Chapitre 19: Calme Mortel

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Le froid mordait ses membres tel un serpent affamée, vorace, non rassasié et en demandant toujours plus. Le jeune homme ne savait depuis combien de temps il était ainsi. Le no man's land. Un endroit reclu des deux camps. D'abord, il avait ramé avec ses compatriotes sur un fleuve dont l'eau aurait suffi à quiconque serait assez fou pour s'y jetter. Dans le fond, se jetter à l'eau ou se faire tirer dessus par un canon qui coulerait votre embarquation à coup sûr si son projectile vous touchez, quelle différence ? Le jeune homme n'avait pas déserté. Pourquoi ? Peut-être estimait il ne plus mériter la vie au point de ne pas se tuer lui-même. Préfèrant mourir avec d'autres.

Au milieu de tas de cadavres, il était la. Drôle de no man s Land à vrai dire. Cette bataille était l'une des rares n'en ayant pas. Étrange pour un conflit de la seconde guerre mondiale non ? Un instant, le jeune homme se questionna, était il mort ? Était ce enfin le monde parfait qu'il s'était imaginé ? Ses espoirs se briserent tel un miroir lorsque les coups de feu le ramènerent violamment à la réalité. Il était en vie. Au milieu d'un tas de cadavre il était en vie. Il rassembla toute sa volonté- Dieu seul savait combien il en possedait - pour qu'enfin, ses paupières au cil en train de geler ne s'ouvre sur ses yeux violets.

Lotus était de retour.

Après avoir été attrapé comme traître de sa patrie aux frontières suisse où il jouait les passeurs pour les polonais juifs, les Allemands avaient longtemps hésité, tandis qu'il le torturait dans une baignoire alors qu'ils électrisaient l'eau. Ils trouvaient cela dommage de perdre de la main d'œuvre quand les soldats venaient à manquer dans leurs vénérables troupes aryennes. Aussi, s'étaient ils décidé à envoyer le jeune homme en première ligne de front dans la bataille la plus sanglante, dévastatrice et importante de la guerre. Évidemment, l'objectif était qu'il se fasse tuer. Au vu des corps de ses camarades, cela relevait du miracle qu'il s'en soit sorti indemme.

Lotus se releva en entendant des ordres au loin lorsqu'une décharge parcouru le long de son corp, identique à celle d'un poison prenant effet. Il baissa les yeux pour observer sa jambe saignante puis soupira avant de se baisser près d'un soviétique mort à ses pieds. Sans un mot, il arracha un bout de l'habit de son ancien combattant puis murmura une prière, souhaitant la paix éternelle à toute les pauvres âmes jetées en chair à canon à la guerre. Il enroula comme il put le bout rouge de l'habit du mort autour de sa blessure. Bien sûr, certains auront certainement dans l'idée de désingecté la plaie avec de la neige. Pas Lotus. En ce temps là, la médecine n'était pas autant avancé qu'aujourd'hui, une infection quelconque pouvait mener à la mort en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Le jeune soldat marcha, essayant tant bien que mal d'être furtif malgré la douleur le harcelant. Quelque part, il fut reconnaissant à cette blessure tandis que ses souvenirs revenaient. Si on ne lui avait pas tiré - sans doute par manque de précision dans le genou - il ne serait pas effondré, ainsi, il aurait fini comme les cadavre parsemant l'endroit où il s'était réveillé. Il piqua une arme, ressource rare et limitée durant cette bataille, puis chercha dans celle des autres morts un maximum de cartouches. C'était soit lui, soit les autres. Il n'avait pas choisi d'être là. Pourtant il y était. Autant faire avec et rejoindre les soviétiques. Mine de rien, bien que Lotus ne soit pas le meilleur pour le montrer, il avait bon font et l'idée de tout ses enfants morts ou dont la vie débutait dans la famine et la haine de la guerre le mettait en rogne.

Il marcha un petit moment dans les rues délabrés. Au loin, le son des combats lui indiquait être sûr la bonne voie. Les fenêtres des bâtiments étaient toutes placardés de planche de bois, de fer..... certainement des habitants régugiés, bloqués chez eux jusqu'à la fin de la bataille. Lotus ne s'y attarda pas, sachant pertinemment que son pire ennemi actuel n'était ni la faim lui tenaillant le ventre, ni la soif qui rendait sa gorge sèche, encore moins les autres soldats qui devaient se trouver à quelques mètres. Non, le vrai ennemi était le froid. Manquant cruellement d'équipements, les uniformes ne faisaient pas exception à la règle, ils étaient faits pour des climat tempérés pas moins zéro degrés. Lotus souffla, expirant sa douleur tel un animal blessé. Son souffle devient buée pour disparaître dans l'air glacial.

Lorsqu'il fixait le sol, il voyait partout des cadavres. Lorsqu'il fixait le ciel, il se sentait perdu, isolé, mort de l'intérieur. Ironique sachant que ses états d'âme allait finir par devenir réel à ce rythme. Au loin, les deux camps faisaient leurs propagandes, encourageant les soldats à quitter leurs camps pour rejoindre le camp adverse, en réalité ceux qui essayaient se faisaient fusiller par les deux camps. Les gens faisant de la propagande devaient savoir comment leur boulot fonctionnaient étant donné qu'ils lisaient des lettres des familles des soldats dans le seul but de les motiver. Quelle motivation ! Elle donnait juste envie à Lotus de rentrer chez lui. En France, chez son père. Même si ce dernier était six pieds sous terre grâce au typhus. Brr....ce nom donnait encore des frissons à Lotus. À moins que ce ne soit le froid ambiant ? Qui sait.

Personnellement, je ne m'intéressais qu'à la guerre des humains car en enfer, c'est devenu un véritable business de regarder les humains et de faire des paris. Lotus de son côté, continua sa marche, ignorant les pas dans son dos alors qu'il secouait la tête. Le bruit des tirs au loin commençait à lui faire douloureusement mal à la tête. Il voulait juste du silence. Dormir. Il ne devait pas fermer les yeux !!! Il tenta en vain de les garder ouvert. Baissant les yeux, il vit le symbole  sur son habit. Quitte à mourir ici, il ne voulait pas mourir avec ça sur lui !!!

Furieux, il prit la croix ga***** de son uniforme pour la jeter au sol. Il aurait au moins cette victoire. Ce fut sans doute ce qui décida son poursuivant à l'aider lorsque le jeune soldat s'effondra au sol. Les pas approcherent du corps tiede du jeune soldat et c'est en cet instant que les choses prirent une tournoure tout autre à Stalingrad, en fin de janvier 1943.

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