Drago s'obligea à rester immobile et les yeux fermés, alors que la porte s'ouvrait et se fermait. Peut-être que s'il le souhaitait suffisamment fort, il serait seul dans son petit appartement comme il l'avait été ces dernières années ?
Ses espoirs étaient vains cependant, parce qu'il savait qu'il y avait définitivement quelqu'un derrière lui. Il sentait une présence dans son dos, il sentait presque son regard ramper sur sa peau.
Il se tendit davantage et réprima un hoquet nerveux en sentant la magie exsuder de son visiteur, furieuse et indomptable.
Finalement, il ouvrit les yeux en déglutissant, parce qu'il ne pouvait pas simplement espérer que les choses allaient s'arranger toutes seules.
Et il était là. Juste devant lui.
Il s'était déplacé en silence, et il le détaillait, les sourcils froncés. Sans la moindre trace d'appréciation dans les yeux.
Drago se passa la langue sur les lèvres, avec la sensation que tout son sang se retirait de son visage. Il avait pensé à lui chaque seconde depuis son départ et pourtant, il n'était pas prêt à lui faire face.
Il savait que Harry ne parlerait pas en premier. Il le fixerait jusqu'à ce qu'il craque, mal à l'aise. C'était probablement un truc qu'il avait appris pendant qu'il était Auror et Drago avait découvert cette nouvelle habitude au début de leur cohabitation.
Il soupira et baissa les yeux pour fixer ses doigts, grattant son jean.
— Bonjour Harry.
Harry ne répondit pas, continuant de détailler son visage avec attention, comme s'il cherchait à lire ses pensées les plus profondes. Frustré, Drago passa la main dans ses cheveux trop longs, les tirant légèrement pour que la pointe de douleur lui permette de se calmer. Il hésita brièvement, puis il se leva et ouvrit les placards pour en sortir de quoi préparer un thé, décidé à occuper ses mains.
Il se moquait que Harry découvre à quel point les placards étaient vides. Il n'avait rien de plus que de quoi vivre pendant une semaine en provisions. Deux tasses — l'une était ébréchée et Tessa lui avait offert l'autre pour la remplacer — mais une seule assiette. Ses possessions pouvaient tenir dans le grand sac à dos qu'il avait désormais et personne ne savait qu'il emmenait toujours tout ce qu'il avait dès qu'il s'éloignait de chez lui pour plus d'une journée.
Il versa l'eau chaude dans les deux tasses et y plongea les sachets, puis il posa la boîte de sucre au milieu de la table.
Harry le regarda faire, toujours silencieux, mais il s'installa autour de la petite table lorsque Drago lui désigna la chaise. Il posa ses mains autour de la tasse, jusqu'à ce que Drago se calme et s'installe à son tour.
Au moment où il s'y attendait le moins, Harry prit la parole, avec un calme déconcertant. Le son rocailleux de sa voix fit naître une traînée de frissons sur son échine et il essaya désespérément de ne pas montrer à quel point il était touché par sa présence.
— Je voulais te dire en personne que tu étais libre.
Drago cligna les yeux en fixant sa tasse, essayant de comprendre ce que Harry voulait dire. Il fronça les sourcils et murmura, la voix tremblante.
— Quoi ?
Harry haussa les épaules.
— Il n'y a plus de tutelle, plus de menace sur tes épaules. Tu es libre. Ton appartement t'attend ainsi que la librairie si c'est ce que tu souhaites.
Drago écarta les mains de la tasse et il se pinça la cuisse sous la table pour se convaincre qu'il ne rêvait pas. Il tremblait, n'arrivant pas à comprendre le comportement si froid de Harry et ce discours bien loin de ce qu'il avait imaginé. Il aurait pu traiter avec des reproches ou de la colère, mais cette indifférence le tuait bien plus encore que la solitude qu'il avait endurée.
Drago passa une fois de plus la langue sur ses lèvres, essayant de se calmer et de comprendre ce qui se passait. Puis, il leva les yeux et regarda Harry, avant de murmurer, dans un souffle.
— Je ne comprends pas.
Une brève émotion passa sur le visage de Harry, trop fugace pour qu'il puisse la comprendre, et il haussa tranquillement les épaules.
— Comme je te l'avais dit avant ton... départ, j'ai fait en sorte de te libérer de cette loi inepte. La maison Black a publiquement réhabilité Drago Malefoy. Tu peux aussi garder David Black si c'est ce que tu préfères. Puisque Hermione est indisponible, j'ai demandé à ton ancien ami Théodore Nott de gérer ta boutique. Certains de tes clients ont donné des petites cartes pour prendre de tes nouvelles, mais je n'avais aucune adresse où les envoyer.
Drago ferma les yeux, nauséeux. Il avait senti la pointe de reproche dans sa dernière phrase, mais pour le reste, Harry agissait comme s'ils étaient des étrangers.
Il soupira et hocha la tête, réussissant à cacher ses émotions à vif. Il patienta quelques secondes, comme s'il réfléchissait, puis lorsqu'il fut certain que sa voix serait stable, il murmura.
— Et toi ?
Harry sembla surpris de la question, mais il haussa les épaules.
— Que veux-tu savoir ?
Drago pinça légèrement les lèvres et il souffla.
— Qu'est-ce que ça t'a coûté de faire ça ? Tu disais que c'était pour te piéger ?
Harry fronça les sourcils, puis il eut un vague geste de la main.
— Shakelbolt n'est plus ministre, il n'a plus le moindre pouvoir. Et le Magenmagot a été dissous il y a trois ans.
Cette fois, Drago sursauta, les yeux écarquillés. Harry eut un petit sourire supérieur et il haussa les épaules, comme si l'information n'avait pas la moindre importance.
— Il y avait bien trop de corruption au Ministère. Après le désastre pendant la guerre, ils se sont accrochés à chaque miette de pouvoir sans se soucier de leur réelle fonction. Donc... le fonctionnement politique du ministère de la Magie a été revu de fond en comble. Les Gobelins semblaient plutôt satisfaits puisqu'ils étaient régulièrement sommés de dévoiler les secrets de leurs clients sous couvert d'enquêtes. Je suppose que tout n'est pas parfait, mais au moins il n'est plus possible de s'en prendre à des innocents ou de faire pression sur des sorciers pour n'importe quelle raison.
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Sous Tutelle
FanfictionIl avait fui. son passé, ses souvenirs, tout ce qui lui restait. Il s'était construit une nouvelle vie, réapprenant à vivre. Puis, un jour, ce qu'il avait toujours craint s'était produit : son passé avait surgi, chamboulant sa vie bien ordonnée. Alo...