Chapitre 62

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Drago déglutit, la gorge serrée.

— Je... me doutais que tu m'en voulais, oui. Je pensais que... tu finirais par refaire ta vie, sans moi.

Harry grogna.

— Idiot. Ça ne fonctionne pas comme ça, tu sais. Je n'allais pas juste arrêter de penser à toi parce que tu l'avais décidé.

Drago haussa les épaules.

— Peut-être. Mais que tu sois en sécurité et libre était le principal pour moi. Tu as fait tant de sacrifices dans ta vie que je ne voulais pas...

Harry le tira contre lui un peu plus, le forçant à tourner la tête pour l'embrasser.

Haletant, il murmura férocement.

— T'es-il venu à l'esprit que le seul sacrifice que je ne pourrais pas accepter était celui de devoir te perdre ?

Drago inspira brusquement, surpris. Harry reprit.

— Pourquoi étais-je si en colère quand je suis arrivé, à ton avis ? J'ai imaginé que tu avais refait ta vie tranquillement, que tu m'avais oublié ! Même si ce que je voyais ne semblait pas correspondre à ce que j'imaginais, je voulais te blesser autant que j'avais mal. Ron... m'a passé un sacré savon et je t'assure, on a failli en venir aux mains.

Drago hoqueta.

— Quoi ?

Harry ricana, les yeux pétillants de malice.

— Ron m'a empêché de partir furieux de cette ville et il a préparé ce petit... guet-apens avec ton amie, ouais.

Drago ferma les yeux avec un demi-sourire.

— Tessa est... parfois un peu intrusive, je crois. J'ai pas mal travaillé pour elle au début et elle a fait en sorte que je me sente chez moi, à Hoonah.

Il resta contre Harry, espérant que toute cette conversation ne mènerait pas à des adieux. Il se redressa à demi, les sourcils froncés.

— Pourquoi m'as-tu embrassé, dans la salle de bain, juste avant de manger ?

Harry marqua une brève hésitation, puis il laissa échapper un petit ricanement.

— Ron m'avait agacé et je voulais prouver qu'il n'y avait plus rien entre nous. Que... c'était fini pour de bon. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux de me tromper.

Drago se mordit la lèvre pour ne pas se montrer défaitiste et lui répondre que c'était impossible entre eux. S'ils pouvaient résoudre leur passé compliqué, la distance entre eux semblait insurmontable.

Fermant les yeux, il décida de s'autoriser à rêver encore un peu. Les bras de Harry autour de lui étaient tout ce qu'il avait espéré ces dernières années, tout comme sa tendresse et sa voix rocailleuse murmurant à son oreille.

Avec un soupir, Drago chuchota.

— Tu restes avec moi, cette nuit ?

L'étreinte de Harry se fit plus possessive et il renifla.

— Essaie un peu de m'en empêcher... Drago, ce que j'essaie de te dire, c'est que je veux m'installer près de toi. Où tu veux.

Drago sursauta et sa gorge se noua. Il lui fallut quelques instants pour murmurer, le cœur déchiré.

— Je ne rentre pas en Angleterre.

Il regretta presque immédiatement d'avoir prononcé ces mots. Une partie de lui était prête à suivre Harry, même si ça signifiait se détruire à petit feu.

Harry le serra un peu plus fort avec un soupir et il murmura, avec douceur.

— Tu ne m'as pas compris, Drago. Pas en Angleterre. Ton amie Tessa avait raison, il n'y a plus rien pour moi là-bas. Je n'ose pas sortir de chez moi, je déteste toute cette attention en permanence. Et toi, tu n'y serais pas heureux.

Effaré Drago secoua la tête.

— Mais tes amis ?

Harry gloussa.

— Ils ont leurs vies, tu sais. Neville a épousé Hannah Abott et ils vont avoir leur premier enfant. Il est professeur à Poudlard maintenant, alors on se voit rarement. Luna est... elle voyage avec son mari qui est magizoologiste. En fait, Ron sera le plus près d'ici et je pourrais toujours voir sa famille quand ils viennent le voir. Je ne vois plus trop Hermione depuis qu'elle est ministre, elle est... débordée, mais on se parle tous les jours quand même. Sauf qu'elle se moque bien de l'endroit où je lui parle tant que je ne lui cause pas davantage de soucis... Ses mots, pas les miens.

Harry déposa un baiser dans le cou de Drago, son souffle faisant naître une traînée de chair de poule sur la peau pâle. Puis, il reprit, dans un chuchotement.

— Je ne t'ai pas vraiment donné de raisons d'y croire, parce que je t'ai toujours obligé à t'adapter à ma vie. Avant de vous rejoindre, Ron m'a parlé de... bonheur et ça m'a fait réfléchir. J'étais vraiment heureux avec toi, Drago. J'espère juste que tu n'imaginais pas être... obligé de...

Drago se tendit horrifié et il secoua la tête.

— Non !

Ils échangèrent un regard complice et Drago murmura, avec un sourire.

— J'étais heureux aussi, tu sais. Mais je devais partir, j'avais peur qu'on finisse par se détester à cause de la situation. Qu'on se reproche mutuellement les manigances du ministère. Je pensais que ce serait plus facile de disparaître en te sachant en sécurité.

Harry soupira.

— Ouais. Je suis vraiment désolé de t'avoir poussé à prendre cette décision. J'aurais dû... j'aurais dû partir avec toi. Bon sang, à l'instant où je t'ai embrassé et où tu ne m'as pas repoussé, j'aurais dû te proposer de déménager à l'autre bout du monde.

Drago hésita entre rire et éclater en sanglots. Il secoua la tête et il réussit à murmurer, l'émotion clairement audible dans sa voix.

— Tu es là maintenant.

Harry passa la main sur sa joue et effleura ses cheveux long, puis il hocha la tête.

— Je suis là. Et je ne vais nulle part sans toi cette fois. Si tu veux absolument faire cette fichue croisière, je viendrai avec toi. Si tu préfères choisir un autre endroit, je te suivrai.

Drago cligna des yeux, avant de murmurer, avec un sourire un peu crispé.

— Je ne sais pas si c'est réel ou si c'est juste un super rêve un peu cruel. Je ne suis pas sûr de vouloir me réveiller si c'est un rêve, parce que la réalité ne pourra jamais égaler ça.

Harry sourit tristement et il se pencha pour l'embrasser avec douceur.

— Je t'assure que c'est réel. Je te jure de passer le reste de nos vies à te prouver que tu ne rêves pas. Je suis réellement désolé, Drago...

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant