Drago n'avait pas pensé à Vincent Crabbe depuis une éternité. Depuis sa fuite du monde magique, pour être exact.
Il avait enfoui les évènements de la bataille de Poudlard soigneusement dans son esprit, s'interdisant d'y penser. Parfois, la nuit, ses souvenirs revenaient dans ses cauchemars et il se réveillait en hurlant, les poings serrés.
Cependant, Drago avait refusé de simplement repenser à Crabbe. Il l'avait trouvé stupide et il s'était servi de l'admiration de son camarade pour son père afin de le lier à lui.
Il l'avait traité comme un laquais, comme une espèce de garde du corps idiot durant leur scolarité.
Lorsque Poudlard était tombée aux mains des Mangemorts, Crabbe avait prouvé qu'il était doué dans un domaine : infliger la douleur. Il s'était montré un élève appliqué en ce qui concernait le doloris, et il prouvait régulièrement qu'il le maîtrisait.
Drago l'avait laissé faire. Il n'avait rien fait pour l'en empêcher, il avait ri avec lui lorsque Crabbe plaisantait sur la résistance au Doloris des Gryffondor.
Le jour de la bataille de Poudlard, Crabbe et Goyle l'avaient suivi lorsqu'il avait dû rejoindre les Mangemorts pour y attendre les ordres. Drago avait eu l'intention de se défiler, de se cacher quelque part et d'attendre que l'orage passe.
Crabbe avait demandé à Voldemort de le marquer, dès qu'il serait vainqueur. Le mage noir, flatté de l'intérêt qui lui était porté, avait accepté et lui avait demandé de suivre Drago et de lui ramener Potter.
Drago ne saurait jamais si Crabbe avait deviné son manque d'enthousiasme ou s'il avait voulu briller et prendre sa place, mais il avait fait preuve d'initiative pour arrêter le trio de Gryffondor infernal.
Cet idiot avait lancé un feudeymon, probablement en imaginant que la maîtrise d'un maléfice noir de cette puissance lui vaudrait des félicitations.
Finalement, il avait été dévoré par sa propre stupidité et Drago ne devait la vie sauve qu'à Harry, qui avait fait demi-tour pour lui.
En se souvenant de ce moment précis, il pouvait presque sentir la chaleur des flammes sur sa peau, l'odeur aigre de sa peur. Il avait peut-être enfermé les souvenirs dans son esprit, mais il n'avait rien oublié. Chaque détail était marqué au fer rouge dans sa mémoire, accompagné d'une écrasante sensation de culpabilité.
Le bruit de la porte qui claquait et un écho de conversation le ramena au présent et il frissonna, mal à l'aise.
Il se retourna lorsque Harry pénétra dans la pièce et le rire rauque du jeune homme mourut sur ses lèvres en voyant son visage. Derrière lui, Hermione Granger observait la scène, silencieuse, et le visage fermé.
Harry fit un pas vers lui, visiblement perplexe, mais Drago se redressa et hocha la tête en direction de la jeune femme derrière Harry dans une tentative vague de salut.
Avant que Harry n'ait le temps de prononcer le moindre mot, il marmonna, prêt à prendre la fuite.
— Si tu n'as pas besoin de moi, je vais ranger mes affaires.
Drago avait profité de l'absence de réponse de Harry pour rejoindre sa chambre et s'y retrancher. Il se frotta le visage, le cœur battant, détestant l'idée d'avoir été surpris dans un moment de faiblesse.
En fermant la porte, il entendit des chuchotements furieux et il devina que Granger mettait en garde Harry à son sujet. Il décida que ce n'était pas son problème et il poussa la porte, puis il commença à vider son sac de vêtements, les pliant et les rangeant soigneusement dans le placard à sa disposition.
Il était tellement absorbé par sa tâche qu'il sursauta presque en entendant frapper à la porte. Il invita Harry à entrer, alors qu'il terminait de ranger le peu de choses qu'il possédait et il se retourna, surpris du silence.
Harry était appuyé contre l'encadrement de la porte et l'observait songeusement. Il se reprit rapidement en voyant le regard perplexe de Drago et afficha un sourire un peu forcé.
— Est-ce que ça te pose problème si Hermione reste manger avec nous ?
Drago haussa les épaules sans la moindre hésitation.
— Tu fais comme tu veux. Tu es chez toi, Potter.
Harry grimaça, puis il hocha la tête. Il semblait sur le point d'ajouter quelque chose, avant de se raviser et de faire signe à Drago de le suivre.
Hermione était toujours présente, installée dans le sofa. Elle leva la tête à leur entrée dans la pièce et détailla Drago, les sourcils légèrement froncés.
Ce dernier ne fit pas la moindre remarque et retourna devant la fenêtre, hésitant sur la conduite à tenir.
La voix rocailleuse s'éleva, attirant son attention.
— J'ai pensé que Hermione pourrait nous aider à trouver une solution pour... que tu sois libéré de toutes ces conneries.
Drago se tourna pour leur faire face, sans cacher sa surprise. Il roula des yeux et répondit avec une patience qu'il ne savait pas avoir.
— Potter. Tu ne peux pas changer les lois à ta convenance.
Il s'attendait à le voir réagir, mais ce fut Hermione qui intervint, d'un ton agacé.
— Les lois doivent évoluer avec la société. Cette situation est grotesque, je ne comprends même pas comment il est possible de...
Drago laissa échapper un rire amusé, légèrement moqueur. Hermione se tut brusquement en le fixant avec défi, mais Drago ne comptait pas se moquer d'elle ou l'humilier.
— Les lois Sang-pur datent de si longtemps que la plupart pourraient être considérées comme obsolètes, Granger. Sauf que de temps en temps, elles sont dépoussiérées et remises au goût du jour, parce qu'elles profitent à quelqu'un de puissant. Il doit y avoir une pièce pleine de ces anciens textes, attendant juste un sorcier avide de pouvoir. Mon père a probablement contribué à en exhumer quelques-unes...
Hermione plissa les yeux, une flamme de colère dansant dans ses yeux.
— Ce n'est pas censé fonctionner comme ça !
Drago haussa les épaules et se tourna vers la fenêtre, laissant échapper un soupir résigné.
— Libre à toi de prendre le poste du ministre et de tenter de changer tout ça, Granger. Mais je te souhaite bien du courage, parce que la majorité du Magenmagot va s'accrocher à ces parcelles de pouvoir avec l'énergie du désespoir.
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Sous Tutelle
FanfictionIl avait fui. son passé, ses souvenirs, tout ce qui lui restait. Il s'était construit une nouvelle vie, réapprenant à vivre. Puis, un jour, ce qu'il avait toujours craint s'était produit : son passé avait surgi, chamboulant sa vie bien ordonnée. Alo...