt-quatre heures. Mais tout comme ils sont devenus important pour moi.
Je n'attends aucune réponse et prends toute ma valise, la nourriture qu'il me restait, ferme le studio à clé et descend jusqu'à ma voiture.
Ca fait dix minutes que je roule et j'ai enfin trouvé une boulangerie. Je me dirige vers celle-ci.

- Bonjour madame, je souhaiterais vous prendre des viennoiseries s'il vous plaît.

- Bonjour, bien sûr, que souhaitez vous ?
- Je vais vous prendre des croissants, pains aux chocolats, pains aux raisins et des chaussons aux pommes s'il vous plaît.

Elle me prépare ma commande, me donne le prix. Je paie et récupère ma commande, et prend la route direction de la villa de Mattia, ma nouvelle demeure jusqu'à ce que Mattia décide d'y mettre fin.

A SUIVRE...

La nounou des enfants Costa - MafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant