Chapitre 59

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Après avoir complimenté Tessa pour sa cuisine, Ron pointa Harry de sa fourchette avec un rictus malicieux.

— Alors, Harry, comment ça se passe au pays ? Il y a du nouveau ?

Harry hésita, puis il haussa les épaules avant de marmonner.

— Bien, je suppose.

Il se tut aussitôt et se remit à manger, tendu.

Tessa gloussa aussitôt, amusée.

— Tu supposes ? Tu ne vis pas en Angleterre ?

Harry se tortilla inconfortablement sur sa chaise, puis il soupira avec une légère grimace.

— Disons que je ne sors pas beaucoup de chez moi.

Drago leva aussitôt les yeux vers lui, un peu surpris de sa gêne soudaine. Bien qu'il ait toujours été discret sur sa vie, les questions posées n'avaient rien de confidentiel, et Harry pouvait se montrer parfaitement sociable lorsque c'était nécessaire. Ron insista sans hésiter, un petit sourire moqueur aux lèvres.

— Tu restes cloîtré chez toi ? Je pensais que... la position d'Hermione t'aiderait à éviter... les problèmes ?

Harry se renfrogna alors que Ron expliquait vaguement la situation à Tessa, veillant à ne pas parler du monde magique.

— Harry est une... sorte de célébrité dans certains quartiers de Londres. Il a contribué à déjouer un genre d'attentat et il lui est arrivé de faire les gros titres à plusieurs reprises. Notre amie est... dans la politique et elle fait en sorte de protéger Harry de son mieux.

Tessa leva un sourcil surpris, avant de commenter tranquillement.

— Je suppose que ça a un lien avec les erreurs de jeunesse de James.

Harry leva les yeux vers Drago, qui haussa les épaules en détournant les yeux.

— J'ai parlé à Tessa du... gang que j'avais rejoint.

Il y eut un silence inconfortable puis Harry soupira.

— Effectivement. En stoppant le chef de ce... gang, j'ai permis d'éviter un bain de sang. Probablement. Mais je n'aime pas toute cette attention, juste parce que j'ai fait ce que n'importe qui d'autre aurait pu faire. Faire de moi un héros alors que j'étais juste un gamin avide de vengeance...

Ron renifla, avec un demi-sourire.

— Tu peux dire ce que tu veux, mon pote, mais tu es le seul à avoir été assez courageux pour faire face à ce merdier. J'espère qu'ils ont pensé à donner ton nom à une rue, au moins ?

Tessa éclata de rire, amusée, tandis que Harry grimaçait en fusillant Ron du regard.

Drago hésita, puis posa la question qui lui brûlait les lèvres.

— Tu n'es pas resté vivre dans notre... dans l'appartement face à la librairie ? Le quartier était plutôt calme, pourtant.

Harry secoua aussitôt la tête.

— J'ai préféré retourner chez moi. Chez mon parrain, je veux dire.

Bien qu'il brûlait de lui demander pour quelle raison il avait abandonné un appartement qu'il aimait pour retourner dans une maison sinistre, Drago garda le silence, hochant juste la tête sans quitter Harry des yeux, curieux d'en savoir plus sur les trois années durant lesquelles ils avaient été loin l'un de l'autre.

Ron n'eut pas la même délicatesse puisqu'il émit immédiatement un reniflement agacé.

— Cette bicoque horrible ? Bon sang, Harry ! Il y a de quoi devenir cinglé là-bas...

Harry prit immédiatement une expression butée que Drago connaissait bien et ses yeux verts s'assombrirent. Presque machinalement, Drago appuya sa jambe contre celle de Harry pour lui montrer qu'il n'était pas seul. À son contact, les muscles crispés se détendirent légèrement.

Avec un soupir, Harry secoua la tête et ferma les yeux un instant, le temps de se calmer. Puis il répondit à Ron, dans un grognement.

— Au moins personne ne connaît l'adresse de cette maison, donc j'ai un peu de calme !

Tessa fronça les sourcils, perplexe.

— Attends une seconde, comment tu fais pour travailler si tu as autant de mal à être tranquille ? Tu es célèbre à ce point ?

Harry soupira.

— Je travaille de chez moi. Disons que je suis un genre de consultant, je... passe mon temps à faire des recherches dans de vieux livres.

Cette fois-ci, Tessa se mit à rire, amusée.

— Je vois pourquoi vous étiez ensemble tous les deux. Un libraire et un passionné de vieux livres ?

Drago déglutit en se frottant légèrement la poitrine, avec l'impression que son cœur était pris dans un étau. Puis, il murmura avec tristesse, sans réussir à masquer ses sentiments.

— Je ne suis plus libraire, Tessa. Plus depuis des années.

La barmaid écarta sa remarque d'un haussement d'épaules.

— Et alors ? Les choses changent au cours d'une vie. Tu as prouvé que tu pouvais faire beaucoup de choses, James. Ça ne change pas qui tu es, au fond de toi.

En levant le regard, Drago croisa les yeux de Harry, qui le fixait avec intensité. Cependant, Tessa reprit, en s'adressant à Harry, détournant ainsi son attention.

— Et toi, Harry ? Qu'est-ce qui te retient en Angleterre ? D'après le peu que je sais de toi, tu n'as pas de famille.

Harry hésita, puis il haussa les épaules.

— Je n'ai jamais pensé à quitter mon pays, c'est tout. Je veux dire, il n'y a pas de raison pour moi de tout changer sur un coup de tête.

Tessa ricana, amusée.

— Personnellement, moi, je vois une raison pour toi de changer de pays. Juste en face de toi.

Drago cligna des yeux, stupéfait, alors que Harry le fixait pensivement. Ron souriait, visiblement complice de cette petite mascarade et parfaitement à l'aise avec les paroles de Tessa.

La barmaid reprit, tranquillement, énonçant ses arguments.

— Tu débarques ici, parce que tu as retrouvé James, et quoi ? Tu prévoyais de le ramener chez toi ? Ou tu es juste venu pour le torturer gratuitement ?

Drago voulut protester, mais Tessa continua, les sourcils froncés.

— James a clairement dit qu'il ne pourrait pas être heureux en Angleterre. Vous avez visiblement en commun un passé douloureux, donc tu es censé comprendre ses raisons, non ? Si tu l'aimais autant que tu le prétends, tu ne serais pas ici pour le faire culpabiliser. Tu serais ici pour le rejoindre. Pour le convaincre qu'il mérite d'être heureux et pour qu'il cesse de se sentir si mal.

Drago secoua la tête, les larmes aux yeux.

— Arrête, Tessa. Ce n'est pas...

Tessa croisa les bras sur sa poitrine et elle lui lança un regard noir.

— Je sais que je ne sais pas tout. Je me moque bien de vos secrets. Je constate juste que tu le défends sans cesse et que tu vis dans la culpabilité. Lui se contente de venir te juger, sans même se remettre en question.

Harry semblait statufié, tandis que Drago haletait, au bord de la panique. Puis, Tessa renifla et conclut sa tirade, avec une pointe de colère en fixant Harry.

— Tu as raison, Harry. Tu es peut-être célèbre chez toi, mais tu n'as vraiment rien d'un héros.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant