Chapitre 19

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Harry marmonna une vague excuse en respirant profondément. Puis, il murmura, l'air agacé.

– Malefoy. Tu peux... arrêter de faire comme si... Comme si j'allais te torturer si tu étais toi-même ? Je m'en fiche de ces conneries, tu as le droit de donner ton avis !

Drago le fixa un long moment sans sourciller, puis il haussa les épaules, ne prenant même pas la peine de répondre. Si Harry voulait se battre avec lui, il devrait porter le premier coup et être celui qui déclencherait les hostilités. Lui avait changé, il n'était plus l'imbécile d'autrefois, prêt à provoquer le monde entier pour avoir le dernier mot.

Face à son mutisme, Harry soupira et secoua la tête, marmonnant quelques mots incompréhensibles. Puis, il se redressa, le visage fermé.

— Très bien. J'ai trouvé un loft plus grand dans ce quartier, à deux pas de ta librairie. Je l'ai mis à ton nom moldu, David Black.

Drago plissa les yeux, suspicieux, et son ton fut plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

— Pour quelle raison ? J'ai déjà un logement !

Harry ne sembla pas ému par son intervention, il eut juste un petit sourire amusé.

— Tu as un minuscule appartement, je suppose que tu as déjà pensé à trouver plus grand. Si tu te plais dans celui que j'ai trouvé, il sera à toi quand tout... sera terminé.

Drago resta muet de stupeur quelques instants, puis il secoua la tête, effaré.

— Potter... qu'est-ce que tu veux dire ? Ça n'a aucun sens...

Harry le fixa longuement, puis il murmura, pleinement sincère.

— Je suis désolé que ta vie ait été bouleversée de cette façon, à cause de moi. Disons que c'est ma façon de te présenter des excuses.

Drago grogna, mal à l'aise.

— En m'offrant un appartement ? Par pitié, Potter, une boîte de chocolats aurait suffi !

Harry ricana, avant de hausser un sourcil moqueur, en dévisageant Drago pour ne manquer aucune de ses expressions.

— Pas dans la famille Black. Si Sirius m'a appris quelque chose à ce sujet, c'est bien que les Black ne font jamais rien simplement, ni même comme les autres. Après tout, mon parrain est le seul homme à avoir réussi à s'échapper d'Azkaban sans aide extérieure.

Drago prit conscience qu'il pourrait passer la journée à protester ou à se plaindre, et Harry aurait à chaque fois une excuse toute prête ou une réponse appropriée. Ce n'était pas vraiment une surprise, il avait toujours été terriblement buté.

Il haussa donc les épaules, se promettant mentalement de revenir dans son petit appartement dès qu'il serait libre de l'emprise de Harry. Il n'allait pas accepter ce genre de présents, pas alors qu'il estimait ne pas le mériter.

Harry marqua une hésitation, avant de soupirer.

— Je ferais en sorte de ne pas te gêner, mais je vais te... je vais rester près de... enfin, te protéger...

Drago leva un sourcil moqueur et intervint amusé par son indécision et la gêne dans son ton.

— Surveiller le vilain mangemort, j'ai compris.

Harry rougit et détourna le regard en serrant les poings, à la fois mal à l'aise et en colère.

— Ce n'est pas contre toi, Malefoy. Mais je suis prêt à parier que Kingsley va envoyer ses larbins s'assurer que je suis dans les parages.

Drago cacha de son mieux son amertume, offrant un sourire sincère à Harry. Quelles que soient ses motivations réelles, Harry faisait de son mieux pour l'aider. Drago était conscient que le jeune homme aurait été en droit de le traiter bien plus mal, qu'il aurait pu en profiter pour l'humilier.

Il prit juste une grande inspiration et répondit tranquillement, comme s'il n'était pas incommodé par l'intrusion brutale du jeune homme dans son quotidien.

— Pas de problèmes. Il y a un coin repos plutôt agréable à la librairie. Sinon, tu disais que ton appartement n'était pas loin de la boutique ?

Sa réaction déstabilisa Harry, qui l'observait comme une espèce exotique. Visiblement, Harry était arrivé chez lui avec la ferme conviction qu'il devrait lutter pied à pied et s'imposer... et Drago ne réagissait pas comme il l'avait prévu en se soumettant à ses exigences sans protester.

Plutôt que d'attendre une éventuelle confrontation, Drago soupira et se décida à expliquer son comportement.

— Potter. Je suis un sang-pur, mon père m'a élevé en m'enseignant chacune de nos lois. Même si je ne suis pas aussi... extrémiste que lui concernant l'avenir du monde magique, c'est... gravé en moi, profondément. J'ai pris la fuite parce que je savais que je serais un paria.

Harry hoqueta et l'interrompit, les yeux écarquillés.

— Comment ça ?

Drago roula des yeux et exposa la marque sur sa peau.

— Mes erreurs sont imprimées dans ma chair. Bien visibles. Je n'avais aucun avenir à espérer dans le monde magique. Juste des regards pleins de haine dans le meilleur des cas.

Harry sembla prêt à protester, mais Drago leva la main, les sourcils froncés.

— Peu importe. J'ai fait un choix, j'ai eu... la chance d'avoir une vie agréable jusqu'à présent. Désormais, je suis sous ta tutelle pour le monde magique. Je pourrais lutter contre toi, bien sûr, mais ça ne changerait rien. Tu serais en droit de m'humilier, de me faire payer chacune de mes erreurs. Tu pourrais me dépouiller de chacun de mes biens, m'interdire de travailler, me réduire à être un elfe de maison même...

Harry blêmit et fit un pas en arrière, l'air nauséeux. Drago haussa les épaules.

— J'ai eu sept années dans le monde moldu pour découvrir que le monde magique était un curieux mélange de traditions dépassées et d'habitudes étranges. Je me doute que tu veux... agir comme bon te semble, mais moi je ne peux pas me le permettre.

Harry hoqueta, sa voix abimée semblant encore plus rocailleuse alors qu'il semblait peiner à expulser le mot qui lui brûlait les lèvres.

— Pourquoi ?

Drago soupira.

— À Poudlard, si tu m'avais dit que je vivrais un jour dans le monde moldu, j'aurais été horrifié. Je les voyais comme mon père le décrivait : des animaux à peine évolués. Mais cette vie, je l'ai choisie. Je ne compte pas retourner dans le monde magique, Potter. Si je me débats contre le ministre, il me ramènera de force là où je ne veux pas être. Que ça soit pour m'expédier à Azkaban ou pour me surveiller.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant