12 - Labyrinthe des envies

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Nous avons tous une petite voix dans la tête. Celle qui s'immisce, faisant plus de bruits que nos propres souvenirs. Celle qui murmure, nous plongeant dans les méandres du mal.

La mienne se balade sans ce soucier de rien, comme une gamine enjouée, sans savoir qu'à chaque nouveau pas dans mon jardin secret, elle sème les mauvaises herbes. Sans savoir qu'elle fout le feu et incendie tout ce qui est beau en moi.

J'aurais aimée rejeter la faute sur cette voix, la tenir responsable de toutes mes erreurs. J'aurais aimée m'en servir d'excuse pour mon égarement, pour justifier mes fautes. Cela m'allait si on me prenait pour une femme instable. Pour une femme qui a une maladie mentale.

Sauf que je ne l'étais pas.

L'existence humaine est une mosaïque d'imperfections, et mes actes n'étaient ni le résultat d'une maladie ni d'un problème mental.

Après un énième cauchemar noyé parmi tant d'autres, je me réveilla, les yeux encore chargés de fatigue. Lassée et épuisée, je me suis extirpée de mon lit, les membres lourds, et je me suis dirigée vers la cuisine dans un silence oppressant.

Préparant mon café, mes gestes étaient empreints d'une étrange mélancolie. Alors que mes pensées s'égaraient, mon regard croisa celui de Chifuyu, et je remarquai qu'il me fixait, indécis.

Cela faisait plusieurs semaines depuis ce jour dans ce restaurant. Depuis lors, j'avais pris mes distances avec Chifuyu, ressentant une étrange gêne en sa présence, une aversion dont j'ignorais l'origine. Avec lui, je me sentais étrangère à moi-même.

Pourquoi ?

Chifuyu osa briser le silence, l'air incertain.

— Est-ce que vous allez bien ?

Je restai silencieuse, plongée dans mes pensées tourmentées, cherchant une réponse qui me semblait impossible à trouver.

Comment pouvais-je savoir si j'allais bien ?

J'avais quittée mon monde d'avant, laissant derrière moi les ruines de mon ancienne vie. Alors pourquoi, malgré tout, j'ignore si j'allais bien ?

Le silence s'étirait comme un étau autour de nos âmes. Il fallait que je lui réponde. Mais qu'elle réponse pourrais-je lui donner ?

— Je ne sais pas... finissais-je par lui dire.

Je me sentais déracinée, comme si chaque pas que je faisais me rapprochait d'un abîme insondable. Je m'étais éloignée de tout ce qui étais mauvais pour moi, et pourtant, je ne parvenais toujours pas à trouver la paix. J'avais fui, mais mes démons me suivaient, indéfectibles compagnons de ma détresse.

Peut-être est-ce à cause de mes cauchemars incessants que je perd l'envie de me battre. Cette rage en moi c'était estompée, me rendant complètement vide.

Ai-je envie de continuer à vivre ?

Non.

Mais je vie pour Ornella, pour Chifuyu. Je continue à sourire dans l'espoir qu'à un moment donné cela ne sera pas un mensonge. Je continue à me lever chaque matin avec l'envie qu'un jour meilleur se présente.

Sauf que l'espoir disparaissait au fil du temps.

Marchant lourdement vers le canapé, ma tasse de café chaude entre les mains, je sentais le regard de Chifuyu encore sur moi. Je levai les yeux vers lui dans l'attente à ce qu'il prenne la parole, ce qu'il fit quelques instants après.

— On pourrait sortir faire quelque chose.

Sa voix était empreinte d'hésitation.

— Aller au cinéma, faire du shopping, ou simplement boire un café à l'extérieur.

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