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GP d'Australie - Piarles

Charles était furieux. Dépité. Dégoûté. Bouillant de rage et de culpabilité.

Non, ces mots ne s'étaient pas assez forts pour exprimer ce qu'il ressentait. C'était une pure catastrophe.

Il n'avait même pas fait deux tours. Et il était déjà dans les graviers. On aurait pas pu faire pire. Le premier DNF de la course. Au bout d'à peine quelques minutes.

Quelle journée de merde.

Il revient à son box, exténué. Il en veut à la terre entière. Il voudrait crier contre chaque personne qui croise sa route. Le monégasque s'enferme dans sa driver-room, fou de rage. Il se change et se laisse glisser au sol le long du mur. Il ramène ses genoux à sa poitrine, laisse quelques larmes couler. Il sait qu'il vaut mieux qu'il se calme maintenant qu'il est seul, quitte à prendre un peu de temps, plutôt que d'affronter les journalistes dans un état instable. C'est une action qu'il risque de regretter plus tard et il le sait.

Le brun sort de la pièce, traverse le garage, et se dirige vers la zone média. Il passe par le parc fermé, où se trouve déjà des journalistes et photographes. Il réponds aux questions assez simplement, il n'a pas envie de se prendre la tête avec ça. Mais plus vite il aura fini, plus vite il pourra retourner suivre la course.

Seulement, alors qu'il parle avec un journaliste, celui ci s'interrompt brusquement.

_Cela vient de se produire à l'instant, les deux voitures Alpine se sont rentrées dedans, causant l'abandon des deux pilotes de l'écurie. Nous vous savons très proche d'un des pilotes, Pierre Gasly, qu'en pensez-vous ?

Plus le journaliste poursuit sa phrase plus le visage de Charles se décompose. Pas ça. C'est impossible. Surtout qu'il avait repéré un groupe de fan de l'écurie dans les tribunes qui se réjouissaient souvent, ce qui signifiait que la course était bonne jusque là. Son cerveau avait beau retourner l'information dans tout les sens, il n'arrivait pas à l'assimiler.

Voyant que Charles pensait trop pour répondre, le journaliste lui tendit sur un téléphone les images des deux monoplaces plantées sur le côté du circuit. Pierre et Esteban qui évitaient de se regarder. Les voitures amochées.

Les traits du monégasque se tirèrent pour laisser apparaître toute sa déception et sa tristesse pour son meilleur ami. Il n'avait qu'une envie: courir jusqu'à Pierre et le serrer dans ses bras.

_Putain de merde...

Charles resta bouche bée, dans le déni. Le Normand était alors cinquième, et Esteban dixième. Il ressenti ses sentiments de tout à l'heure refaire surface, il devait partir de toutes ces caméras. Il s'excusa brièvement à la presse et sprinta pour retourner au box. Dès qu'il arriva, il demanda à revoir les images. Et là, il contemple une nouvelle fois. Le départ après la safety car désastreux. Les voitures qui quittent la piste l'une après l'autre. Les pilotes qui perdent le contrôle à cause de la proximité des véhicules. L'accrochage des Alpine.

Le pilote aurait volontiers explosé quelque chose si il avait pu. N'importe quoi. Juste casser un objet quelconque et extérioriser sa colère. Il se contente de crier faiblement en faisant les cent pas. C'est définitivement une journée merdique. Il retourne s'enfermer dans sa room attitrée, ignorant les personnes qui tentent de lui parler. Une fois à l'abris des regards, sa colère sort. Son poing heurte de plein fouet le mur en face de lui, sa voix retentit dans la pièce.

Une image apparaît dans la tête du monégasque. Un Pierre triste, effondré. C'est l'une des pires visions qu'il ait jamais vu, il détestait de tout son être le voir ainsi. La déception dans ses yeux si bleus, ses traits relâchés sans la moindre trace de son sourire. Ce sourire qui pourrait faire tomber le monde à ses pieds. Rien que l'imaginer comme ça lui brise le cœur d'avance. Il se note de le prendre dans ses bras; une deuxième fois. Il va en avoir des étreintes à lui donner cet après-midi, il le sent. Bon, au moins la course est presque finie. Le cauchemar s'achève petit à petit.