Les jours suivants furent un peu étranges pour Drago. Il reprit son rythme habituel, mais même s'il appréciait habiter juste à côté de son travail, il peinait à trouver ses marques.
Il vivait reclus depuis sept années, ne laissant personne entrer dans sa vie, et il se retrouvait à devoir cohabiter avec Harry Potter. Le changement était net et le perturbait énormément.
Harry Potter était bruyant, il semblait toujours avoir besoin de parler là où Drago privilégiait le silence, il laissait ses affaires traîner partout également.
Malgré ses défauts, il devait admettre que le jeune homme n'était pas désagréable, loin de là. Il était même plutôt surpris de découvrir qu'ils s'accordaient plutôt bien tous les deux. Ils se découvraient régulièrement des goûts en commun et passée l'impression un peu étrange d'irréalité, Drago avait la sensation qu'ils devenaient amis.
Cependant, il s'obligeait régulièrement à se souvenir des raisons de la présence de Harry dans sa vie. Ils ne s'étaient pas retrouvés par hasard, ils n'avaient pas sympathisé spontanément après une conversation à cœur ouvert. Ils avaient été réunis par une machination du ministère et ils étaient obligés de cohabiter sans quoi Drago risquait d'être arrêté et envoyé à Azkaban.
Tout était faussé entre eux puisque le sort de Drago dépendait du bon vouloir de Harry. Cette situation forçait Drago à surveiller ses paroles et à laisser Harry décider de tout. Il n'osait pas le contredire et il se comportait plus comme un invité que comme un locataire de l'appartement, avec l'impression de marcher sur des œufs à chaque instant qu'il passait à ses côtés.
Drago fit en sorte de rester plus longtemps à la librairie, aussi longtemps qu'il l'osait, pour ne pas s'imposer davantage dans la vie de Harry. Il prétendait avoir de la comptabilité en retard et des commandes à faire, mais il tuait plutôt le temps pour rester le moins possible en compagnie de Harry. Ce n'était pas qu'il ne l'aimait pas — leurs anciennes querelles datant de Poudlard étaient oubliées —, mais il ne savait jamais comment se comporter avec lui, craignant de le froisser ou de le mettre en colère.
Lors du premier week-end après le début de cet arrangement un peu étrange, Drago regretta de ne pas pouvoir ouvrir sa boutique et il passa son temps enfermé dans sa chambre à lire, ne sortant que pour les repas.
Il se doutait qu'il y aurait un moment où il devrait rendre des comptes à Harry au sujet de son emploi du temps, mais il ne savait pas comment se comporter autrement. Il avait parfaitement noté les regards pensifs de Harry sur lui, mais il avait fait comme s'il ne voyait rien. Il avait toujours été très doué pour ne pas voir ce qui le gênait...
La confrontation que redoutait Drago n'eut pas vraiment lieu. Ou plutôt, elle ne se produisit pas de la façon qu'il avait imaginée.
Il n'y eut pas de scène dramatique autour de la table pendant le dîner, pas de cris, pas de reproches.
À l'heure de la fermeture, alors que Drago discutait avec sa cliente préférée, Susannah Grives — la vieille dame qui avait eu la gentillesse de lui tricoter son bonnet et son écharpe —, Harry était entré tranquillement, les mains dans les poches, avec un sourire tranquille.
Drago terminait d'emballer les achats de sa cliente et il nota les coups d'œil curieux de Susannah. Bien qu'adorable, la vieille dame était également une commère aguerrie et rien n'échappait à son regard encore perçant. Bien évidemment, Harry semblait attendre, mais il ne se préoccupait pas des livres autour de lui... et Susannah avait rapidement compris qu'il attendait Drago lui-même...
Mal à l'aise, Drago demanda à Harry s'il avait besoin de lui pour quelque chose en particulier et le brun laissa échapper un léger rire.
— Prends ton temps. Mais ce soir, je t'emmène dîner, tu travailles trop.
Drago ouvrit la bouche, prêt à protester et à prétendre qu'il avait du travail, mais bien évidemment Susannah s'en mêla avec un sourire sournois.
— Il était temps que vous trouviez quelqu'un pour prendre soin de vous, mon petit.
Horrifié, Drago rougit furieusement alors que Harry, parfaitement à l'aise, serrait la main de la vieille dame avec précautions, tout en ajoutant, en souriant largement.
— Ne vous en faites pas, je vais m'assurer à ce qu'il se repose un peu.
En secouant la tête, Drago raccompagna sa cliente jusqu'à la porte, tout en marmonnant, avec un soupir.
— Je suis parfaitement capable de prendre soin de moi, merci bien.
Susannah lui jeta un regard perçant, avant de lui tapoter le bras d'un air entendu.
— Voyons, David. Je sais que vous êtes bien trop seul pour un jeune homme de votre âge. Si ce garçon veut prendre soin de vous, vous devriez le laisser faire. Tout le monde apprécie de se faire dorloter un peu.
Drago laissa alors échapper un rire nerveux en secouant la tête, les yeux légèrement écarquillés face aux sous-entendus à peine voilés.
— Ce n'est pas... nous avons été à l'école ensemble. C'est un ancien camarade, rien de plus.
La vieille dame tapota son chignon gris avec coquetterie avant de se pencher vers lui, avec une mine conspiratrice.
— Un très charmant camarade. Allez donc dîner avec lui, David, et passez une bonne soirée...
Drago secoua la tête sans pouvoir réprimer un sourire. Après avoir salué la vieille dame, il commença à fermer sa boutique soigneusement, sans un mot, sous le regard curieux de Harry.
Il sursauta presque lorsque Harry prit la parole, l'air un peu surpris.
— Tu aimes vraiment ce que tu fais.
Drago cligna des yeux, puis il haussa les épaules.
— Oui. Je te l'ai déjà dit, il me semble, non ?
Harry sembla un peu mal à l'aise et il se mordilla la lèvre, avant de murmurer.
— Je n'avais pas... compris à quel point tu étais passionné. Je n'imaginais pas... Peu importe. C'est plutôt agréable de voir à quel point tu es à l'aise, ici.
Drago hésita un instant, puis il soupira.
— Tu veux vraiment aller dîner ou c'était juste pour me faire rentrer plus tôt ?
Le rire rauque de Harry le fit presque frissonner, puis ce dernier lui adressa un clin d'œil complice.
— Je t'emmène dîner. Il faut bien que tu aies quelque chose à raconter à cette charmante dame !
Drago roula des yeux et le bouscula légèrement en quittant la boutique, murmurant un « imbécile » moqueur. Cependant, il souriait largement, presque malgré lui.

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Sous Tutelle
FanfictionIl avait fui. son passé, ses souvenirs, tout ce qui lui restait. Il s'était construit une nouvelle vie, réapprenant à vivre. Puis, un jour, ce qu'il avait toujours craint s'était produit : son passé avait surgi, chamboulant sa vie bien ordonnée. Alo...