Chapitre 40

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L'arrivée de Harry mit fin à la conversation et Hermione prétexta rapidement un rendez-vous pour s'échapper, soudain nerveuse. Elle devait probablement avoir l'impression de trahir son meilleur ami, alors qu'elle aidait Drago. Pourtant, elle était assez intelligente pour comprendre que c'était la meilleure façon de procéder, aussi cruel que ce soit.

Drago aurait probablement dû se sentir coupable pour ce qu'il préparait en cachette, en sachant qu'il allait blesser Harry malgré lui en voulant le protéger. Mais il était fermement convaincu que c'était pour le bien de celui qu'il aimait plus que tout et il apaisa les questions qu'il voyait dans le regard de Harry d'un baiser.

Maintenant qu'il avait pris une décision et commencé à mettre en œuvre son plan, Drago se sentait plus calme et surtout rassuré. Pour une fois dans sa vie, il allait protéger quelqu'un qu'il aimait, véritablement, de la bonne façon. Il n'y aurait pas de demi-mesures, il n'allait pas juste s'éloigner un peu comme il l'avait fait sept ans auparavant. Cette fois, Drago Malefoy n'existerait plus. Pas plus que David Black.

Puisque leur temps était compté, Drago décida de passer autant de temps que possible avec Harry, il réduisit donc les horaires d'ouverture de la librairie sans donner d'explications. Il n'essaya même pas de détromper Harry quand ce dernier pensa qu'il était mal à l'aise dans son magasin après son agression. Il profita juste de la présence réconfortante de celui qu'il aimait, faisant en sorte de lui rendre toute l'affection qu'il recevait. Il n'avait peut-être jamais été quelqu'un de câlin ou d'affectueux, mais pour Harry, il apprenait très vite et se révélait être un élève très appliqué.

Aux yeux de Drago, le temps s'écoulait à une vitesse incroyable alors qu'il était déchiré entre son amour pour Harry et le besoin presque viscéral de le protéger. S'il avait été certain que ça aurait aidé Harry, il se serait livré sans la moindre hésitation au Ministère ou à la vindicte populaire du monde magique...

Chaque nuit, alors qu'il était dans les bras de Harry, il fixait le plafond sans réussir à dormir, et il se rappelait chaque détail de leur relation.

Cette tutelle imposée par le Ministère était comme un boulet de démolition dirigé droit sur eux et il suffirait de peu de choses pour faire exploser toute leur vie.

Ils ne pourraient jamais rien construire avec cette épée de Damoclès, pas alors qu'il n'y avait pas le moindre équilibre dans leur couple.

Pour l'instant, ils s'accommodaient de la situation, mais ils ne faisaient que se voiler la face. Ils vivaient dans le monde moldu, sans voir personne d'autre que Hermione, protégés des rumeurs et des médisances.

Si Drago pouvait embrasser entièrement une vie moldue — le monde magique lui avait laissé trop de cicatrices physiques et psychiques pour le regretter — Harry avait besoin de cette part de lui dans son quotidien.

Sauf que Harry était particulièrement têtu et il refuserait de voir l'évidence. Il s'acharnerait à construire leur vie sur des bases instables et ils seraient tous les deux détruits lorsque leur château de cartes s'effondrerait. Drago n'avait pas le moindre doute : c'était inévitable.

Harry lui en voudrait, certainement. C'était un crève-cœur de le savoir, mais il préférait un Harry en colère à un Harry désespéré. Plus que n'importe qui, Harry méritait le bonheur.

À chaque fois qu'ils se voyaient, Hermione tentait de le dissuader, mais elle se rendait parfaitement compte que sa décision était prise et qu'il ne reviendrait pas dessus.

Elle semblait épuisée et elle avait fini par avouer qu'elle ne ménageait plus ses efforts pour chercher une solution pour éviter son départ. N'importe quoi qui puisse le libérer du Ministère et lui permettre de rester près de Harry.

Drago avait été ému et il l'avait enlacée, sans dire un mot. Ils savaient tous les deux que son départ était inéluctable, quel que soit le nombre de pages que Hermione tournerait. Comme l'avait dit Drago, les lois sang-pur avaient des centaines d'années d'existence et elles avaient été remodelées de façon à les rendre presque impossibles à contourner.

Hermione dut le comprendre également, d'une façon ou d'une autre, puisqu'elle fit parvenir à Drago un livre.

Ironiquement, elle avait choisi un livre de Jules Verne, le tour du monde en quatre-vingts jours, pour en faire le portoloin dont il avait besoin pour quitter le pays — mais surtout Harry.

Il lui restait donc une dernière semaine près de Harry, avant de disparaître en pleine nuit.

Le livre dans la main, Drago eut l'impression de sentir son cœur se briser. Littéralement.

Il se frotta la poitrine en tournant lentement les pages, ignorant le regard de Harry posé sur lui. Ce dernier semblait soucieux et il lui posa une main sur la joue pour attirer son attention.

— Drago ? Tu vas bien ?

Avec un haussement d'épaules et un sourire triste, Drago essaya de le rassurer.

— Probablement un peu de fatigue. Je pourrais peut-être... laisser la librairie fermée cette semaine et nous pourrions rester tous les deux ?

Harry le dévisagea si longtemps que Drago crut être percé à jour. Cependant, il finit par l'attirer dans ses bras, avec une tendresse infinie.

— Si c'est ce que tu veux, bien sûr.

Drago ferma les yeux et s'agrippa à lui, en se demandant comment il allait pouvoir le quitter sans devenir fou. Il n'avait jamais aimé personne à ce point, pas même ses parents.

Harry le garda contre lui, respirant calmement et lui frottant le dos à un rythme apaisant.

— Drago ? Tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ? Tu sais que... si quelque chose ne va pas, je ferais de mon mieux pour t'aider ?

Drago soupira, avant de laisser échapper un rire triste.

— Je sais, ne t'en fais pas. Je crois que j'ai juste envie de passer plus de temps avec toi, si ça te convient.

Pour seule réponse, Harry l'embrassa avec avidité et Drago se fit un plaisir de lui rendre son baiser, le tenant contre lui avec un peu de désespoir.

Près d'eux, sur la table basse, il y avait le livre envoyé par Hermione, le portoloin qui se déclencherait dans quelques jours, pendant que Harry dormirait.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant