En se levant un matin, Drago prit soudain conscience qu'il vivait avec Harry depuis près d'une année complète. Parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de toujours imaginer le pire, il se demanda brièvement comment il pourrait retourner à sa vie solitaire d'avant, comment il pourrait se passer de la présence de Harry au quotidien lorsque cette histoire serait derrière eux.
Bien sûr, Harry semblait parfaitement satisfait de sa vie. Il continuait de faire des recherches sur les lois sang-pur, emplissant des piles de carnets de son écriture presque illisible. Le coin repos de l'arrière-boutique de la librairie de Drago était finalement devenu le coin travail de Harry.
Têtu comme il l'était, le jeune homme n'avait pas cédé aux exigences du ministère de la Magie.
Drago avait parfois noté la présence de sorciers allants et venants autour de son magasin au cours de l'année écoulée, mais Harry semblait les sentir arriver puisqu'il faisait une apparition à ses côtés et il les fixait à travers la vitrine jusqu'à ce qu'ils disparaissent.
Harry ne se rendait plus qu'occasionnellement dans le monde magique et il n'y restait pas vraiment longtemps. La plupart du temps, il allait chercher de nouveaux livres à étudier ou rendre ceux qu'il avait empruntés à Hermione.
Drago n'avait jamais osé lui demander pourquoi il restait autant à l'écart, probablement parce qu'il craignait la réponse. Il n'était pas certain de savoir comment réagir si Harry avouait qu'il se tenait loin de la magie pour rester à ses côtés...
C'était le genre de pensées qui l'agitaient la nuit, lorsqu'il n'arrivait pas à dormir.
En une petite année, Drago avait appris à connaître son ancien rival d'autrefois et il avait changé d'avis à son sujet. Toutes ses idées préconçues s'étaient effondrées les unes après les autres et il s'était attaché à Harry, bien plus qu'il ne le devrait.
Il pouvait toujours prétendre que Harry était facile à apprécier, parce qu'il était un gentil naïf plein de bons sentiments. C'était Harry qui l'avait poussé à reprendre un contact timide avec sa mère — même s'ils ne s'étaient pas encore revus. C'était Harry qui lui avait présenté sa tante Andromeda et son petit cousin Teddy.
Harry lui avait permis de retrouver une famille et il lui avait montré qu'il n'était plus seul. Harry lui apprenait à s'ouvrir aux autres avec une patience admirable.
Drago chassa toutes ces pensées en se précipitant sous la douche, se dépêchant de se préparer pour aller travailler. Comme souvent, Harry était déjà levé et cuisinait un petit-déjeuner. Drago le salua, souriant en voyant son thé déjà en train d'infuser et il se laissa enlacer avec bonne volonté. Au contraire, il lui rendit son étreinte, frissonnant en sentant le souffle chaud de Harry dans son cou, avant de s'installer à table.
— Tu viens à la boutique aujourd'hui ?
Harry hésita, avant de soupirer.
— Je dois d'abord passer voir Hermione pour lui rendre un livre. Ça devrait être assez rapide, juste le temps de faire l'aller-retour.
Drago ricana, amusé.
— Ou tu peux aussi passer un peu de temps avec elle, non ?
Harry fit la moue, avant de secouer la tête.
— J'avais déjà prévu quelque chose.
Perplexe, Drago n'insista pas. Jusqu'à présent, Harry n'avait jamais eu de rendez-vous et il était assez étrange de l'entendre dire qu'il avait des projets particuliers.
Une fois prêt, Drago allait partir quand Harry le retint par le bras en se mordillant la lèvre, hésitant.
— Et si... et si tu venais avec moi voir Hermione ? Elle serait contente de te voir...
Drago secoua la tête avec un rire amusé.
— La boutique ne va pas s'ouvrir seule, Harry.
Harry répondit d'un sourire enjôleur, ses doigts glissant jusqu'à son poignet en une lente caresse qui troubla légèrement Drago.
— C'est juste ouvrir avec un peu de retard. Une heure tout au plus ?
Drago ferma un instant les yeux, presque tenté d'accepter la proposition de Harry. Cependant, l'idée d'aller dans le monde magique lui fit oublier les cajoleries de Harry et il secoua la tête, se forçant à sourire pour masquer sa soudaine angoisse.
— Je suis un grand garçon, tu sais. Je peux très bien me débrouiller seul pendant que tu iras rendre ce livre. Et si tu fais un arrêt pour prendre des pâtisseries, je me débrouillerai pour avoir terminé toutes mes tâches administratives à ton retour et on pourra faire une petite pause.
Harry se mit à rire et hocha la tête.
— Très bien. J'ai toujours su que tu préférais ta boutique à moi...
Drago lui répondit d'un clin d'œil moqueur en passant la porte.
— Va savoir...
Il entendit les derniers mots de Harry, presque chuchotés.
— Fais attention à toi, Drago...
Le jeune homme hésita un bref instant à rire et à lui répondre qu'il était capable de se débrouiller seul, mais il préféra faire comme s'il n'avait rien entendu.
Quelques minutes plus tard à peine, il ouvrait sa boutique avec toujours le même plaisir. Les années n'avaient pas émoussé son émotion alors qu'il déverrouillait la porte et levait les lourds volets de métal.
Il lui fallut quelques minutes à peine pour mettre en place les présentoirs et se préparer à accueillir les premiers clients.
Il s'employa ensuite à ouvrir et vider les cartons reçus la veille, concentré sur sa tâche, cochant au fur et à mesure chaque article reçu.
Il était si absorbé par ce qu'il faisait, qu'il n'entendit pas la porte s'ouvrir et se fermer derrière lui. Il n'entendit pas plus les pas approcher.
Drago fut soudain bousculé avec violence et il chuta avec un hoquet silencieux, tout l'air étant expulsé de ses poumons. Il roula sur lui-même pour faire face à son agresseur, les yeux écarquillés par la frayeur, stupéfait.
Un seul coup d'œil lui suffit à comprendre qu'il était face à des sorciers. Ils étaient quatre et il n'arriva pas à distinguer leurs traits puisqu'ils étaient à contre-jour. Ils avaient leurs baguettes en main, pointées sur lui, et il se douta qu'aucun moldu ne s'approcherait de sa librairie le temps qu'ils seraient présents. Ils avaient visiblement tout prévu...
En voyant leurs regards mauvais et déterminés, Drago comprit qu'il avait de très sérieux problèmes. Il pensa brièvement à Harry et il regretta de ne pas pouvoir le remercier pour ce qu'il avait fait pour lui. Il espéra que le jeune homme ne se sentirait pas coupable de ce qui allait lui arriver.
Le reste de ses pensées se dilua dans une explosion de douleur quand les coups commencèrent à pleuvoir sur lui.
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Sous Tutelle
أدب الهواةIl avait fui. son passé, ses souvenirs, tout ce qui lui restait. Il s'était construit une nouvelle vie, réapprenant à vivre. Puis, un jour, ce qu'il avait toujours craint s'était produit : son passé avait surgi, chamboulant sa vie bien ordonnée. Alo...