Chapitre 16

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Harry ne sembla pas perturbé par les mots de Drago. Il haussa juste les épaules, indifférent.

— Le résultat est le même. Je suppose que le Ministère a commencé à te chercher à l'instant où j'ai pris la tête de la famille Black. J'ai assuré que tu étais sous contrôle, mais ça n'a pas suffi. J'ignore comment ils ont su où te retrouver finalement.

Toutes ces informations tournaient dans l'esprit de Drago, lui donnant envie de fuir. Cependant, il ne pouvait pas se le permettre cette fois.

Il hésita un bref instant, avant de fixer Harry dans les yeux pour lui demander formellement, aussi poliment que possible.

— Puis-je aller travailler ?

Harry sembla déstabilisé par la question. Il regarda autour de lui, comme s'il cherchait la réponse à cette interrogation soudaine, puis il haussa les épaules.

— Maintenant ? Tu es en retard ?

Drago roula des yeux et retint un léger sourire amusé face à l'incompréhension du brun. Il aurait dû se douter que Harry ne comprendrait pas la situation dans son ensemble. Il avait une fois encore plongé tête la première pour faire face au ministre, sans comprendre ce qui se passait exactement autour de lui.

Il secoua la tête et corrigea sa question, essayant de ne pas montrer de ressentiment. Il se répétait encore et encore que, quels que soient les anciens griefs qu'il pouvait avoir contre Harry, cette fois-ci, celui-ci n'avait rien fait pour lui nuire, bien au contraire. Le Ministère avait toujours été dirigé par un nid de politiciens sans scrupules, qui savaient utiliser la loi sorcière à leur avantage. Il le savait d'expérience, puisque son propre père avait été l'un d'entre eux.

— Non, Potter. Je te demande si tu me donnes l'autorisation de continuer à travailler.

Harry sembla horrifié et il ressembla durant quelques instants à un lapin pris dans les phares d'une voiture. Il s'agita légèrement, essayant visiblement de traiter l'information, puis il fronça les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine avec une expression butée.

— J'ai probablement omis de préciser que tu étais libre de continuer ta vie comme tu l'entends, Malefoy. Ça me semblait évident. Je n'ai pas l'intention d'intervenir et de te... causer du tort. Je dois... nous devons juste rester en contact pour les empêcher de poser trop de questions.

Cette fois, Drago afficha un sourire résigné, dépourvu de la moindre joie. Il leva un sourcil et répliqua, un peu trop sèchement.

— Bon sang, Potter. T'es-tu déjà renseigné avant de foncer les yeux fermés dans les ennuis ? Le ministre a juste fait en sorte de me placer sous ta tutelle. Officiellement, je suis considéré comme... un jeune enfant, on va dire. Je n'ai aucun droit et...

Harry l'interrompit aussitôt, les yeux écarquillés.

— Quoi ?

Son ton affolé desserra légèrement le nœud qui s'était formé dans la poitrine de Drago lorsqu'il avait compris qu'il était à la merci de son ancien rival. D'autres que Harry auraient tenté de le réduire en esclavage ou de lui faire payer le passé.

Avec un soupir, Drago roula des yeux et tourna son bras pour exposer ce qui restait de la marque des ténèbres, la fixant avec une grimace. Il expliqua calmement ce que Harry n'avait visiblement pas compris.

— Ceci est la preuve physique que j'aurais dû être condamné pour mes actes. Ton procès me garde à l'abri d'Azkaban, comme tu me l'as répété plusieurs fois, mais je tombe sous le coup des lois sang-pur. Crois-tu que les familles nobles envoyaient leurs membres à la potence autrefois au risque d'attirer le déshonneur sur leurs maisonnées ?

Harry déglutit et secoua légèrement la tête, une expression horrifiée figeant ses traits, sans quitter Drago des yeux. Celui-ci baissa la tête pour regarder une fois encore la marque grisâtre et il haussa les épaules avec fatalisme avant de continuer sa petite leçon d'histoire improvisée.

— Pour ne pas entacher leur nom de famille, ils cachaient les péchés de leurs membres en les protégeant des tribunaux populaires, mais ils étaient... punis autrement.

Cette fois, Harry se crispa et jura sourdement, les mains crispées en poings.

— C'était de ça dont parlait Kingsley, non ? Les règles que je devais suivre ?

Drago acquiesça avec un demi-sourire légèrement moqueur. Il était bien placé pour savoir que Potter était incapable de respecter les règles et qu'il finirait probablement par trouver un moyen d'éviter celles que le ministre avait placées sur son chemin. Drago espérait juste qu'il serait épargné par les retombées de la fronde de Harry, ne souhaitant pas vraiment subir la colère du ministre de la Magie.

— Exact. Techniquement, si nous étions dans le monde magique, puisque je suis placé sous ta tutelle, je n'aurais pas le droit d'acheter quoi que ce soit sans ton aval. De la même façon, je n'ai pas le droit d'avoir la moindre possession. Donc... je suppose que je dois te féliciter : tu es désormais l'heureux propriétaire d'une petite librairie moldue et de cet appartement.

Même s'il ne reprochait rien à Harry, Drago ne put éviter l'amertume dans son ton, alors que ses possessions lui étaient arrachées.

Harry hoqueta, affichant une expression horrifiée, et sa magie commença à s'agiter, faisant frissonner Drago. Avant qu'il ne puisse le rappeler à l'ordre et lui signifier qu'ils étaient en plein monde moldu et qu'il devrait éviter d'attirer l'attention sur eux, Harry Potter avait transplané, le laissant seul au milieu de son appartement.

Drago secoua la tête et se dirigea à pas lourds vers sa chambre, démoralisé. Harry ne lui avait pas donné l'autorisation de travailler et il était donc coincé ici en attendant son retour. S'il ouvrait sa boutique et que le ministère venait lui rendre visite, son initiative pourrait bien lui coûter un voyage direct pour Azkaban... et puisque Harry Potter semblait avoir donné un bon coup de pied dans la fourmilière comme à son habitude, il avait dans l'idée qu'il serait sous surveillance.

Avec un soupir résigné, il se laissa tomber dans son lit et rabattit la couette sur lui, sans même faire l'effort de se déshabiller cette fois.

S'il pouvait juste oublier quelques heures sa situation en réussissant à dormir, ce serait toujours ça de pris... même si c'était pour revivre le passé sous forme de cauchemars particulièrement désagréables...

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant