Sous Tutelle

Chapitre 50

Ron Weasley avait changé. L'adolescent dégingandé qu'il était autrefois avait pris du muscle depuis Poudlard et Drago ne se serait pas risqué à le provoquer, même s'il n'était pas dans une situation aussi désespérée.

Ses cheveux d'un orange vif autrefois avaient foncé, seuls ses yeux étaient restés identiques, aussi bleus et aussi expressifs que lorsqu'ils étaient jeunes.

Vêtu d'un jean et d'un sweat épais, les bras croisés sur sa poitrine large, il fixait Drago sans aménité après avoir fait le tour de son logement d'un bref coup d'œil.

À peine la porte fermée, il attaqua.

— Tu te fais appeler James ?

Drago hésita puis haussa les épaules.

— James David, oui. Drago n'est pas exactement un prénom moldu.

Autant se montrer franc — au moins en partie — pour l'amadouer. Ron renifla et grogna.

— Où est ta baguette ? Je préférerais que tu ne sois pas en mesure d'attaquer.

Drago cligna des yeux, puis il secoua doucement la tête.

— Je ne l'ai plus. Je n'ai pas fait de magie depuis des années.

Cette fois, Ron ne put cacher sa surprise et il fit un pas en arrière, les sourcils froncés, paraissant réfléchir. Drago soupira, puis il se passa les mains sur le visage.

— C'est encore le ministère de la magie anglais qui me cherche ? Je croyais que...

Ron pencha la tête en plissant les yeux, l'observant attentivement.

— Tu croyais quoi, Malefoy ?

Drago murmura, un peu hésitant.

— La dernière fois, ils m'ont fait revenir parce que j'utilisais le nom des Black. Harry m'a dit que c'était la seule chose qu'ils pouvaient me reprocher et qu'ils se servaient de moi pour... le faire plier. Mais j'ai quitté le pays et je n'ai pas repris le patronyme Black. Je n'ai pas fait de magie.

Ron soupira et roula des yeux.

— Calme-toi, je ne suis pas ici pour t'arrêter. Je devais te localiser. Hermione m'a fait parcourir la moitié de cette foutue planète à tes trousses, en assurant que tu étais en danger... et je te retrouve en train de faire le joli cœur avec une moldue.

Drago laissa échapper un rire presque hystérique.

— Hermione ? Comment a-t-elle... merde.

Ron leva un sourcil amusé.

— Merde, en effet. Elle est furieuse. Je suis ravi que pour une fois sa colère ne soit pas dirigée contre moi...

Drago se frotta le visage, avec un souffle tremblant.

— C'est elle qui doit te rejoindre ?

Ron ricana.

— Probablement. Elle m'a juste dit de ne pas te perdre de vue et qu'elle s'occupait de tout. Je peux avoir une explication sensée sur ce qui se passe ?

Drago se laissa tomber sur une chaise et fit signe à Ron de prendre place face à lui.

— Tu veux boire quelque chose ? Une bière ?

Ron haussa les épaules et attira à eux d'un geste de baguette deux bières qui se trouvaient dans le réfrigérateur. Un nouveau geste et il décapsula les bouteilles.

Drago prit une longue gorgée et soupira.

— Qu'est-ce qu'elle t'a dit exactement ?

Ron but à son tour, sans quitter Drago des yeux, puis il commença à parler.

— Avant toute chose, je travaille au Macusa et je ne suis pas vraiment rentré en Angleterre depuis un moment.

— Hermione m'a dit que... tu étais parti après que Harry ait... été capturé. Que tu étais jaloux parce que tu imaginais qu'elle voulait être avec lui plutôt qu'avec toi.

Ron laissa échapper un rire tremblant et Drago se tendit.

— Ouais. L'éternel second, le perdant. Ce bon vieux Ron. J'ai déconné à Poudlard, j'étais un gosse pauvre ami d'un héros couvert de gallions... J'ai été jaloux à plusieurs reprises de Harry, je voulais quelques miettes d'attention, moi aussi. Puis, avec Harry, on est devenu auror. Si j'ai adoré immédiatement le métier, lui semblait... mal à l'aise. À la fin, il restait pour moi, je pense. J'ai cru devenir fou quand il a été enlevé, je n'ai pas dormi, je l'ai cherché jusqu'à le retrouver.

Ron marqua une pause, le regard hanté, puis il se frotta les yeux.

— J'ai cru l'avoir perdu. J'ai cru qu'il ne s'en remettrait pas, qu'il allait devenir fou. Mais c'est Harry, et il a réussi à reprendre sa vie. Il n'était plus auror, pas après ça, mais il travaillait au ministère. Cependant, ça ne suffisait pas. Je ne sais pas qui était derrière tout ça, mais j'ai commencé à être convoqué pour m'inciter à ramener Harry avec moi. Au début, c'était des suggestions, et je pensais que c'était pour son bien-être, parce que tout le monde pensait qu'il aimait être auror. Sauf qu'on m'a vite dit clairement que sans Harry, je ne valais rien.

Drago écarquilla les yeux, voyant Ronald Weasley d'un autre œil.

— Tu as fait semblant de...

Ron ricana en haussant les épaules, les yeux brillant de malice.

— J'ai juste eu à pousser les bons boutons autour de moi et Ron le jaloux était de retour. Puis, je suis parti pour le Macusa, où personne ne voulait de Harry Potter. Il a assez donné pour le monde magique, je ne voulais pas que quelqu'un puisse le manipuler en s'en prenant à moi.

Drago hocha la tête sans commenter. Ron poursuivit.

— Bref, au Macusa on garde un œil sur l'Angleterre à cause de la dernière guerre. Le règne de Voldemort a laissé des traces...

Drago laissa échapper un hoquet surpris en l'entendant prononcer le nom du mage noir. Ron roula des yeux.

— Harry avait raison sur ce point. Ce n'est qu'un nom. Les Américains sont bien moins impressionnés par son histoire que les Anglais. J'ai vite appris à ne plus craindre de le prononcer sous peine de faire rire mes collègues... et je n'aime pas être ridicule.

Drago sourit cette fois, se souvenant de plusieurs situations à Poudlard où Ron Weasley s'était ridiculisé — souvent à cause de lui. Cependant, il ne fit pas le moindre commentaire et Ron reprit, se détendant petit à petit.

— Bien. Donc, on surveille ce qui se passe et il y a eu du mouvement il y a trois ans.

Drago se redressa, soudain totalement attentif.

— Quand je suis parti ?

Ron haussa les épaules.

— Je sais juste qu'il y a eu quelques soucis, assez pour faire craindre une nouvelle guerre dans le monde magique, mais tout est revenu à la normale rapidement. Apparemment, il y a eu de profonds changements au ministère de la Magie.

Drago se frotta les yeux, soudain épuisé. Ce que Ron lui racontait n'avait aucun sens pour lui. Finalement, il murmura.

— Est-ce que le ministre de la Magie menace encore Harry ?

Ron le fixa longuement, puis il ricana, moqueur, avant de répondre tranquillement.

— Je dirais que non, puisque le ministre actuel de la magie en Angleterre... c'est Hermione.