Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)

Chapitre 38

Elle me dit de la suivre à l'intérieur.

— Est-ce qu' il a refait une quête?
— Oui.

Elle me tend un collier. Elle m'explique que ce collier ouvre les portes des dimensions. Le mien a été détruit dans le puits de lumière.

Elle me dit dans quel musée trouver  un passage et je cours aussi vite que je peux.
Le musée est plein, je me faufile entre la foule. Un fantôme me dit de le suivre, il m'emmène dans une salle  annexe au musée. La pièce est sombre, mon collier s'allume, le miroir est là. Je saute.
Mes fesses atterrissent sur une plaine, je reconnais cette plaine. C'est celle de mon âme-sœur.  Je cours comme je n'ai jamais couru, je fais du stop sur le sentier. La charrette m'arrête au Palais. Andoria me voit, elle me saute dans les bras.

— Tu es revenue? Les larmes coulent.

Son ventre est arrondi. Je suis si contente pour elle. Mais j'ai un pincement au cœur, j'ai peur que Caleb m'ai remplacé. Elle me dit qu'il est en congrès. Elle m'accompagne voir son oncle, qui est surpris et gêné de me revoir. Ça ne présage rien de bon. Il accepte à contrecœur, de m'ouvrir le passage pour le congrès. Andoria me porte des tenues.

Je prépare mon sac, prête à me jeter dans l'inconnu. J'entre dans la chambre de Caleb, ses placards sont pleins de vêtements de femme. Il m'a oublié, je ne sais pas si je dois le retrouver. Mais si je ne le vois pas de mes propres yeux, je n'avancerai  jamais, je resterai dans le doute.

Son oncle m'accompagne jusqu'au miroir. J'inspire, expire et me jette dans ce tunnel que j'ai tant parcouru.

J'atterris dans une ville, similaire à mon monde.
C'est une grande ville. Je demande mon chemin à ces habitants, qui sont très aigris, je n'aime pas cet endroit.  J'ai fini par trouver le congrès. Je réussis à m'y infiltrer en passant par la porte de service. J'essaye de trouver des toilettes pour me changer, je me maquille , me coiffe. Je dois passer inaperçue pour ne pas qu'on me jette dehors.
Je me rapproche de la réception, tous les dirigeants des royaumes sont là.

J'essaye de le chercher, mais il y a trop de monde.
Je passe de groupe en groupe, je commence à désespérer , quand je le vois . Mon cœur rate un battement. Il discute avec son beau-père, et la girafe arrogante le tient comme une sangsue.
J'ai l'impression de vivre ce moment au ralenti.
Je sens mon coeur exploser en miettes, ma respiration se coupe. Il rit et ses yeux survolent la foule, il les pose sur moi, son sourire s'efface.
Et je comprends que j'ai plusieurs trains de retard. Je me dirige vers la sortie, pour fuir, tirer un trait sur cette histoire.

Je sors de ce congrès, je m'effondre. J'ai tellement mal, la douleur me comprime le cœur. J'ai l'impression de suffoquer.

— Juliette.
Il est là. Je ne veux pas me retourner, je dois m'en aller.

— Je ne peux plus lire dans tes pensées.
— Alexander.
— Trois ans...
— Sur Terre, ça ne fait que six mois.
— Regarde-moi Adela.
— Non, je ne peux pas.
Il se place devant moi et me relève la tête.

— Suis-moi, on va dans un endroit plus calme.
— Il n' y a rien à dire.
— Allez, ne fais pas la tête de mule.
— Bien.

Une voiture nous dépose devant une tour, je le suis sans un mot. Il nous fait entrer dans son logement. On s'assoit l'un en face de l'autre.

— Tu as remis cette couleur immonde?
Il sourit.

— Pourtant tu avais dit que ça te manquait.
— J'avais parlé trop vite.
— Comment s'est passé ton retour?
— J'ai apporté quelques changements, mais sinon ma vie était comme je l'ai quitté. Et toi?
— J'ai repris mes fonctions, j'ai refait une quête. — Elle a été  aussi chaotique que la mienne?
— Je t'ai déjà dit que personne ne t'arrive à la cheville.

— Je t'ai attendu deux ans. J'étais sûr que tu reviendrais! Parce que je pensais que tu m'aimais. Et les mois ont commencé à défiler et ma conviction s'est éteinte.
— Caleb, je ne suis partie que depuis six mois. J'ai souffert, chaque seconde, chaque minute loin de toi.
— Je suis désolé que tu aies souffert.
— Je devrais faire le chemin du retour.

Je me lève pour quitter cette pièce, essayer de me reconstruire.

— Tu comptes aller où comme ça?
— Je rentre sur Terre.
— Pourquoi?
— Parce que tu as construit ta vie avec une autre.
— Qui ?
— Girafe arrogante.
Il sourit.

— Je t'ai déjà dit, je n'ai qu'une femme et elle est devant moi.
Je relève la tête.

— Tu as dit quoi?
— Caleb Alexander n'a que pour seule épouse Adela Juliette
— J'ai du mal à saisir.
— J'ai juste accepté que tu ne reviendrais pas, mais je n'ai pas dit que j'avais cessé de t'aimer. J'ai compté chaque seconde, chaque minute qui me séparait de toi.

— La quête de l'an dernier a été une torture. Je te voyais dans chaque recoin où tu as posé tes pieds.
J'ai réussi à te faire taire Cosette.

Je hoche la tête.

— Viens là.

Je m'approche de lui, il me prend dans ses bras, il hume mon odeur.

— Mon oncle te déteste, pendant six mois, je ne quittais plus ma chambre.

Quelqu'un nous interrompt, c'est la voyante, chef des guides.

— Caleb.
— Maria, que me vaut ta visite.
— Je suis venue pour faire ce que tu aurais dû faire.

Je regarde, hébétée la voyante.

— Je ne comprends pas ce qui se passe.
— Adela vois-tu, tu as échoué. Tu t'es évanouie avant de commencer la quête.
— Comment ça avant de commencer la quête?
— La quête ne se finit pas comme ça.
— Elle doit se finir comment ? Je ne comprends plus rien. Caleb, tu m'as dit que j'avais fini!

— Oui, c'est vrai. Je suis désolé. Tu voulais tellement revoir tes proches. Je n'ai pas eu le courage de te le dire.
— Tu te moques de moi? J'ai dû détruire des vies! Et tu n'as pas eu le courage?

Il baisse les yeux, il se tait. Je me tourne vers la voyante.

— Je fais quoi maintenant?
— Tu vas repartir! Tu vas devoir guider la Adela du passé, pour qu'elle réussisse.
— Attendez, je n'ai pas tout saisi.
— Nous allons t'envoyer dans une dimension où Adela n'a pas commencé la quête.
— Je vais débouler dans sa vie, coucou je suis ton sosie du futur.
— Tu feras ce qu'il faut. Je n'en doute pas.
— Je pars quand?
— Maintenant.

Je rejoins la salle du miroir et je saute.

...