Chapitre 22

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Pour dissiper la tension croissante dans la pièce, Harry annonça qu'il avait commandé des pizzas pour le repas. Drago se servit sans faire la moindre remarque, laissant Hermione et Harry discuter tranquillement.

Il sursauta presque lorsque Harry lui donna un léger coup de coude pour attirer son attention.

— Malefoy ! Hermione a une question.

La jeune femme se pencha sur la table pour lui parler.

— Tu utilises le nom Black depuis que tu as quitté le monde magique, c'est bien ça ?

Drago hocha la tête.

— Oui. J'ai des papiers d'identité moldus en règle qui datent de début mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf. J'en avais besoin pour travailler, alors j'ai fait le nécessaire en prétendant avoir été élevé par des parents marginaux, ce qui explique mon absence d'acte de naissance.

Hermione sautilla presque sur place, visiblement satisfaite de la réponse de Drago.

— Ce qui veut dire que tu utilisais ce nom avant que Harry ne soit le nouveau chef de famille. Donc, le ministère ne peut pas te reprocher de ne pas avoir demandé d'autorisation, n'est-ce pas ?

Drago secoua la tête, avec un mince sourire.

— Pas si vite, Granger. Selon les lois sang-pur j'aurais dû me présenter au nouveau chef de famille et lui prêter allégeance. Ce que je n'ai pas fait, de toute évidence, puisque j'ignorais la situation...

Hermione leva la main, les joues rouges alors qu'elle s'enflammait.

— Mais comme tu as mené la vie d'un moldu, tu ne pouvais pas suivre les lois sorcières ! Tu n'as jamais eu de problèmes avec la loi moldue, n'est-ce pas ?

Drago renifla.

— Non. Je suis un honnête citoyen.

Hermione glissa un regard en coin en direction de Harry.

— Dans ce cas, le chef de famille aurait dû te contacter, peut-être ? Je veux dire...

Harry ricana et l'interrompit, les yeux brillant d'amusement.

— Je veux bien porter le chapeau, Hermione, mais je doute que Kings se laisse convaincre. Tu sais à quel point il peut être têtu...

Drago grogna.

— Par Merlin, Granger ! Tu essaies de contourner une loi qui date de l'époque médiévale ! À l'époque, les chefs de famille étaient souvent des seigneurs... penses-tu réellement qu'ils se préoccupaient de savoir si leurs sujets étaient informés des lois ? En plus, je suis certain que le ministre va se servir de l'intervention de Potter à mon procès.

Hermione leva un sourcil surpris.

— Comment ça ? Harry n'avait pas encore la charge de la famille Black, à cette époque.

Drago balaya la remarque d'un geste de la main.

— Peu importe. Son parrain était mort et il savait qu'il était son seul héritier, je suppose. Il est intervenu pour moi, il m'a offert la protection qu'un seigneur d'autrefois apportait à ses vassaux.

Harry renifla, perplexe.

— Tu vas devoir te montrer plus précis, Malefoy.

Drago soupira.

— Très bien. Un peu d'histoire alors. Au moyen-âge, le chef d'une famille sorcière était généralement un seigneur puissant. Il offrait la protection aux branches mineures de la famille en échange de leur loyauté. Lorsque le système féodal a peu à peu disparu, les familles sang-pur ont choisi de conserver cette organisation, puisque ça fonctionnait depuis des centaines d'années.

Hermione se figea un instant, avant de murmurer, stupéfaite.

— Alors lorsque Harry a pris ta défense, il s'est comporté comme un chef de famille, n'est-ce pas ?

Drago hocha la tête.

— Exact. Et si par un hasard miraculeux tu parviens à faire oublier ce détail, le ministère pourra considérer mon procès comme nul et m'envoyer à Azkaban.

Harry se leva d'un bond, furieux, mais Hermione le tira par le bras pour le forcer à se rasseoir, sans même lever les yeux vers lui. Drago masqua un sourire amusé en observant leur interaction, puisque le puissant Harry Potter obéissait à la miss je-sais-tout sans protester...

Drago pouvait sentir l'agacement de Harry, mais ce dernier parvenait à se contenir.

Hermione marmonna, perdue dans ses pensées.

— Vous n'allez quand même pas vous battre en duel pour régler ça !

Harry s'empourpra, proche de l'explosion, tandis que Drago ne pouvait s'empêcher de rire, amusé.

— Le duel s'appliquerait si nous nous battions pour les faveurs de la même femme. Quoi qu'il en soit, je ne vais certainement pas prendre part à vos plans tordus pour défier le ministère. Je ne peux pas vraiment me faire remarquer...

Lorsque Harry intervint finalement, la rage froide à peine contenue dans sa voix donnait une assez bonne idée de son humeur.

— Malefoy a raison. C'est inutile de défier le Ministère, je suppose qu'ils trouveront toujours quelque chose de plus contraignant ensuite. Peut-être qu'il suffit de ne pas jouer leur jeu, cette fois.

Hermione sembla surprise et elle dévisagea Harry un instant avant de demander, un peu inquiète.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Harry renifla.

— Kings me connaît. Il sait que je suis prêt à me lancer dans la mêlée pour défendre mes idées. Il agite juste un drapeau rouge devant moi et il attend que je plonge tête la première.

Son amie protesta aussitôt, outrée.

— Alors tu vas le laisser faire n'importe quoi ? Harry !

— La loi qu'il m'a présentée m'oblige à garder un œil sur Malefoy, mais elle ne dit pas comment je dois le faire.

Son ton malicieux calma instantanément Hermione et elle eut un sourire amusé.

— Kingsley va être furieux.

Harry haussa les épaules, satisfait de son idée.

— Probablement, mais ce n'est pas mon but. Je vais rester loin du monde magique moi aussi et si on te demande où je suis, tu devras répondre que j'obéis aux ordres du Ministère.

Drago se leva avec un ricanement amusé.

— Bravo, Potter. Un vrai Serpentard. Peut-être que ton cas n'est pas si désespéré après tout. Bonne soirée à tous les deux, je vais m'allonger, la journée a été longue et je commence tôt demain.

Harry le fixa longuement, avec un demi-sourire avant de hocher la tête.

— Bonne nuit, Malefoy. Je laisserai un trousseau de clés pour toi sur la table.

Drago lui rendit son regard, un peu surpris. Il avait pensé que Harry le suivrait partout, mais il semblait décidé à lui laisser un peu de contrôle sur sa vie.

Il hocha la tête et haussa les épaules, répondant doucement, sans la moindre amertume.

— Tu sais où me trouver en tout cas.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant