Chapitre 51

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Drago laissa échapper sa bouteille de bière, les yeux écarquillés. En ricanant devant sa réaction, Ron fit un geste avec sa baguette pour ramasser les dégâts et il lui laissa le temps de se reprendre.

— Hermione... mais...

— Hermione Granger, oui. Et c'est en sa qualité de ministre qu'elle m'a envoyé protéger un ressortissant anglais, dans le cadre d'une coopération interpays.

Drago déglutit.

— Comment a-t-elle...

Ron haussa les épaules.

— À ton avis ? Harry s'en est mêlé. De ce qu'elle a consenti à me dire, Harry en a eu assez d'être manipulé sans cesse et il a... fait part de son mécontentement.

Drago souffla.

— Il a attaqué le ministère ?

Ron ricana.

— Probablement. Et maintenant, peux-tu me dire comment Drago Malefoy, sang pur prétentieux et ancien mangemort, est devenu James David, vivant comme un moldu ? Et bordel, pourquoi James ?

Drago soupira.

— J'ai quitté le monde magique il y a plus de douze ans. Après la bataille de Poudlard, j'ai compris que ma vie était finie et... j'ai fui en pleine nuit. J'ai refait ma vie à Londres, dans le monde moldu, jusqu'à reprendre une librairie. Je pensais sincèrement que j'avais eu droit à une nouvelle chance et que si je restais côté moldu et que je respectais scrupuleusement la loi, tout irait bien.

Ron leva un sourcil surpris et il hocha la tête.

— Je suppose que tu avais le droit à une nouvelle chance, effectivement.

Drago eut un mince sourire.

— Après sept ans de tranquillité, j'ai été convoqué au ministère de la Magie. J'avais changé de nom et j'avais choisi de garder un lien avec ma mère en reprenant son nom de jeune fille.

Ron murmura, pensivement.

— Black.

Drago acquiesça.

- David Black. Shakelbolt m'a indiqué que même si mon procès m'innocentait, j'utilisais sans autorisation le nom de la famille Black. J'ai été placé sous la tutelle du chef de la famille Black.

Cette fois, Ron laissa échapper un rire incrédule.

— Donc de Harry.

Drago sourit.

— Ouais. Harry. Il était furieux. Vraiment furieux. Il a pris un appartement à côté de ma librairie et il s'est installé avec moi, en me permettant de continuer à travailler. Avec l'aide de Hermione, il cherchait une façon de me libérer de cette tutelle, de contourner la loi Sang-pur qui me plaçait dans cette situation.

Drago ferma les yeux, essayant de ne pas penser à sa relation avec Harry, et il murmura, la gorge nouée.

— On a eu deux ans de tranquillité. À peu près. J'ai cru que... ça irait, malgré cette histoire de tutelle, tu vois ? Mais un jour où j'étais seul, des sorciers sont venus et m'ont agressé. Ils m'auraient tué, mais Harry est revenu à temps. Hermione l'a aidé à me soigner et je les ai entendus parler. Quand Harry a suggéré qu'il pourrait laisser le monde magique derrière lui, j'ai... paniqué en quelque sorte. Je ne voulais pas qu'il soit encore obligé de sacrifier quelque chose.

Ron hocha lentement la tête, sans le quitter des yeux.

— Alors tu t'es enfui.

Drago laissa échapper un rire nerveux.

— Ouais. Je suis doué pour ça apparemment. Hermione m'a aidé, mais je devais rester près de chez ses parents. Sauf que... je pensais que Harry viendrait me chercher rapidement, parce qu'il n'est pas vraiment patient. J'ai changé les plans et j'ai voyagé sans cesse jusqu'à arriver à Hoonah. Je me sentais en sécurité ici et pour la première fois, j'ai... une amie.

Ron leva un sourcil moqueur.

— Une amie ? La femme de tout à l'heure ?

Drago sourit.

— Tessa possède le bar un peu plus loin. Je l'aide parfois à décharger ses marchandises. Elle... me materne un peu, je crois.

Les deux anciens ennemis se fixèrent, puis Ron eut un demi-sourire.

— Tu n'as toujours pas dit pourquoi tu avais choisi James comme prénom.

Drago pinça les lèvres avant de grogner.

— Comme si tu n'avais pas deviné, monsieur l'agent du Macusa. Je suppose que c'était pour garder un lien avec Harry. Ça te va ?

Ron secoua la tête.

— Autrefois, tu ne te serais pas soucié de Harry, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui a changé ?

Drago rougit brusquement, puis il se tendit et il se redressa, croisant les bras sur sa poitrine, évitant le regard de Weasley.

— J'ai changé ! J'ai grandi ! Ça te va ?

Ron se laissa aller en arrière, s'étirant avec un demi-sourire.

— Je dirais que Harry doit grimper aux rideaux depuis trois ans à cause de toi. Entre ton agression et ta fuite, il a... fait le ménage au ministère. Donc, tu pourrais retourner en Angleterre, libre de toute tutelle et de toute accusation, non ?

Drago secoua la tête, misérable.

— S'il ne me déteste pas déjà pour être parti de cette façon, il mérite mieux.

Ron le dévisagea longuement, en silence. Puis, il hocha la tête et il se leva en s'étirant.

— Effectivement, tu as changé, Malefoy. Peut-être que Harry avait raison en te sortant de ce feudeymon, finalement.

Le souvenir de ce jour-là percuta Drago avec la force d'un train de marchandises et il haleta, les yeux écarquillés. Il revit Voldemort, lui ordonnant d'empêcher Harry et ses amis de prendre quelque chose dans la salle va et vient, Grabbe et Goyle le suivant, enthousiastes à l'idée de s'attaquer au trio de Gryffondor et lui, traînant derrière, horrifié, mais incapable de se révolter. Trop trouillard.

Il se rappelait parfaitement du cri de joie de Crabbe lorsqu'il avait réussi à invoquer un feudeymon, se pensant capable de le maîtriser, puis ses cris d'horreur et de souffrance alors qu'il était consumé par sa création.

Il se souvint de la chaleur infernale alors que tout brûlait autour d'eux, de Goyle qui tombait près de lui, assommé.

Un bref instant, il avait pensé qu'il aurait plus de chance s'il l'abandonnait, mais il l'avait traîné avec lui, grimpant sur des siècles d'objets oubliés à Poudlard. Même en pensant qu'il allait mourir, il avait remorqué cet idiot de Goyle qui aspirait à devenir mangemort... incapable de le laisser brûler sans rien faire.

Puis, Harry avait fait demi-tour. Dans son visage sali par la crasse, ses yeux verts brillaient d'une lueur presque surnaturelle et il le fixait, sans ciller.

Harry avait tendu la main, sans la moindre hésitation, sûr de lui. Et Drago l'avait saisie. Avec une totale confiance.

Harry aurait pu le lâcher dans les flammes et personne ne le lui aurait reproché. Mais il l'avait agrippé fermement et propulsé sur le balai, juste derrière lui. Un vieux brossdur démodé, un balai qu'il aurait regardé avec mépris avant ce jour, mais qui leur avait permis d'échapper à l'enfer.

À sa demande, Hermione et Weasley avaient pris en charge Goyle et lui s'était agrippé à Harry, le nez plongé dans son cou, priant pour que ce diable de Gryffondor survive à toute cette folie.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant