Avec une grimace, Drago nota qu'il neigeait dehors, et il mit un manteau en laine bien chaud. Il enfonça un bonnet gris — le gris de ses yeux, petit cadeau d'une cliente âgée qui aimait tricoter — sur sa tête et enroula l'écharpe assortie autour de son cou. Il avait toujours été frileux, c'était quelque chose qui n'avait pas changé chez lui.
Il perdit quelques secondes à regarder autour de lui, avec un sentiment de tristesse et d'irréalité. Il avait fui le monde magique en pensant que sa vie était ruinée et maintenant, il avait le cœur déchiré à l'idée de perdre sa nouvelle vie dans le monde moldu.
Drago se rendit compte qu'il y avait longtemps que le monde magique ne lui avait pas manqué. Il y avait même longtemps qu'il n'avait pas fait de magie, s'il y réfléchissait bien. La preuve étant qu'il partait sans sa baguette...
Il fit demi-tour, et le léger grésillement de magie qu'il ressentit lorsqu'il saisit l'artefact le fit grimacer. Il la rangea dans sa poche sans chercher à s'en servir, et quitta son minuscule appartement, son foyer.
Le jeune homme verrouilla soigneusement sa porte et partit à pas lents, luttant pour ne pas faire demi-tour et s'enfermer chez lui. Il pourrait peut-être juste ignorer le courrier du Ministère ? Faire comme s'il était réellement un moldu ?
Après tout, il avait des papiers d'identité moldus en règle, il avait un travail honnête depuis plusieurs années. Il payait ses impôts, faisait ses courses, respectait la loi à la lettre. Il commençait même à apprendre le Code de la route !
Personne n'irait imaginer que David Black, libraire de son état, puisse cacher un si lourd secret. Il avait la vie la plus normale et la plus ennuyeuse qui soit.
Il saluait ses voisins et n'hésitait jamais à les aider quand ils en avaient besoin, il participait aux réunions des commerçants de son quartier, il acceptait de coller les affiches pour les fêtes et festivals dans la vitrine de sa librairie.
Chaque année, il faisait un don de livres aux associations qui offraient des cadeaux aux enfants défavorisés. De l'avis de tous, il était quelqu'un de bien... et il s'efforçait de l'être réellement.
Il se donnait du mal pour trouver les livres que ses clients cherchaient, et parfois certains le remerciaient avec un petit cadeau ou en lui tricotant un magnifique bonnet ou une écharpe...
Il était un jeune homme désespérément ordinaire et solitaire. Il n'avait pas de famille, pas d'amis proches et aucune relation sentimentale connue.
Cependant, des années plus tôt, alors qu'il quittait le manoir de ses parents, il s'était juré qu'il ne serait plus jamais un lâche. Il s'était promis qu'il prenait un nouveau départ et qu'il ne fuirait plus jamais ses responsabilités. Échapper à une peine de prison avait été son dernier acte de lâcheté.
Drago arriva trop rapidement à son goût devant le ministère de la Magie malgré le monde qui se promenait dans les rues londoniennes. Il observa les lieux un long moment, pensif, en se demandant s'il allait croiser de vieilles connaissances ou si quelqu'un allait le reconnaître.
Il secoua la tête en se traitant d'idiot. Non seulement il avait changé physiquement, mais il avait pris rendez-vous sous son identité moldue. Rien ne pouvait le rattacher à la famille Malefoy.
Les mains enfoncées dans les poches, il baissa la tête et avança tranquillement jusqu'à la cabine téléphonique qui permettait d'accéder au Ministère depuis le monde moldu.
Malgré toutes ces années, il n'avait pas oublié comment y entrer, et il ne perdit pas de temps à composer le code 6-2-4-4-2 pour demander l'accès à ce monde qu'il avait fui.
Lorsqu'une voix désincarnée lui demanda l'objet de sa visite, il répondit calmement qu'il avait rendez-vous et la cabine s'enfonça lentement dans le sol.
Arrivé dans l'atrium du Ministère, il regarda autour de lui, un peu étourdi.
Rien n'avait changé.
Il se mordilla la lèvre puis avança vers l'accueil, savourant la douce chaleur des lieux qui contrastait avec le froid piquant de l'extérieur.
En arrivant devant la réceptionniste, il ôta son bonnet, sans se préoccuper de ses cheveux en désordre et se pencha vers la jeune femme avec un sourire hésitant et timide.
— Bonjour ? J'ai rendez-vous à dix heures avec le ministre de la Magie.
La jeune femme — une brunette qui devait être dans ses âges, mais qu'il ne reconnaissait pas — hocha sèchement la tête en l'examinant de la tête aux pieds. Il ignora son regard méprisant, se prêtant patiemment à l'examen.
— À quel nom ?
Drago se retint de lever les yeux au ciel face au ton hostile. Il répondit doucement, loin de ses anciennes habitudes.
— David Black.
La réceptionniste tendit la main un peu brusquement, les sourcils légèrement froncés.
— Votre baguette ? Elle vous sera rendue à votre sortie, en échange du badge que je vais vous remettre.
Drago n'eut pas la moindre hésitation. Il sortit sa baguette et la déposa rapidement sur le comptoir, comme pour s'en débarrasser. La jeune femme sembla surprise qu'il ne proteste pas et elle le dévisagea un peu plus attentivement avant de faire glisser un petit rectangle de plastique vers lui, sur lequel était soigneusement calligraphié son nom.
Il l'épingla à son manteau et la réceptionniste tendit le bras vers la gauche, en direction des ascenseurs, un peu moins agressive, mais toujours aussi sèche.
— C'est au second niveau. L'accès est dans cette direction. Le bureau est indiqué, vous ne pouvez pas vous tromper. Présentez-vous à la secrétaire, elle préviendra le ministre de votre arrivée.
Le jeune homme hocha sagement la tête, et prit la direction indiquée. Il n'eut aucun mal à trouver les ascenseurs, toujours aussi antiques, et il entra dans la cabine, un peu surpris d'être laissé seul. Il avait imaginé qu'un comité d'accueil d'Aurors l'attendrait et le suivrait avec des airs méfiants... ou qu'il serait arrêté dès qu'il aurait posé un pied dans le monde magique.
Le second niveau rassemblait le département de la justice magique et tout un couloir semblait réservé au ministre et à ses conseillers. Le nom inscrit sur la porte répondit à sa question : visiblement, Kingsley Shakelbolt était le nouveau ministre de la Magie. Il ne le connaissait pas, et avait un vague souvenir d'avoir entendu son nom être évoqué comme étant un soutien de Dumbledore. Ce ne serait donc pas une visite amicale.
Il approcha du bureau de la secrétaire, une petite femme mince, âgée d'une cinquantaine d'années, coiffée d'un chignon strict strié de gris et il attendit qu'elle lève les yeux vers lui pour prendre la parole, cachant sa peur derrière un ton parfaitement poli.
— Bonjour madame. J'ai rendez-vous avec le ministre. Je suis David Black.
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Sous Tutelle
FanficIl avait fui. son passé, ses souvenirs, tout ce qui lui restait. Il s'était construit une nouvelle vie, réapprenant à vivre. Puis, un jour, ce qu'il avait toujours craint s'était produit : son passé avait surgi, chamboulant sa vie bien ordonnée. Alo...