Chapitre 34

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Harry relâcha légèrement son étreinte, probablement surpris par sa réponse, mais Drago resta immobile, préférant lui tourner le dos.

— Étrange ? Comment ça ?

Drago renifla, puis il haussa les épaules avant d'aborder le sujet, prudemment.

— Toi et moi. Je veux dire... nous deux. Ensemble.

Le rire de Harry chatouilla sa nuque et le fit frissonner une fois encore. Il s'obligea à se concentrer, attendant ce que Harry aurait à dire.

— Pourquoi ça serait étrange ? Ça semble plutôt logique, je trouve.

Drago fronça les sourcils et se retourna brusquement pour fixer Harry dans les yeux. Il se retrouva très proche de lui, beaucoup trop proche et il recula légèrement, en espérant qu'il ne rougissait pas. Parfois, sa peau pâle était une malédiction.

Le regard de Harry posé sur lui était chaleureux et affectueux. Avec une inspiration brusque, Drago attaqua, les lèvres pincées.

— Logique ? Comment peux-tu trouver ça logique alors qu'on se battait sans cesse ? Bon sang, j'étais l'un de tes ennemis !

Le regard de Harry s'assombrit à la mention indirecte de la marque sur sa peau, mais il ne chercha pas à le repousser ou à s'éloigner.

— Tu devrais penser à te pardonner de tes erreurs. Nous n'étions que des enfants à l'époque, nous avons... fait ce que nous pouvions.

Drago ferma les yeux, nauséeux, se souvenant de certains de ses méfaits. Le regard vide de madame Rosmerta quand il lui avait lancé l'imperium, et ses gestes saccadés lorsqu'elle avait été contrainte de lui obéir, le sort impardonnable étouffant ses bavardages joyeux habituels... Les cris de douleur de Katie Bell lorsqu'elle avait touché le collier maudit, cédant à la curiosité alors qu'elle était sa coursière pour tenter d'atteindre Dumbledore.

Rosmerta, aussi joviale et agréable est-elle dans son commerce, aurait probablement adoré se joindre à ses tortionnaires, pour lui faire payer ses crimes. La dernière fois qu'il l'avait vue, lors de la bataille de Poudlard, elle l'avait regardé avec tant de dégoût qu'une vague de nausée l'avait submergé et qu'il avait lâchement fui dans la direction opposée pour ne surtout pas se retrouver face à elle.

Il songea qu'il ne s'était jamais renseigné de savoir si Bell avait survécu au collier maudit ou si elle avait eu des séquelles. Il ouvrit la bouche prêt à demander avant de la refermer brutalement, refusant d'évoquer ce sujet alors qu'ils étaient au lit ensemble.

Avant qu'il ne puisse s'enfoncer davantage dans une spirale de regrets amers et de culpabilité, Harry murmura avec une certaine tendresse.

— Tu as fait de ton mieux, Drago. Je me souviens de ton désespoir l'année où tu as été marqué... J'aurais aimé être assez... intelligent à l'époque pour... tendre la main vers toi, mais j'étais trop en colère et...

Drago laissa échapper un rire incrédule.

— Bon sang, ne fais pas de moi une espèce de héros de tragédie poussé dans de mauvais choix par le destin ! Je croyais à toute cette merde au début.

Harry le bâillonna d'un baiser, puis il lui offrit un sourire suffisant.

— Tu l'as dit toi-même, « au début ». Ce qui implique que malgré ton éducation désastreuse, tu as appris à réfléchir par toi-même et que tu as su faire les bons choix.

Drago déglutit, ému malgré lui par les mots de Harry. Cependant, il se renfrogna et grogna, avec une légère pointe d'agacement dans la voix.

— Tu me surestimes.

Harry renifla, amusé, et l'embrassa une fois encore, souriant lorsque Drago se laissa faire avec complaisance et répondit même à son baiser.

— Je pense plus que tu te sous-estimes, mon petit serpent.

Drago s'étouffa presque en entendant le petit surnom donné par Harry, se hérissant sous l'indignation.

— Sérieusement ?

Son agacement fit rire Harry et ce dernier haussa les épaules, malicieux.

— Quoi ? J'ai toujours apprécié les serpents...

Drago eut l'impression d'être jeté dans un grand huit émotionnel, passant d'un extrême à l'autre. Quelques secondes plus tôt encore, il voulait repousser Harry et lui hurler dessus, mais cette simple phrase murmurée avec un petit sourire le fit fondre et probablement rougir.

Il se frotta le visage nerveusement pour masquer son trouble, avant de soupirer.

— Tu devais m'expliquer pour quelle raison tu trouvais logique notre... situation ?

Harry renifla et il afficha une expression pleine de défi. Sans la lueur d'incertitude dans son regard vert, Drago aurait peut-être pensé qu'il se moquait de lui. Malgré tout, Harry n'hésita pas un instant — probablement à cause de son stupide courage qui le poussait à se jeter tête la première au cœur des problèmes.

— Facile. On n'a jamais pu s'ignorer, pas vrai ?

Drago cligna des yeux et Harry laissa échapper un petit rire amusé.

— Durant notre sixième année... j'ai rendu Hermione cinglée. Tu nous laissais enfin en paix et moi je passais mon temps à te suivre et à t'observer...

Drago chuchota, incertain.

— Mais tu voulais juste... me faire renvoyer, non ? Je veux dire...

Harry haussa les épaules.

— C'est probablement ce que je disais à l'époque. En fait... je crois que j'étais surtout furieux que tu aies accepté d'être marqué. Tu valais tellement mieux que ça, tu méritais mieux que de devenir l'esclave d'un fou furieux.

Ils se dévisagèrent un instant en silence, puis Drago détourna les yeux, submergé par toutes ces confidences.

— Pourtant c'est ce que j'ai fait. Je suis devenu son esclave. Si je suis ton raisonnement, tu devrais me détester aujourd'hui.

Harry ricana.

— Tu m'as rendu fou quand tu... as fait ça. Pourtant, je savais que tu n'avais pas eu le choix. C'est pour ça que... je ne pouvais pas te laisser être blessé...

Drago chuchota, les yeux écarquillés.

— Le feudeymon.

Harry haussa les épaules.

— Je ne pouvais pas te laisser. Je n'ai pas eu besoin de me poser de questions, Drago, ça me semblait évident.

Il marqua une pause et fronça le front, comme s'il réfléchissait. Puis, il soupira.

— Quand j'ai découvert ta disparition... je crois que j'ai perdu les pédales. Je veux dire, quand je pensais que tu m'évitais, j'étais plutôt de mauvaise humeur, mais le fait que tu sois parti et que tu sois introuvable ? Disons que je ne me suis pas montré sous mon meilleur jour.

Drago secoua la tête, un peu dépassé par ces confidences inattendues.

— Mais pourquoi ? Nous aurions pu... ne pas nous entendre. Ou nous ignorer ! Je veux dire, après notre passif, il y avait bien plus de raisons que nos retrouvailles se passent mal, quoi que tu puisses en dire.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant