Chapitre 5: Le second client

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Rrrrrrr...... stupide réveil ! Je me lève au son de cet instrument de torture qui ne fait que sonner. Je tente de le débrancher, sans succès, le soleil frappe sur mes yeux, c'est étrange en temps normal la fenêtre me protège avec ses volets, bien que sérieusement abimés par le temps. Je sens soudain une poigne de fer me forcer à me lever, j'ouvre les yeux pour être projeté en chute libre d'un immeuble... un immeuble ?! Mais alors pourquoi j'ai entendu le bruit d'un rév-

BOUM !

Les vitres de l'immeuble explosent, je sens certain petit bout de verre se loger dans mes ailes blanches lorsque je vois le haut de l'immeuble s'effondrer, je ne sais qui m'a tiré pour me jeter dans le vide mais cette personne m'a sauvé la vie. En revanche, je me suis fait réveiller par une alerte bombe, c'est moins agréable qu'un réveil. Enfin, j'ai dû m'endormir là-haut par accident. Vive les conditions de travail déplorables ! J'ai dû avoir la flemme de retourner à ma cachette qui se trouve être un vieux studio de reporter abandonné où se trouve mon "patron", un ange noir. On a décidé de faire des reportages ensemble pour prouver au monde entier que les anges noirs et blancs peuvent coexister. Bref, je réfléchis, je réfléchis et je ne me présente même pas, Orland Jacob Oroka, pour vous servir. Je suis reporter tout terrain.

Mon pouvoir ? Celui que j'utilise actuellement, une vue perçante à des kilomètres qui me permet de voir un homme qui va se faire tuer par le toit de cet immeuble qui chute. Avant que quiconque puisse faire quoi que ce soit, je pars en piqué vers le sol pour pousser l'homme en frôlant au passage l'ancien toit de l'immeuble puis je m'envole de nouveau. L'homme sera probablement blessé mais pas mort. C'est déjà ça de gagner. Je remet en place mes lunettes qui commence à tomber. Je regarde un peu ma tenue de travail après m'être posé sur le toit d'un pavillon. Une blouse blanche sali par du sang qui coule de mes ailes. Les bouts de verre se sont bien enfoncés entre mes plumes si bien que certaines d'entre elles se décrochent violamment lorsque je tire sur le plus gros morceau de verre. Je me retiens de crier en continuant d'enlever les autres bouts, heureusement que les ailes grandissent en même temps que le corps. Je peux les passer devant moi pour les enlever. Aïe !

Je vois une sorte d'étincelle qui apparaît devant moi, oh non... pas lui.

-"Hey Orland ! Où en est ton souhait cher client ?

- Je t'ai demandé de pouvoir obtenir de l'amour ! Stupide démon !

- Ooooooh~ pauvre petite chose ! Tu m'as demandé de l'amour lorsque ta copine t'as jeté à la rue et que tes parents aussi~

- Je t'ai serré la main et je regrette !

- Hilarant~ Allons, regarde autour de toi ! N'importe qui pourrait t'aimer ! Tu sais ce qui bloque dans le processus de mon sort ?~ Je t'ai rendu immortel et j'ai rendu ton âme sœur immortelle tu as juste à la trouver~ Par contre, je ne la connais pas moi-même donc pas Lotus...

- C'est qui Lotus ?

- Personne. Pas tes affaires ! Bref, je te signale qu'on a un accord, tu trouves ton âme sœur et tu fais régner la paix !

- Je sais. Tu crois que c'est facile ? Je suis épuisé de chercher Cardi !

- Je vois, dommage que tu n'es pas de famille pour te présenter des gens~"

Argh..... il vient de me faire un coup bas. Je me souviens malheureusement comme si c'était hier de mon enfance en orphelinat. J'avais à peine deux ans lorsque j'y étais arrivé et onze ans lorsque j'ai compris la triste vérité.

Comme à mon habitude, je joue à cache-cache avec les autres pensionnaires. J'avais décidé de me cacher aux étages supérieurs pour une fois, afin de ne pas être trouvé en premier. Je suis allé dans le couloir de la directrice. À l'époque, mes problèmes de vue n'avaient pas encore été détectés.

Peut-être....

