Sparks of Attraction

37. Sous surveillance

Aurora Lombardi

01 Mars, 06h51

Le soleil se lève à peine sur Hawaï, mais je suis déjà debout. La nuit a été agitée, comme toujours, hantée par des images et des murmures que je ne parviens pas à chasser.

Je sors sur la terrasse de la maison que Juan a louée. Elle est à l'abris de regards indiscrets et des conspirations qui se trament dans les environs. L'air salé m'enveloppe, mais ne parvient pas à apaiser mon esprit. Nous avons précisément un mois. Un mois pour établir un plan d'action, un mois pour défaire un réseau et débusquer la planque de Angelo pour enfin le mettre derrière les barreaux.

Alice est arrivée il y a deux jours, elle semble vouloir être là autant qu'elle semble vouloir fuir. Je comprends. La dernière fois que nous avons été réunis, tout a explosé. Littéralement.

Nous sommes tous assis autour de la grande table en bois de la pièce principale. Juan a installé un tableau blanc sur le mur. Les marqueurs rouges et noirs jonchent la table. Devant moi, un café à peine entamé. Alice fixe l'écran de son ordinateur portable, mais son regard est absent. Elle est là physiquement, mais mentalement, je ne suis pas sûre. A contrario de lui qui est concentré, les bras croisés, son visage fermé. Le silence est presque palpable.

— Bon, commence-t-il, rompant enfin la tension. Si on veut avoir une chance de neutraliser Angelo, il va falloir une stratégie claire. On ne peut pas se permettre la moindre erreur.

Je hoche la tête, notant l'évidence. Mais à cet instant, tout paraît tellement insurmontable.

— Et on commence par quoi ? demandé-je, essayant de masquer mon impatience.

— Par récupérer toutes les informations possibles sur ses mouvements actuels, répond le jeune homme. On sait qu'il a un pied dans plusieurs réseaux. Il faudra les cartographier. Et pour ça...

Il se tourne vers Alice, qui sursaute légèrement, comme prise en faute.

— ...On aura besoin de ton aide, Alice.

Elle relève les yeux, son expression indéchiffrable. Son corps transmet toute son hésitation mais elle acquiesce, presque imperceptiblement.

— D'accord..Mais... je ne peux pas promettre que je vais être d'une grande aide.

Sa voix tremble, et je ressens un pincement au cœur. Alice, autrefois si forte, si intrépide, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Mais nous pouvons pas nous permettre de la ménager.

Pas maintenant.

— On ne te demande pas de miracles, je précise posément. Juste de faire de ton mieux.

Elle baisse les yeux, esquisse un faible sourire, puis retourne à son ordinateur.

Une fois le début de notre plan d'action peaufinée, je m'éclipse discrètement en récupérant mon téléphone sur le buffet près de la porte et monte à l'étage. Ma chambre est mon cocon au milieu de ce foutoir. Les rideaux flottent légèrement devant une fenêtre entrouverte, laissant entrer une brise chaude et salée. Je referme la porte derrière moi et compose un numéro que je n'ai pas appelé depuis des semaines.

Le téléphone sonne. Une fois. Deux fois. Trois. Puis la voix familière de mon père résonne.

— Aurora ? Quelle surprise, dit-il, visiblement content de m'entendre. Tout va bien ?