Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)

Chapitre 31

La séparation a été difficile avec Camélia. Je ne pouvais pas lui promettre de revenir la voir. Elle a beaucoup pleuré. Je ne pensais pas m'attacher à quelqu'un aussi vite. Nous sautons dans le labyrinthe. Nous atterrissons dans un monde, similaire aux nôtres, un ciel ensoleillé. Des montagnes, de la verdure.

Mais je ne me sens pas comme d'habitude. Je suis ailleurs, j'ai l'impression d'être en lévitation.
Caleb a remarqué mon changement.

— Tu ressens quelque chose?
— Oui.
— On se rapproche du royaume perdu.

Nous nous mettons en marche pour trouver le miroir. Il m'annonce que nous sommes dans un royaume assez similaire au nôtre, mais il n'y a plus d'enfant. Depuis quelques années, le taux de naissance ne cesse de chuter. Leur royaume est en danger. Nous avançons assez rapidement. Envie de finir cette mission, pour sauver les royaumes les plus affaiblis.

Après quelques heures de marche, j'aperçois la ville. A première vue, une architecture similaire à la Terre. Je me sens plus à l'aise, plus en confiance. Une voiture s'arrête, il accepte de nous déposer au centre-ville.

Ce que je vois me glace le sang, il n'y a quasiment que des personnes âgées. On peut compter les gens de notre âge sur les doigts de la main. Aucun bruit, de rires et de cris d'enfants.

— Tu comprends?
— Oui je vois, très bien.
— On pourra les sauver, quand on inversera le processus.

Caleb me dit de le suivre, vers un bâtiment qui ressemble à une mairie.  Le pouvoir est concentré dans cette structure.
L'endroit est tenu par des hommes et des femmes d'un certain âge. S'ils avaient le choix, ils profiteraient de leurs vieux jours.

Le dirigeant nous reçoit dans son bureau.

— Votre altesse, ravie de vous avoir parmi nous.
— Plaisir partagé. Ça ne va pas mieux depuis ma dernière visite.
— On a eu quelques naissances il y a deux ans. Mais la plupart sont morts de manière inexpliquée. Sur les vingts naissances, seulement 3 ont survécu.

Vingt naissances, un chiffre tellement bas et 3 pauvres bébés ont survécu. Je suis décontenancée.

— J'aimerais utiliser votre passage pour continuer ma quête.
— Vous n'avez pas à me demander quoi que ce soit. Vous êtes chez vous.
— Merci.
— Je vous fais préparer vos quartiers.

Nous sortons de cet entretien, perturbés.
Je ne comprenais pas le but de ma mission. Mais plus nous voyageons, plus j'en comprends le sens.
Et si je n'étais pas revenue? J'aurais condamné ces pauvres gens. Tout un monde, car je faisais une crise identitaire. Je me sens ridicule.

Je continue de regarder ces rues presque désertes.  On nous escorte jusqu'à nos logements.
Caleb doit aller voir quelqu'un, il  me laisse me reposer. Je décide de faire une sieste, un peu chamboulée par les enjeux de ma mission.

Quand je me réveille, Caleb n'est toujours pas revenu.  Je me prépare, avant son arrivée. Nous devons rencontrer des habitants, qui souhaitent adresser des doléances pour le congrès.

Il finit par revenir. Il a l'air troublé, me regarde à peine.  Je laisse couler, quand il voudra en parler, il saura où me trouver. Nous faisons le tour de plusieurs structures pour personnes âgées, des maisons de retraites. Nous arrivons à notre dernière destination, une association pour personnes âgées.

Je passe devant Caleb. Une jeune femme, de notre âge, nous accueille. Mais quelque chose cloche.
Les regards de Caleb et de cette jeune fille ne trompent pas. Il y a quelque chose entre eux.
Il est distant, ne me regarde à peine. Je ne le reconnais plus. J'essaye de faire abstraction de son comportement, et rencontre les membres de cette association. Je passe de table en table discuter, pendant que Caleb roucoule avec sa dulcinée. Ses yeux se tournent sur moi, il me doit des explications.