Je me cache derrière un pot de fleur, les couloirs en sont rempli, ces fleurs mauves et rouges sang magnifiques qui font la beauté de ce lieu vide, froid et sordide.

La......

J'entends les autres me chercher, ils n'oseront jamais monter ici, bien trop effrayés par la directrice pour ça. Soudain, j'entends la directrice parler.

-"Je ne sais. Vous savez, cet enfant est assez peu intéressant pour les familles d'accueil ! Vous êtes les seuls à vouloir l'accueillir un minimum, je vous en prie !"

Prochaine....

Une famille d'accueil parle en face, de qui peuvent-ils parler ? Je ne sais pas encore que cette discussion risque d'influencer sérieusement ma vie. En face, la famille répond donc.

-"On ne sait pas madame, ce garçon est étrange, on dirait toujours qu'il vous fixe de travers ! Un vrai sociopathe ! Il aime voir ses camarades souffrir ! Nous l'avons vu durant la dernière visite ! Cette petite fille est tombée et il a rit ! Nous sommes désolés mais nous ne voulons pas de lui !

- Il a déjà onze ans !"

Premier ratement de mon cœur. Je sais que c'est mal d'écouter au porte mais cette conversation commence à m'inquiéter et me fasciner en même temps, j'ai rit lorsque ma camarade est tombé, étrangement, voir les autres en larmes m'a toujours procuré un bien fou, peut-être car lorsque cela arrive, je sens ne plus être le seul à souffrir ? Ou parce que mes parents sont partis alors que j'étais jeune ? Ou que personne ne veut de moi ? Bonne question...

Fois.

L'entretien se termine sur la famille d'accueil qui part malgré les implorations de la directrice, la dernière réplique de la famille me glace le sang comme un coup de poing dans le dos. Comment je sais que ça fait le même effet ? Car quand j'ai eu quinze ans, mes ailes sont apparu. Et même si les adultes sont vraiment gentils, même si les enfants respectent les règles, j'ai découvert que les caractères ne changeraient jamais, puisque je me suis fait harceler à cause de ma différence. Enfin, cependant, je sus lors de mes onzes ans ce jour-là que nul ne voudrait jamais me donner l'affection que je désirai tant.

Longtemps, les couples m'écœurent, les familles heureuses et les amitiés éternelles me provoquaient des nausées. Le démon me tire de mes pensées.

-"Orland !!! Tu m'écoutes ?

- J'ai plus envie de t'écouter !"

Je pars en volant, pourquoi fallait il que j'ai ces foutues ailes ? Je finis par arriver à l'océan, ma cachette se trouve en France, je suis en Amérique actuellement. Je n'ai pas envie d'attendre le prochain téléporteur pour rejoindre le continent européen. Je décole au-dessus de l'océan. Je vole des heures durant pour au final passer ma main dans l'eau. J'en saisis un peu pour m'en passer sur le visage afin de me réveiller, hors, le démon me poursuit, ce qu'il peut être collant quand il veut. J'accélère mais me stoppe bien vite en me sentent etranglé, je baisse les yeux pour voir mon micro enroulé autour de mon cou. Je l'enlève et le range dans mon sac à dos, une trace rouge reste sur mon cou mais je m'en moque. Je continue ensuite ma course, sans doute le démon l'a mis là pour m'embêter. Rrrrr...

Une fois arrivé en Europe, je m'effondtre pour plonger dans un sommeil de deux, quatre, six, huit heures. Neuf heures plus tard, je me réveille exténué au cœur de la nuit. La lune éclaire faiblement mes ailes alors que je fonce à travers le Portugal puis l'Espagne, enfin en France, je me pose puis marche. Il est trois heures de l'après-midi lorsque je passe devant un vieux TV Store. Je regarde un instant l'un des écrans allumés pour voir un reportage parlant de la disparition mystérieuse d'une enfant nommée Arabesque, la police la rechercherai activement selon les médias. Ce n'est pas mon problème et je suis trop éreinté pour partir à sa recherche maintenant. Peut-être demain.

Je parcoure un long champ et quelques autres avant d'arriver à mon vieux studio, je ne dis pas bonjour à mon collègue puisqu'il n'est pas là, je mange quelque reste avant d'aller dormir, épuisé.

La Société Miroir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant