Sous Tutelle

Chapitre 56

Harry eut un mouvement de recul et il se leva, bousculant la chaise au passage. Il grimaça et secoua la tête.

— Tu fuis encore. Tu as toujours été doué pour ça, n'est-ce pas ? Tu pourrais juste reconnaître que tu ne m'as jamais aimé. Tu vas probablement prétexter que je t'ai forcé avec cette histoire de tutelle ?

Drago soupira et haussa les épaules. Il alla récupérer son sac et regarda autour de lui pour vérifier qu'il n'avait rien oublié. Alors qu'il se dirigeait vers la porte, il marqua une pause et il se tourna vers Harry.

— C'est justement parce que je t'aime que j'ai fait ce choix, Harry.

Il sortit et il se trouva devant Weasley et Tessa qui se faisaient face en se fusillant du regard. Drago secoua la tête et il tendit la clé de son appartement à la barmaid.

— Je te confie les clés, Tessa, si tu pouvais les retourner à l'agence de location je t'en serais reconnaissant.

Il allait l'enlacer pour la saluer quand Weasley lui attrapa le bras, furieux.

— Qu'est-ce que tu fous, Malefoy ?

Drago laissa son regard s'égarer vers la porte derrière laquelle Harry était resté, puis il soupira.

— Je m'en vais. Je ne retournerai pas en Angleterre.

L'agent du Macusa jura entre ses dents et il grogna.

— Tu sais qu'il te cherche désespérément depuis qu'il a fait le ménage au ministère ? Il t'a dans la peau et tu choisis juste de disparaître ?

Tessa intervint, avec une douceur inhabituelle chez elle.

— Et tu l'aimes. Tu me l'as dit, tu te souviens ? Que tu avais tout laissé parce que tu l'aimais trop pour permettre qu'il soit blessé à cause de toi.

Drago ferma les yeux et vacilla brièvement, alors qu'il luttait pour ne pas s'effondrer. Il soupira et répondit avec une voix brisée.

— C'est le cas. Mais c'est impossible. Il y a trop de... J'espérais trop de choses, je crois.

Weasley jura sourdement, son teint pâle rougissant immédiatement.

— Putain, j'y crois pas. Très bien, Malefoy. Tu restes ici. Interdiction de quitter cet endroit, ordre du Macusa.

Il leva les yeux vers Tessa et la pointa du doigt.

— Vous. Vous le gardez à l'œil.

Puis, il secoua la tête et soupira, avant de terminer, dans un grognement.

— Quant à moi, je vais aller secouer un peu cette tête de mule bornée. Ensuite, nous aurons tous ensemble une longue conversation constructive.

Drago ricana, les yeux écarquillés sous le choc de la réaction de son ancien camarade.

— ça ne fonctionne pas comme ça, Weasley. Tu ne peux pas te servir de ton... rang... truc du Macusa pour nous obliger à nous réconcilier.

Cette fois, Ron Weasley lui adressa un rictus moqueur et il hocha la tête.

— Je sais. Mais je peux parfaitement t'interdire de quitter le territoire. Pour enquêter. Et je peux aussi organiser une réunion d'anciens camarades pour évoquer le bon vieux temps, à titre personnel.

Tessa gloussa, visiblement ravie de la situation.

— J'aime votre façon de penser, monsieur l'agent du Macusa, quoi que puisse être cette mystérieuse organisation inconnue...

Ron rougit légèrement et lui sourit, ce qui fit grogner Drago. Il donna un coup de coude à Tessa, avec une expression écoeurée.

— Ne flirte pas avec lui, il a mon âge ! Bon sang, Tessa, tu es censée être mon amie et me soutenir.

La barmaid leva un sourcil moqueur.

— Il n'y a pas d'âge pour flirter avec un charmant inconnu. Ensuite... je suis ton amie et c'est pour ça que j'approuve sa solution. Tu ne peux pas passer ta vie à voyager sans but, en t'épuisant à la tâche ! Pas plus que tu ne peux continuer à te punir pour une erreur de jeunesse.

Ron sursauta et dévisagea Drago avec une étrange expression. Puis il secoua la tête, avec un soupir agacé.

— Tu as été innocenté, Malefoy.

Il n'attendit pas de réponse et entra dans l'appartement de Drago, claquant la porte derrière lui.

Tessa ne laissa pas le loisir à Drago de s'éloigner. Elle l'agrippa par le bras et le tira jusqu'à son bar, qui était actuellement fermé. Elle le fit entrer sans écouter ses protestations et elle l'obligea à s'asseoir, avec un froncement de sourcils sévère.

Drago roula des yeux, mais il obéit, soupirant de l'entêtement de son amie. Elle posa un verre d'eau devant lui et il grimaça, mais il ne fit pas la moindre réflexion. Puis, Tessa se planta devant lui, les bras croisés.

— Pourquoi tu ne lui es pas tombé dans les bras ? Il y a deux jours, tu t'es rendu malade à cause de lui. Aujourd'hui, il vient te chercher et tu... prends la fuite ?

Drago grogna.

— Bien que ça ne te regarde pas, il m'en veut terriblement. Il veut me ramener en Angleterre et...

Tessa l'interrompit.

— C'est quoi cette histoire de tutelle ? Ça a été mentionné plusieurs fois et j'aimerais avoir tous les éléments en main.

Drago se mordilla la lèvre quelques instants, puis il commença à expliquer, hésitant.

— En Angleterre, certaines familles suivent encore d'anciennes traditions. Des trucs liés à la noblesse, tu vois ? Ma famille suivait ces préceptes et Harry a hérité de... son parrain. Ce qui a fait de lui un chef d'une famille ancienne. Et noble.

Tessa écarquilla brièvement les yeux et hocha la tête, suspendue à ses lèvres. Drago sourit et continua.

— Quand je suis parti de chez moi à dix-sept ans, je pensais que j'allais finir en prison. J'ai refait ma vie comme je pouvais. J'ai pris le nom de jeune fille de ma mère, qui était aussi le nom de son cousin, le parrain de Harry.

Cette fois, la barmaid l'interrompit, les sourcils froncés.

— Une seconde. Vous vous êtes rencontrés comme ça ? Parce que vous venez de la même... famille élargie ?

Drago secoua la tête avec un rictus amusé.

— Non, pas du tout. Harry... est orphelin et il n'a pas beaucoup connu son parrain. On s'est connu à l'école et on se battait en permanence.

Tessa sourit, mais Drago ne lui laissa pas le loisir de commenter.

— Bref, c'est un peu complexe, mais Harry est un riche héritier ayant un poids politique plutôt important. Comme j'utilisais le nom de la famille qu'il... représente, j'ai été placé sous son autorité. En s'appuyant sur d'anciennes traditions de la noblesse, ils ont utilisé mes... fautes pour me déposséder de tout.

Voyant que Tessa ne semblait pas mesurer l'ampleur de la punition infligée, il précisa, avec une grimace.

— En gros, je n'avais pas plus de droits qu'un jeune enfant et Harry avait tout pouvoir sur moi. Il pouvait décider de mon lieu de travail, de mes achats, de mes loisirs. Toute ma vie était entre ses mains.